Algérie

Hier à Alger: Le message de Clinton


«Les Etats-Unis d'Amérique veulent participer au dialogue avec ces trois piliers pour observer et voir tous ces changements et tous ces progrès se produire».

C'est une des déclarations claires et précises que la secrétaire d'Etat américaine aux affaires étrangères a faites hier au niveau du siège de l'ambassade des Etats-Unis à Alger.

C'est à 16h15 qu'elle a fait son entrée à l'ambassade où l'attendait un grand nombre de journalistes mais aussi une dizaine de personnes qu'elle a présenté elle-même comme étant «les chefs de file de la société civile». Très jeunes dans leur grande majorité, ces «représentants de la société civile» semblent avoir été triés sur le volet et viennent d'horizons trés précis. Certains d'entre eux sont responsables de la mise en Å“uvre de programmes américains en Algérie comme celui initié dans le cadre du MEPI (Middle-Est partnariaship initiativ), ou du programme World Learning, ou alors du programme Strategy and manager d'Abu Dhabi. On retrouve aussi des responsables de sites Internet. Il y en avait deux en plus d'un étudiant qui en gérait un troisième. Les «chefs de file» comptaient aussi parmi eux deux avocates versées dit-on, dans le droit international et le droit des affaires, un enseignant universitaire et un directeur d'une école spécialisée.

Accompagnée entre autres de son assistant, Jeff Feltman, de son directeur de protocole Steve Simon et de l'ambassadeur américain à Alger, Henry Ensher, Hillary Clinton a fait son entrée dans une des salles de l'ambassade américaine, est allée directement serrer la main «aux chefs de file de la société civile», a pris des photos avec eux et s'est assise pour faire sa déclaration à la presse. Il est clair que les journalistes avaient été briffés avant son arrivée pour ne lui poser aucune question. Ce sont les agents de sécurité et du service d'ordre qui sont arrivés quelques jours avant elle directement de Washington pour préparer minutieusement son passage à Alger.

«Merci, a-t-elle dit à l'ambassadeur, pour m'avoir invitée à cette rencontre importante.» Elle s'adresse tout de suite à ses jeunes invités et leur lance «je suis très heureuse de rencontrer les chefs de file de la société civile et je suis très curieuse de vous entendre et vous écouter parler sur la création d'initiatives économiques, éducatives…».

«LE MESSAGE QUE JE VEUX PORTER EST TOUJOURS LE MEME»

Clinton fera savoir que «je suis à Alger pour des consultations avec les membres du gouvernement, les représentants du secteur privé que j'ai déjà rencontré tout à l'heure (hier à son arrivée ndlr) et pour dialoguer avec vous (les chefs de file de la société civile ndlr).» La secrétaire d'Etat américaine a indiqué que ses entretiens avec les représentants du secteur privé ont porté sur «le partenariat nord-africain et l'égalité des chances.» Elle rappelle qu'avant de venir à Alger, elle était en Tunisie et aujourd'hui, elle sera au Maroc. «Le message que je transmets est toujours le même,» a-t-elle souligné. «Le peuple maghrébin est aussi talentueux et travaille dur aussi comme tous les autres peuples dans le monde entier.» Elle pense ainsi que «ces peuples ont besoin et méritent aujourd'hui d'avoir l'opportunité de prendre des décisions eux-mêmes et des opportunités pour créer dont ils ont besoin.» Clinton a tenu à désigner les acteurs du changement en Algérie mais surtout les interlocuteurs que les Etats-Unis veulent avoir pour pouvoir suivre et juger le changement prescrit. «Je vois la société en ce 21ème siècle comme une société qui fonctionne en ressemblant à un tabouret à trois pieds,» a-t-elle commencé par dire à cet effet. «Je vois la société à travers trois piliers, le premier un gouvernement qui rend compte, qui est responsable et crée des opportunités pour la population, le deuxième pilier c'est un secteur privé brillant, dynamique et qui s'ouvre sur le monde pour créer des opportunités d'emplois pour la population, enfin le troisième pilier c'est la société civile qui travaille sans relâche pour créer les conditions de vie quotidienne aux citoyens.»

«LES ETATS-UNIS D'AMERIQUE VEULENT FAIRE PARTIE DE CE PROJET»

Tout un programme que la responsable américaine est venu dicter pour les 50 ans à venir. Elle affirmera ainsi qu'«il y a 50 ans, l'Algérie a eu son indépendance» et recommande que «pour les 50 ans à venir, l'Algérie doit occuper la place qui lui est réservée au sein des nations.» Elle veut a-t-elle souligné que «l'Algérie devienne une nation du progrès et de la paix sociale».

La secrétaire d'Etat américaine aux affaires étrangères a affirmé en conclusion que «les Etats-Unis d'Amérique veulent faire partie de ce projet.» Elle fait savoir alors que «les USA veulent participer au dialoguer au niveau de ces trois piliers, le gouvernement, le secteur privé et la société civile pour observer et voir tous ces changements et tous ces progrès se produire».

La feuille de route américaine est donc claire. Clinton l'a synthétisée en une ou deux phrases tout en prenant le soin de désigner les parties qui doivent la prendre en charge et la mettre en Å“uvre. Conscient des enjeux, des menaces et des intentions occidentales, le président de la république avait tenu à en annoncer la couleur à partir d'Arzew à l'occasion de la célébration du double anniversaire, la création de la l'UGTA et la nationalisation des hydrocarbures. «Une période sensible tant sur le plan interne qu'externe qui impose de composer avec ses exigences avec sagesse et sérénité (…),» a-t-il affirmé quand il a évoqué «une conjoncture internationale marquée des mutations politiques, des tensions sécuritaires, des crises économiques et des interventions étrangères.» Bouteflika avait jeudi dernier, attiré l'attention des Algériens sur le danger qui guette le pays. «La crédibilité de l'Algérie est dans la balance,» avait-il martelé en insistant sur «ceux qui regardent l'Algérie» en prévision des élections législatives mais aussi pour ce qui est des réformes politiques qu'il a lancé.

Hillary Clinton a démontré hier par des propos simples mais lourds de sens, que les interventions étrangères sont très présentes dans le monde arabe et qu'Alger n'y échappe pas. La feuille de route est la même puisqu'elle avoue «porter toujours le même message» à Alger, Tunis et Rabat et affirme que «les Etats-Unis veulent faire partie de ce projet.»


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