«HHC» dénonce le racisme de l'Union européenne des TV-Radios Les «Ben Laden avec cravates»

Racisme, haine, xénophobie, dédain, rejet de l'autre. «HHC» a dégainé, jeudi à Paris, la munition sémantique pour tirer à boulets rouges sur le Président de l'Union européenne de radio-télévision (UER), l'Allemand Fritz Pleitgen. Invité par France Télévision pour une conférence à l'UNESCO sur le rôle des télévisions publiques européennes dans le traitement des questions de migrations et d'intégration, le Directeur général de l'ENTV a créé un événement dans l'événement. Invité par Franz-Olivier Giesbert, Directeur du Point et modérateur de la première table ronde, à dire un mot sur la perception de la diversité des TV européennes de l'autre côté de la Méditerranée, «HHC» s'est livré à une diatribe qui a surpris l'auditoire. Il a consacré une petite minute à répondre à Giesbert. Le temps de relever des «changements» dans le regard télévisuel européen à l'égard de la diversité. L'occasion de déplorer aussi la persistance de quelques notes de «haine» dans certains contenus «chez vous comme chez nous». Cette parenthèse fermée, Hamraoui Habib Chawki a réagi à une précédente intervention de Fritz Pleitgen, allusion au propos de ce dernier sur une UER en «phase avec la diversité». L'Allemand en veut pour pièce à conviction la cohabitation, au sein de l'Union, de pays issus d'Europe et du monde arabe. Créée en 1950 à partir des TV-Radios de l'Europe occidentale, élargie en 1993 à celles des ex-pays de l'Europe de l'Est, l'UER fédère 74 membres actifs représentant les télévisions publiques de 54 pays d'Europe, du Maghreb et du Moyen-Orient. S'y ajoutent 44 membres associés issus de 25 autres pays du monde. «HHC» a opposé au discours du patron de l'UER sur la diversité une contradiction brutale, un démenti sans ambages. Voilà quelque temps, a-t-il dit en prenant à témoin l'assistance, le Comité des sages de l'UER élisait un Conseil d'administration de huit membres au sein duquel ne siège aucun représentant des télévisions du Maghreb et du Moyen-Orient. Le patron de «l'Unique», qui s'exprimait avec les casquettes de Président de l'Union des TV-Radios arabes (ASBU) et de la Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen (COPEAM), y voit plus qu'une exclusion organique. «C'est une attitude raciste et xénophobe. Le Comité des sages a jugé que les gens du sud de la Méditerranée ne sont pas à la hauteur», a-t-il répliqué avec sarcasme. Rappelant que les membres maghrébins et arabes s'acquittent rubis sur l'ongle de leurs contributions, le DG de l'ENTV a égratigné le «discours de vitrine» du patron de l'UER à rebours de la réalité et des «actes de laboratoire». Un petit silence de «HHC» a donné l'impression à la salle que l'intervention était à son terme. Rebondissement contre toute attente du conférencier : «vous n'avez pas à haïr le monde musulman parce qu'il y a un Ben Laden sous ses latitudes. Nous avons Ben Laden chez nous. Mais vous avez, vous aussi, vos propres Ben Laden avec cravates. Pour conduire l'intégration, n'agissez pas en intégristes», a-t-il dit. Ce pugilat sémantique a laissé le Président de l'UER groggy. Déstabilisé par l'uppercut de «HHC», Fritz Pleitgen ne savait plus ou donner de la tête. «L'an prochain, a-t-il réagi du bout des lèvres, une nouvelle élection aura lieu qui donnera une nouvelle chance» aux pays du Sud. Sonné, il a préféré jeter l'éponge et quitter précipitamment la salle de l'UNESCO sous prétexte de rendez-vous. A défaut de lever les bras en signe de triomphe, «HHC» se contente d'un petit sourire en guise de revanche. Arbitre du combat malgré lui, Patrick de Carolis, patron de France Télévision et organisateur de la conférence, observe Fritz Pleitgen s'éclipser de la salle. L'absence des pays du Maghreb et du Moyen-orient lui semble «injuste». L'UER, dont il est vice-président, est censée être une organisation «fondée sur l'échange et la réunion de toutes les cultures. C'est un fondement de l'Union», dit l'ancien producteur de l'émission «Des racines et des ailes» avant son élection à la tête de France Télévision. C'est la raison pour laquelle la tâche est grande «à réformer l'UER».