Algérie

Histoire


La lutte entre les oulémas et les chefs de zaouïas entre 1934 et 1938 Avertissement: Le présent article n’a nullement la prétention de présenter une étude exhaustive sur les luttes qui ont opposé les oulémas réformistes aux chefs de zaouïas traditionalistes. Il s’agit d’une simple lecture d’un dossier, relatif aux oulémas et aux ordres religieux durant les années 1934 à 1938, conservé aux archives de la wilaya d’Oran. L’article est d’ailleurs constitué de longs emprunts à ces dossiers. Cette étude s’est limitée à classer les informations et à les compléter ou les «éclairer» par d’autres informations. La lutte entre les marabouts et les oulémas remontait d’ailleurs à l’origine du mouvement ouléma en Algérie. Les seconds s’étaient avérés, en effet, dangereux pour l’influence religieuse et politique des premiers sur les masses. Les privilèges des marabouts étaient menacés. Déjà en 1933, les marabouts, sentant le danger, avaient été à l’origine de la répression qui s’était abattue sur les oulémas.Les confréries religieuses, défenseurs de l’ordre colonial? Dans un document intitulé «Notes sur le congrès des confréries religieuses du 7 au 8 février 1937», les autorités coloniales expriment nettement leurs craintes tant à l’égard des oulémas que du projet Blum-Violette et propose de mobiliser les confréries religieuses dans la lutte contre les oulémas. L’auteur de ces notes fait d’abord un historique des confréries en général et de la Rahmania en particulier. Puis il parle des origines du mouvement des oulémas et de leur rôle en Algérie. Remontant jusqu’au premier congrès arabe du 24 décembre 1926, tenu à la Mecque, l’auteur parle de la volonté des oulémas d’inculquer aux masses algériennes «l’esprit nationaliste arabe.» Il évoque ensuite le projet Blum-Violette et condamne les débats politiques manifestes autour de ce projet. Il craint surtout les influences de ces débats sur les indigènes auxquels, d’après lui, «on fait entrevoir la possibilité d’une distribution des terres, irréalisable et éminemment dangereuse.» Pour pallier à cette situation dangereuse , l’administration a trouvé des oreilles complaisantes chez les chefs de confréries qui sont chargés alors de s’investir dans une action politique dans l’objectif de récupérer la masse indigène «que les oulémas et les communistes mènent à des impasses ou à des précipices. Il fallait frapper un grand coup, et au cœur de l’action» écrit-il: ce fut le congrès des confréries religieuses tenu les 7 et 8 février 1937. Il analyse alors la naissance, les buts et la volonté des chefs de zaouïas de s’organiser en association. Appréhendant, cependant, le danger d’une unité maraboutique nationale, il se console en concluant: «le tout est de savoir choisir les dirigeants du mouvement.» Le congrès des chefs de zaouïas: un anti-congrès musulman Tout fut mobilisé pour réussir «ce grand coup» que devait être le congrès des confréries et qui avait la prétention d’être, selon les autorités coloniales, un «anti-congrès musulman», et une réplique politique au congrès musulman. L’administration coloniale contribua ouvertement au succès de ce congrès des chefs de zaouïas: «les chemins de fer accordent des tarifs réduits aux voyageurs qui se rendraient à Alger pour assister à ce pèlerinage». L’administrateur de la commune mixte de Cassaigne signalait en février le départ d’un mokadem de la confrérie des Chadoulias, «le but serait d’assister à une fête religieuse des Rahmanias pour laquelle les Chemins de fer auraient accordé le demi-tarif et de manifester, à l’occasion d’un repas, des sentiments hostiles au projet de monsieur le ministre Violette sur le vote des indigènes» (Rapport en date du 7 février 1937).   A suivre ... Par Hani AbdelKader
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