Algérie

Heureux comme Zizou'



Les Franco-Algériens occupent la scène médiatique en pensant à leurs racines. A Alger, c'est l'ex-meilleur joueur du monde Zinedine Zidane qui, le temps d'un tournoi de foot en salle dédié à l'amitié entre l'Algérie et la France, refait l'actualité en s'impliquant avec beaucoup de plaisir dans une soirée festive et sentimentale qu'il conservera sûrement longtemps comme un moment d'émotion très fort. Zizou, la légende vivante, était visiblement ravi d'être là, parmi les siens, même si on le sentait un peu trop à l'étroit, entre quatre murs, dans ce petit bout de terrain artificiel, lui qui avait l'habitude de briller dans les grands espaces.L'incomparable numéro 10 des « Bleus » nous a, certes, gratifiés de quelques beaux gestes techniques pour nous rappeler que sa réputation était bien réelle, mais pour lui c'est cette communion avec le public algérien qui restera comme un cadeau inoubliable, hors de prix. Les Algériens, jeunes et moins jeunes, ont, au demeurant, toujours considéré dans leur subconscient Zidane comme faisant partie intégrante de leur « patrimoine » footballistique bien que l'ancienne vedette du Real de Madrid soit de nationalité française.Cette appartenance profonde au pays de ses origines, que l'ex-meneur de jeu des tricolores n'a jamais démentie, a été soulignée par le chef de l'Etat en personne lorsqu'il le reçut en 2006 en lui décernant la plus haute distinction de l'Ordre du mérite national. A la fin du tournoi de futsal organisé à la Coupole, c'est drapé de l'emblème national que Zizou, heureux comme un gosse, quitta la salle sous les applaudissements nourris de ses fans, une image qui montre que le problème de l'identité nationale, s'il a tourné court de l'autre côté de la Méditerranée pour des considérations bassement politiciennes, s'assume ici avec beaucoup de naturel, en tout cas loin de ces tensions fracassantes qui font beaucoup de dégâts dans les consciences. Parfait symbole de la réussite sociale, Zizou incarne pour les jeunes issus de l'émigration une icône identitaire et culturelle que les hommes politiques français semblent avoir du mal à comprendre.On se souvient du fameux match amical entre l'Algérie et la France, joué au Stade de France, qui avait connu des débordements imprévisibles, et au cours duquel des milliers de « Beurs » ont simplement voulu saisir cette occasion historique pour exprimer tout haut ce qu'ils ressentaient dans leur c'ur, à savoir une double culture où l'Algérie occupe une place privilégiée. Une propension au ressourcement qui semble de plus en plus choquer le monde de la politique au point où on assiste, désormais, à une déferlante de dérives verbales et médiatiques qui ne restent pas sans conséquences. Les amalgames sont alors légion et donnent lieu à des dérapages dangereux, comme ce clin d''il à l'islamophobie menée par le Front National qui n'hésita pas à utiliser le drapeau algérien pour sa campagne raciste et xénophobe.La France multiculturelle paraît désorientée, mais c'est grâce à la diversité raciale de ses footballeurs de haut niveau qu'elle réussit tant bien que mal à maintenir son équilibre. Grâce, surtout, à des personnalités fortes, comme Zizou, qui ont compris que la diversité est plus une richesse qu'un handicap.Loin de l'ambiance du foot, à Paris, c'est une autre star, montante cette fois, bien de chez nous qui a bousculé tous les protocoles des Césars en ravissant aux plus grands comédiens de l'Hexagone le titre cinématographique le plus convoité, celui du meilleur acteur. Tahar Rahim, acteur sorti du néant, un parfait inconnu jusque-là, a d'abord reçu le prix du meilleur espoir masculin avant de créer l'événement en faisant l'unanimité du jury quant à la palme suprême.Un prix auquel il ne s'attendait pas mais qui, pour les spécialistes, récompense légitimement son excellente prestation comme interprète principal du film Un Prophète de Jacques Audiard qui a pratiquement raflé la plupart des distinctions mises en jeu lors de cette cérémonie des Césars. Il faut retenir donc ce nom de Tahar Rahim qui a réussi à relever, en fait, un défi tout simplement incroyable. Au moment où les racistes de tout bord donnent la chasse au faciès maghrébin, la consécration de ce jeune Algérien issu de l'émigration sonne comme un air de résistance joyeuse contre toutes les dérives extrémistes et apporte la preuve que dans toutes les belles choses culturelles qui se construisent dans le pays de Voltaire, la sève algérienne y est quelque part présente. N'est-ce pas Madame Isabelle Adjani '...


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