Algérie

Hervé Bourges présente l'expérience française Développement du secteur de l'audiovisuel algérien


Hervé Bourges présente l'expérience française Développement du secteur de l'audiovisuel algérien
Hervé Bourges, ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel français (CSA), a présenté hier à l'Ecole de journalisme de Ben Aknoun l'expérience française en matière de régulation audiovisuelle, et ce, dans un contexte où l'Algérie cherche les recettes pour entamer sa transition vers une ouverture du champ audiovisuel.
Hervé Bourges, ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel français (CSA), a présenté hier à l'école de journalisme de Ben Aknoun l'expérience française en matière de régulation audiovisuelle, et ce, dans un contexte où l'Algérie cherche les recettes pour entamer sa transition vers une ouverture du champ audiovisuel.
Hervé Bourges, venu à Alger pour un cycle de conférences dont la présentation de son film L'Algérie à l'épreuve du pouvoir, n'est pas étranger au pays, étant donné qu'il a accompagné le mouvement de libération nationale à travers son engagement dans la lutte anticoloniale au sein de l'hebdomadaire Témoignage Chrétien ainsi qu'à travers les différentes fonctions qu'il a exercées au sein du gouvernement algérien post-indépendance.
Bachir Boumaâza qui était le représentant des détenus du FLN dans les prisons françaises l'avait convaincu de venir travailler en Algérie. Ainsi, il a été nommé conseiller de Abdelaziz Bouteflika, à l'époque ministre de la Jeunesse et des Sports, puis auprès du défunt Ben Bella en tant que conseiller en communication.
Relatant son riche parcours au sein de la corporation, il a expliqué avoir dirigé de nombreux organismes dans la presse écrite, dans l'audiovisuel dont RFI, TF1, France 2 et France 3 avant d'être nommé ambassadeur de France auprès de l'Unesco en 1993 puis président du CSA de 1995 à 2001.
Expliquant que la création du CSA n'allait pas de soi en France et qu'elle avait été relativement tardive, M. Bourges a insisté pour dire qu'une autorité de régulation n'était pas une institution chargée de contrôler les médias ou d'apposer un droit de censure sur le contenu d'un programme. «La régulation est liée à des enjeux de promotion de la diversité et du pluralisme médiatique.
Elle définit les règlements que doivent observer les médias audiovisuels ainsi que les limites à ne pas franchir. Elle permet également d'accompagner la libéralisation de la vie économique et culturelle, l'ouverture du marché des télécoms et l'apparition d'acteurs privés porteurs d'innovations technologiques et de rénovations sur le plan éditorial. Aussi, elle a en charge de surveiller l'application des principes déontologiques», a-t-il dit, ajoutant :
«Toutefois, je tiens à préciser que nous n'avons nullement le droit d'intervenir en amont même quand un programme est sujet à débat. Nous pouvons émettre des sanctions a posteriori mais pas interdire une diffusion. Tout comme nous n'avons pas le droit d'ingérence dans les programmes.»
Plus explicite, il dira : «A titre d'exemple, si Marine Le Pen est invitée sur un plateau, même si nous ne partageons pas ces opinions politiques, nous n'avons pas le droit de l'ostraciser car la bonne régulation va de pair avec un environnement démocratique sain.» Pour lui, l'expérience française a aussi connu ses tâtonnements et il juge que l'intrusion des acteurs privés peut bouleverser le paysage audiovisuel s'il n'est pas accompagné. Il en veut pour preuve la privatisation de TF1.
«Aujourd'hui, avec l'émergence de la TNT, le pluralisme a été consacré mais il faut bien se renseigner sur les financiers qui sont derrière ces chaînes car le besoin d'indépendance qui a été préservé face aux intrusions du pouvoir doit le rester face à la dictature de la finance qui veut peser dans ces secteurs devenus stratégiques», a-t-il alerté.
Aider le service public
M. Bourges a estimé que les pays du Sud avaient tout intérêt à libérer les initiatives dans les secteurs les plus innovants, à s'assurer que le progrès profite à toutes les franges de la population. Concernant la réalité algérienne, il a souhaité que la transition vers l'ouverture du champ audiovisuel ainsi que le passage vers les nouvelles technologies se fasse dans des délais rapides. Convié à un séminaire sur l'audiovisuel les 1er et 2 décembre 2012 à Alger,
il a fait savoir au ministre de la Communication qu'il n'avait pas de point de vue personnel sur la question ni de leçon à donner. «J'ai l'impression qu'il y a eu une volonté bienveillante ou une décision pragmatique pour tenir compte des réalités sur le terrain et aboutir à l'ouverture du champ audiovisuel mais toujours est-il qu'il ne faut pas se contenter d'avoir des chaînes publiques car aujourd'hui, cette réalité paraît obsolète au vu des offres des bouquets satellitaires. Toutefois, j'estime que le secteur public doit faire l'objet d'une rénovation car il doit répondre aux besoins de la population en termes de culture, d'indépendance dans le contenu des programmes d'informations.
En outre, j'estime qu'il faut veiller à protéger l'identité, la souveraineté, l'indépendance du pays en consacrant des programmes qui promeuvent la diversité et la mémoire algérienne a contrario de ce qu'on voit sur les chaînes satellitaires», a-t-il affirmé, ajoutant que la médiation, la concertation, l'adaptation et l'indépendance doivent constituer les mots d'ordre d'une nouvelle forme d'intervention de l'Etat dans le domaine.
Des chaînes étrangères tentent d'imposer leurs idéaux
Dans une allusion à peine voilée à la chaîne de TV satellitaire Al Jazzera,
M. Bourges regrettera que cette chaîne pratique une politique agressive pour promouvoir ses idéaux politiques, économiques, religieux. Il signalera qu'il est dommageable qu'elle ait pris tous les droits de retransmission des matches de la Can et de la Coupe du monde pour toute la région Afrique du Nord et Moyen-Orient.
«L'Algérie se voit exclue de la promotion d'un sport populaire adulé par toute une population. Elle payera au prix fort les droits de retransmission comme d'autres pays de la région», a-t-il déploré. Dans le même sillage, M. Olivier Zegna Rata, président du site afrik.com, expliquera qu'il faut avoir conscience de l'influence politique de cette chaîne qui, à travers un contenu éditorial et des images bien choisies, véhicule les intérêts du Qatar.
«Ils ont une politique agressive et ont eu l'intelligence de s'appuyer sur l'achat des droits de diffusion des programmes les plus populaires qui impliquent même l'équipe nationale algérienne.
Le Qatar parvient donc à exproprier le football algérien de son propre public. En France, cela peut aussi arriver si BeIN sport (chaîne qatarie) parvient à racheter l'intégralité des droits de la Ligue 1. Pour contrer cette nouvelle concurrence, il faut donc être aussi intelligent qu'eux, investir dans les bons créneaux et diffuser de bons programmes. Je pense que les Etats et les groupes privés en seront capables», a-t-il jugé.
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