Algérie

Hisoire de la region d'Ain Temouchent



Hisoire de la region d'Ain Temouchent
Préhistoire et Antiquité

Les traces d'une présence humaine aux environs de Ain Temouchent remonte à bien loin; Il y a cinquante milles (50 000) ans, tel que le prouve la découverte de "l'homme de Rio Salado" (actuellement El Malah) entre 1900 et 1910; Ce sont des restes humains remarquables appartenant au type dit de Mechta. Ceux ci vivaient il y a 15 000 ans dans les grottes du mont Sidi Kacem, un massif surplombant l'actuel village de Terga.
Longtemps après, de 1600 à 1200 ans avant J.C, des commerçants phéniciens et ensuite carthaginois transitaient et séjournaient sur le littoral temouchentois, spécialement dans la région de Beni Saf, en particulier sur l'île de Rachgoun (anciennement dénommée Cap d'Accra), où l'on retrouvera par ailleurs leurs traces et aussi à Sufat, village punico-berbére bâti sur les rives de l'Oued Senane, au niveau de l'actuelle cité des Jardins de Ain Temouchent.

Vers la fin du 1er siécle avant J.C, les romains arrivent à Sufat; Ils s'y installeront durablement et bâtiront des fortifications militaires pour se prémunir contre tout assaillant extérieur ;Le village sera renommé " Proesidim Surfative",et ne cessera de se développer pour devenir la grande cité romaine d'Albulae (qui veut dire ville blanche).

Albulae devient vite un véritable poumon dans le négoce qui prévalaient dans la région (céréales, huile....),mais son déclin accompagne celui de l'empire romain au milieu du Ve siécle.

Après les romains, les vandales envahissent la région puis les byzantins ; Un violent séisme secouera la région au VII e siècle occasionnant des incendies immenses; C'est la fin d'Albulae, la cité sera littéralement rasée de la surface de la terre, ce qui explique le peu de vestiges apparents.

Le site archéologique de Siga

Le nom de Siga attesté dés le IV éme siècle avant J.C est mentionné chez divers auteurs anciens comme Polybe, Pline l'ancien, Strabon, Pomponius Mela ...
La ville de Siga était située à deux kilomètres au sud de l'embouchure de l'Oued Tafna ,en face de l'île de Rachgoun.

Des fouilles archéologiques ont prouvé l'existence d'une installation punique, sinon phénicienne, sur l'îlot de Rachgoun, à compter du VII éme avant J.C. D'autre part, des fragments d'amphores puniques datant du V éme siècle ont été trouvé a Siga même. Cette ville offrait aussi un avantage non négligeable pour la navigation dans l'antiquité, celui de sa relative proximité de la péninsule ibérique; De nombreuses poteries ibériques ont étés retrouvées à la fois à Siga et à Rachgoun.

De comptoir carthaginois qu'elle était, Siga devient l'une des capitale de l'Afrique antique (vers la fin du III éme siècle avant J.C), celle du roi berbère Syphax, roi des masséssyliens, un royaume qui englobait les deux tiers de l'Algérie et une partie du Maroc jusqu'a la Moulouya: Tite-Live, célèbre historien romain, le décrivait comme étant "le roi le plus riche de cette terre d'Afrique".

Lors des guerres puniques, au cours desquelles l'Afrique a pris une part active, Massinissa, ennemi de Syphax et roi des Massyliens dont la capitale était Cirta (actuelle Constantine) s'allie à l'empereur romain Scipion tandis que Syphax se déclare l'allié de Carthage; ce fut un mauvais choix car il sera vaincu et fait prisonnier et Massinissa deviendra roi d'une partie du royaume de Siga.

Syphax avait fait construire, au dessus de la colline qui surplombait sa capitale, un mausolée qui porte aujourd'hui le nom de 'Kerkar el Arais' (il a été dégagé en 1977), mais il n'eu pas la chance d'y être enterré, puisqu'il mourut prisonnier, dans une petite localité, prés de Rome.

La ville tombera entre les mains des romains; l'histoire romaine de Siga est difficile à cerner car la ville à trop été bouleversée, ruinée ou brûlée au cours de ses siècles d'existence: On sait qu'un roi nommé Bocchus y a fait battre monnaie, mais la ville fut visiblement supplantée par Cirta. Il existait un port à l'embouchure de la Tafna ( nommé Portus Sigengis)qui remonte au moins au V e siécle avant J.C où est actuellement bâtie la localité de Rachgoun. Des bornes romaines (1 mille romain=1480m) retrouvées à Maghnia ( Wilaya de Tlemcen) attestent qu'une liaison routière existait à cette époque reliant Siga à Numerus Syrorum (actuellement Maghnia). Par ailleurs, les activités de la ville devaient être assez variée, l'agriculture devaient aller de pair avec le commerce.

Lorsque Romains puis Byzanthins eurent abandonné la terre d'Afrique, Siga en subit le contre-coup mais subsista amoindrie.

Sous la conquête Arabe elle fut renommée "Archgoul ou Harchgoun" ; Elle à été plusieurs fois saccagée et détruite, toujours reconstruite jusqu'en 1208 ou les mercenaires d'Ibn Ghaniya l'incendièrent .En 1517, il n'y a plus que de modestes habitations; Elle fut renommée Takembrit et resta un petit village. Aujourd'hui il n'y a plus qu'un terrain broussailleux.

Malgré ce prestigieux passé, Siga aura très peu intéressé les chercheurs mis à part des fouilles mineures en 1936 et les quelques pierres sépulcrales qui ont étés fortuitement découvertes en 1956.

Ce site, malgré son importance n'est toujours pas classé.

La conquête Arabe

Bien après les romains, les arabes conquièrent toute la région et fondent une agglomération arabo-berbére qui succédera à Albulae; Celle ci sera dénommée "Ksar Ibn Sinane" (Chateau d'Ibn Sinane); Plusieurs tribus arabes et berbères s'y succèdent dont les Beni Ameurs issus des Banou Hillals ; Ceux ci s'installent avec violence massacres et pillages vers le IXe siécle après J.C . Ce coin durement éprouvé pansera ses blessures et prendra le nom mi-arabe mi-berbère de "Ain Temouchent" ou littéralement " La source des chacals".
Au XV e et XVII e siècle, Ain Temouchent appartient toujours aux Beni Ameurs; Ils ont opposé une farouche résistance aux incursions turques et espagnoles.

La capitulation d'Alger en juillet 1830, provoque un peu partout à l'intérieur du pays des soulèvements; Les Beni Ameurs ont alors pour chef Si Mahieddine qui est le père de l'Emir Abdelkader"; Celui ci est reconnu comme chef par les tribus Hachems de l'Ouest de Mascara, les Oulhaça à l'est de Honaine et les Beni Ameurs de Ain Temouchent . Il ralliera justement Ain Temouchent où il jouissait d'un puissant soutien. Il y rassemblera quelques 12 000 hommes qui, du 03 au 08 Mai 1831, attaque sans succès la garnison d'Oran tenue par les français; C'est là le déclenchement d'une lutte de 17 ans ou l'Emir alternera victoire et revers.

Le 06 Juillet 1836, des accrochages ont eu lieu entre les troupes de l'Emir et les soldats français; Par mesure de représailles, le 10 Juillet 1836, le Général Bugeaud s'en prend à Ain Temouchent sans défense qu'il brûlera presque entièrement; Les Beni Ameurs répliquent en attaquant les environs de Ain Temouchent . C'est ce qui obligera, par ailleurs, l'occupation française à engager des pourparlers qui aboutiront le 30 Mai 1837 à la signature du "Traité de la Tafna".

Par delà ce Traité, les français conserveront Ain Temouchent et ses camps fortifiés, preuve s'il en fallait de l'importance stratégique et militaire de l'endroit .

Le Traité de la Tafna

Très tôt, lorsque l'Emir Abdelkader débuta sa lutte, c'est chez les Beni Ammeurs de Ain Temouchent qu'il trouva le plus grand appui.
C'est dans la région de Ain Temouchent que le général Bugeaud reconnaissait par le Traité de la Tafna, le 30 Mai 1837, la souveraineté de l'Emir Abdelkader sur une bonne partie de l'Algérie.

Au début du mois de Mai 1837, l'Emir envoya son émissaire Sidi Sekkal au quartier général français de la Tafna, porteur de certaines conditions; Bugeaud convaincu qu'il ne pouvait lancer des opérations offensives ainsi que de l'immense supériorité militaire de l'émir , fut d'accord sur toute la ligne. Sur quoi, le Traité devenu célèbre sous le nom de "Traité de la Tafna" fut rédigé et signé par les deux parties le 30 Mai 1887.Il comprend 15 articles et à été signé par le lieutenant-général Bugeaud et l'Emir Abdelkader.

Ce traité fut chaleureusement accueilli par le gouvernement français, mais le peuple français le regarda comme une humiliation car il permettait à l'Emir de posséder une grande partie de l'Algérie.

La Colonisation française et la Guerre de libération

Les premiers européens s'installent dés 1848 à Ain Temouchent. Le 23 Janvier 1850, le général de division Aimable Pelissier alors commandant de la province d'Oran, décide de l'établissement à Ain Temouchent "d'un centre de 300 feux (foyers)"; Au début de l'année 1851, la ville compte déjà une colonie de 420 européens .
En 1869, la localité accède au rang de commune. En 1887, la ville comptait 2492 européens,1737 algériens et 333 israélites; En 1926, ce décompte passe à 8915 européens pour 4994 algériens.

La culture de la terre et plus spécialement celle de la vigne est devenue la principale activité de la région (3744 Ha en 1930), preuve en est des nombreuses caves éparpillés dans la plupart des villages en particulier à El Malah et Hammam Bouhadjar.

En 1941, Ain Temouchent s'embellit au point de devenir l'une des cités les plus coquettes d'Algérie; Les commerçants et les négociants y foisonnent.

En 1955, Ain Temouchent est élevée officiellement au rang de sous préfecture du département d'Oran.

Dés le début de la guerre de libération, les meilleurs fils de Ain Temouchent rejoindront le maquis pour mettre fin à l'une des plus féroces et iniques oppression; Nous citerons les martyrs Amor Ahmed compagnon d'Ahmed Zabana qui périra guillotiné tout comme ce dernier, Berrahou Abdelkader dit Kada tombé au champ d'honneur, Maghni Sandid Fatma et bien d'autre.

Après l'indépendance, en 1962, Ain Temouchent devient une Daira (canton); ce n'est qu'en 1984 qu'elle accède au statut de Wilaya (préfecture).

Bibliographie


- Safi Moussa Boudjemâa
Ain Temouchent au fil du temps

- J. Lethielleux

Les sites romains en Oranie

- Mounir Bouchenaki

Cités antiques d'algérie

- Charles-Henry Churchill

La vie d'Abd El Kader


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