La santé à Sidi Bel-Abbès sous l’occupation française (1ère partie)
La pratique médicale en Algérie est très ancienne et plusieurs écrits témoignent de cette activité bien avant la colonisation française. Cependant, après l’occupation de l’Algérie par la France coloniale en 1830, cette légendaire médecine arabe n’était plus qu’un souvenir.
Dans la région de Sidi Bel-Abbès, un médecin militaire du nom de Dziewonsky note: «la science médicale arabe connaissait autrefois ces relations (de la cause de la maladie et de l’effet), mais aujourd’hui leurs moyens de médication sont très peu nombreux et surtout jamais raisonnés; quelques-uns leur ont été transmis par leurs pères, les Arabes s’en servent sans s’en rendre compte, d’autres ne sont à proprement parler que des moyens naturels que leur a fournis leur instinct plutôt que leur raisonnement»
Dans les premières années de l’occupation française dans la région de Sidi Bel-Abbès, certains théoriciens de la colonisation pensent que la médecine européenne peut être un moyen de domination politique. «Il serait juste de s’occuper des Arabes qui paient les principaux impôts de la colonie, humain de ne pas abandonner à ses habitudes de superstition et d’ignorance un peuple qui compte aujourd’hui parmi les sujets de la France à plus d’un titre, de même que les étrangers qui forment une grande partie de la population européenne de l’Algérie. Il serait politique de ne point négliger le moyen que nous offre la médecine d’étendre notre influence et de préparer cette fusion qui n’est point impossible» écrit le général Beaufre, commandant de la Division d’Oran. Mais les populations des tribus de la région «répugnaient à accepter cette médecine quand elle leur était proposée. «Il était impossible de faire entrer un Arabe dans une salle hospitalière. Tout l’en repoussait: l’air confiné, la nourriture (et ses incidences religieuses), le mobilier, le mélange avec les Chrétiens et leurs moqueries».
Pour attirer les Indigènes, le général Beaufre instruisit, probablement en 1850, le capitaine Wolf, médecin de la garnison de Sidi Bel-Abbès, de faire installer en dehors de la garnison une tente-infirmerie pour les habitants des tribus environnantes. L’initiative obtint quelques succès. «Assurés qu’ils étaient de se vêtir à leur façon, de ne manger que des viandes provenant d’animaux égorgés selon le mode prescrit et des aliments préparés à leur manière». Rassurés, les habitants vinrent plus nombreux. Certains, assurés d’être à l’abri des regards indiscrets, amenèrent même parfois leurs femmes et leurs enfants. L’expérience se poursuivit en 1853 avec le capitaine Lacretelle et le docteur Barberet qui organisèrent deux tentes-infirmeries, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes et les femmes. Le service de santé a été assuré par les médecins militaires, puis dans une deuxième étape par un organisme de colonisation, jusqu’à la constitution d’un corps médical.
Cet hôpital du Bureau arabe fonctionna jusqu’en 1858, puis commença à péricliter pour disparaître complètement lors de l’insurrection des Ouled Sidi Cheikh en 1864, lorsque la ville se barricada derrière ses murailles craignant les insurgés. L’infirmerie aura toutefois vacciné 108 enfants en trois mois en 1862. C’est ce qui les sauvera en grande partie lorsque surviendra l’épidémie de variole ... L’administration coloniale instaura par la suite une médecine à deux vitesses ; un service médical bien équipé, doté de médecins pour prendre en charge la population européenne et un service médical sous-équipé pour la masse considérable des indigènes.
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A suivre...
Par Hani Abdelkader
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Posté Le : 28/05/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com