Algérie

Histoire



L’émir Abdelkader a-t-il influencé l’avènement de la Convention de Genève? Conclusions 6ème partie et fin Par Zeddour Mohamed Senni  Tout d’abord, il me semble opportun de rappeler que pendant la guerre d’occupation, les nations européennes, avec l’accord de la France, envoyaient régulièrement des observateurs et autres spécialistes militaires faire des analyses sur tout ce qui concernait ces nouvelles contrées. A ce titre, la Suisse délégua un capitaine dont le séjour coincida avec la cérémonie de signature du Traité de la Tafna en 1837 par l’Emir et le Maréchal Bugeaud. De retour chez lui, il publie un rapport dans lequel, avec une précision et une objectivité gênantes pour certains, il relate fidèlement les péripéties de son séjour. La place qu’il réserve à l’Emir est saisissante. Elle rappelle cette fameuse phrase de l’un de ses plus irréductibles ennemis: «On ne peut pas approcher cet homme sans l’aimer». A cette époque déjà (en 1837), l’Emir jouissait d’une excellente réputation en Europe. Cet aspect pouvait-il échapper à Henri Dunant alors qu’il s’apprêtait à aller s’installer en Algérie? Arrivé dans notre pays, il côtoie les «Indigènes» qui lui racontent probablement beaucoup de choses sur les années noires qu’ils avaient connues avec les Français: l’Emir devait être l’axe autour duquel ces discussions tournaient. Dunant devait lui-même être témoin de ce terrible train de mesures pris contre les Algériens à cette époque-là. Son penchant pour les Arabes ne l’a-t-il pas pénalisé au point où il décide de recourir à Napoléon III pour régler son problème d’autorisation d’utilisation de la chute d’eau qu’il a dû poser à tous les décideurs français en Algérie? Il est quasiment certain qu’en retournant à Genève et compte tenu de sa haute formation, de l’étroite relation qu’il avait avec ses semblables et de son humanisme imbu de l’impératif religieux, il emportait avec lui, aussi bien dans son esprit que dans son cœur, une image très fine sur ce qui s’est passé en Algérie et sur ce qu’était l’Emir, cet homme qui a acculé la France à trahir deux traités (faut-il rappeler que le deuxième a même été falsifié par Bugeaud lui-même?) et renier sa parole comme nous l’avons dit plus haut. De plus les événements de Damas et du Mont Liban de 1860 -intervenus quelque quatre années avant la signature de la Convention de Genève- et le comportement unique, désintéressé et profondément humain de l’Emir qui a soulevé l’admiration des plus grandes nations et dont le sens profond n’a été perçu à sa juste mesure que par Chamyl (1797-1871), héros de la guerre du Daghestan (1834-1859) du fond de sa cellule, tous ses aspects ajoutés à tant d’autres pouvaient-ils passer inaperçus en Suisse? Tout au contraire. Dunant, dont l’œuvre émane d’une volonté strictement personnelle ne pouvait être mieux inspiré pour renforcer ses convictions dans l’optique qu’il s’était assignée. Lui et l’Emir se sont élevés contre «la seule vraie invention de l’homme: la douleur». Nous demeurons convaincus qu’avec un peu de patience et un zeste de volonté d’acier, il sera possible de répondre définitivement à la question.


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