Heureux aïd pour solder Sidna !

Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan
Sidna Ramdhane étant, le pilotage est vite passé à l'automatique. Les gens ont eu tout le temps de faire la grâce matinée, puis siester et ré-siester jusqu'à l'heure F-quelques minutes. Vas-y, piétine-moi que je te bouscule. Pour un geste, une parole, un regard, un oui, un non, ou pour un rien, ça pète en un clin d''il. Et vas-y, direction UMC pour l'un, et pour l'autre la brigade ou le commissariat.
L'agressivité, l'impatience, la vulgarité ont envahi tous les espaces des mâles présumés jeûneurs. Par ramadan estival, les pickpockets n'ont pas été contents, car la foule passait plus de temps à dormir qu'à s'agglutine pour qu'on la dépouille ! En dépit des agressions montées en flèche, le manque à gagner semble avoir été énorme. Plus heureux, étaient les mercantis qui ont bien travaillé. Ainsi, Ramdhane vient, va, et reviendra. Les m'urs s'improvisent, se propagent, et s'ancrent dans la culture ramadhanesque. Le constat est national : Quand Ramdhane est, ni la mesure ni la démesure n'y sont. C'est acquis et le refrain a été appris : Ramdhane se reconnait dans sa flambée des prix.
Comme d'habitude, par la bouche du vizir du mercantilisme, l'Etat a étalé à la Une de l'Unique son bon plan d'attaque pour contrecarrer Ramdhane, et entretenir le quiétude de Bouteflika. Comme promis par son plan, le marché a été inondé de pois chiches qui n'ont aucunement réduit leur prix. Bien avant les démons, les 6000 contrôleurs mobilisés ont été relâchés dans le souk. Sans toutefois ne dissuader personne. La manette des appendices associatifs aussi a été actionnée. Mission accomplie, les intestins ont été sensibilisés pour ingurgiter moins. Egalement accomplie dans la cuisine des restos du c'ur et le détournement des couffins de la solidarité. Mais échec dans l'appel à ne pas manger la chère viande dont le pauvre ne sait même pas le prix. A leur tour, les boyaux ont fait comme si de rien n'était. Ramadan c'est ça, on achète et on bouffe tous azimuts. Au marché, tout marche, bien et par excès ! Non seulement tout marche, mais aussi, tout et tous volent, avec ou sans ailes, tous vendent et revendent, achètent, rachètent, et pourquoi pas, rackettent, tous marchandent et arnaquent, et épluchent leurs frères, avec ou sans l'intention ou le dessein, tout et tous agressent, avec l''il ou l'arme blanche. Comme font les autres, on squatte un morceau de trottoir, un bout de chaussée, ou même la fenêtre d'une bâtisse sur une rue commerçante. On y expose quelque chose et on demande un prix. Il y aura toujours preneur. Même pour le vent. Vous n'êtes pas l'Etat qui contrôle. Donc, vous n'avez pas à contrôler, ni le produit, ni son vendeur. Vous avez vos yeux, vous pouvez apprécier avec, vous palpez si vous voulez, et vous achetez ou laissez. Il y aura toujours quelqu'un qui achètera. Et le monde, aveuglement mû par son ventre, achète et rachète. Se lamente sans pitié, consomme, déguste, approuve, réprouve ou jette à la poubelle. Excrète ou va encombrer les urgences, en injuriant l'Etat, si ce n'est Bouteflika, qui ne contrôle rien au souk.
Dans son élan fou, l'instinct de la bouffe oculaire, emporte tout sur son passage.
Sidna Ramdhane nous a offert l'occasion de sentir ce que ressent le pauvre qui ne compte que sur le couffin de Barkat. Ainsi, passons-nous 30 matinées à inspecter les souks, supérettes, épiceries, boulangeries et pâtisseries et à varier les emplettes. Et 30 soirées à avaler ce que ne peut avaler ce pauvre durant tout le reste de l'année. On offrira la zakat pour combler sa foi de bon croyant, et quand viendra Laïd ce sera le pardon. On s'embrassera tous, et bye ! Au prochain aïd pour qui sera !