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Des sentiers aux cieux de la liberté. Mémoires d'un pilote de chasse. Recueillis par Mustapha Ait Mouhoub. Récit du Lt.Colonel Mohand-Tahar Bouzeghoub. Editions Rafar, Alger 2024, 179 pages, 1.000 dinars.
Bien sûr, il a fait partie de la première promotion de pilotes (avions de chasse) et ce, en pleine guerre de libération nationale...
Bien sûr, il a participé, à partir de septembre 1962, à la création des premiers escadrons de l'Armée de l'air de l'Algérie indépendante et il a participé à des guerres (1963 contre l'agression marocaine, puis en 1967 et en 1973 en Egypte contre l'entité sioniste et enfin en 1975 pour surveiller les frontières nationales ouest pour faire face, à nouveau, à un voisin belliqueux mais vélléitaire)... Bien sûr, il a été gestionnaire d'entreprises publiques stratégiques (Air Algérie et SNTA), puis... ministre (des Industries légères)...
Bien sûr... Mais, avant tout cela, il a été un jeune Algérien qui, alors qu'il aurait pu finir ses études supérieures à Jamaà Zitouna de Tunis, malgré l'austérité et l'exclusion infligées aux autochtones par le régime colonial et ses complices locaux, avait préféré «monter au maquis» pour participer, les armes à la main, à la guerre de Libération nationale.
Le hasard a voulu qu'il soit assez rapidement immergé dans les régions les plus sensibles et affecté auprès de grands combattants... non sans rencontrer bien des problèmes. Il est vrai que certaines régions - dont les Aurès, tout particulièrement, après la disparition tragique, en mars 1956, de Mostefa Ben Boulaid- connaissaient des situations assez graves. Il fut même mis au cachot par des dissidents dans la région de Tamza et il allait peut-être connaître un plus mauvais sort, n'eut été la présence du futur Colonel Amirouche alors en voyage d'inspection et de contrôle, et mandaté par le Cce.
Quelques révélations : - A l'indépendance, l'Algérie disposait de 56 pilotes (18 sur avions de chasse, 14 sur bombardiers, 21 sur avions de transport et 3 navigateurs) pour 80 techniciens /Hosni Moubarak a séjourné à Laghouat alors qu'il était à la tête d'un escadron de bombardiers lourds, mis en sécurité -durant toute une année - en Algérie/ Au total, en 1973, à partir d'octobre, 50 appareils et 54 pilotes, accompagnés d'un nombre important de techniciens, sont allés en Egypte... et «aucune armée arabe n'a fourni autant de matériel et de personnel», durant deux ans de séjour..., et deux pilotes sont décédés (Drif Mohamed et Ghafor Cheikh) et trois appareils perdus...
L'Auteur : Né le 2 février 1937, à Ilmayène,village des Bibans, enfant de la tribu Sylline, orphelin de père à l'âge de deux ans; premières scolarités en zaouia traditionnelle et à l'école publique coloniale, épreuves du maquis,de la prison, faim et horreurs de la guerre... proche du Colonel Amirouche... témoin des dissenssions entre les factions de l'ALN, envoyé à l'étranger (Egypte, Syrie, Chine, Irak, Urss) suivre des études de pilote de chasse, participations aux guerres arabes contre l'occupant sioniste... cadre militaire... responsable d'entreprises publiques et ministre (gouvernement Kasdi Merbah)
Table des matières : Avant-propos/Chapitre I : Enfance à Ilmayene/ Chapitre II : Inévitable passage à Jamaa Zitouna à Tunis /Chapitre III : L'Appel des Aurès/ Chapitre IV : Les Aurès dans la tourmente/ Chapitre V : Rêver aux cieux/ Chapitre VI : Engagement après l'Indépendance/Epilogue/ Annexes/ Album photos/ Table des matières
Extraits : «La répression sauvage et les violences inouïes infligées aux Algériens, en ce mois de mai 1945, fut à l'origine d'une rupture radicale avec le système colonial» (p 35), «Dans le maquis, la mort pourrait s'inviter à chaque instant, au tournant d'une piste, au cÅ“ur d'un sentier, sur le lit d'un oued, entre deux thalwegs... Il fallait s'habituer à son intimité» (p 63), «Grâce à Adjoul et à son efficacité, Ben Boulaïd était le plus en avance en matière d'armement parmi ses camarades du Groupe des 22, y compris celui des six» (p89)
Avis - La Révolution armée-du moins une assez bonne partie- racontée avec détails par un homme de terrain qui a eu la «chance» d'échapper à des règlements de comptes, d'occuper des postes d'observation (et d'action)- clés. De l'histoire-inventaire qui se lit (et se déguste) d'un trait.
Citations : «Celui qui maîtrise le terrain et sait utiliser sa configuration a forcément une longueur d'avance lors des combats» (p71)
Mohamed Boudia, un homme hors du commun.Un homme assassiné deux fois. Essai de Boudia Mohamed, El Ibriz Editions, Alger 2015, 500 dinars, 70 pages*
Il est mort le 28 juin 1973 (à l'âge de 41 ans), assassiné (explosion d'une bombe à mercure placée sous le siège de sa voiture) par les services secrets sionistes... à Paris où il résidait dans une certaine clandestinité. On le connaissait homme de culture, écrivain, comédien, homme de théâtre et de presse, mais aussi, pour les plus avertis (et les plus âgés, la trentaine en 62), militant actif – en compagnie de son ami Mohamed Zinet- au sein de l'OCFLN, dès 1955, conjuguant animation culturelle et activité politique pour la cause indépendantiste en France même, aux côtés de Mourad Bourboune, entre autres (il fut arrêté en 1958 et emprisonné assez longtemps en France, aux Baumettes puis à Angers. Il s'évada de prison en 1961 pour se rendre en Tunisie).
Après le coup d'Etat du 19 juin 1965, recherché en Algérie par la police pour ses idées trop marquées de gauche, il se voit obligé de se réfugier... en France. Il participe à la création de l'ORP en 1967. Et, très proche de Georges Habbache (du FPLP), une nouvelle aventure, celle du combat pour la liberté des autres, en l'occurrence les Palestiniens (avec le Rassemblement unitaire des révolutionnaires (RUR), allait commencer... dans le plus grand secret. Il va devenir «l'homme aux cent visages» (...)
Mohamed Boudia décédé, il sera assez vite vengé par un groupe de jeunes palestiniens, le «commando Mohamed Boudia»... avec un attentat-suicide à la voiture piégée dans un centre de loisirs de Tel Aviv. La première opération «kamikaze». Carlos entreprendra aussi une série d'attentats. A noter que «les dirigeants algériens ont refusé, après sa mort, qu'il soit enterré en Algérie... et ce n'est qu'«avec l'avènement de Chadli Bendjedid qu'on permit le raptriement de son corps et il fut inhumé au cimetière d'El Kettar, presque incognito». Plusieurs vies, plusieurs morts !
L'Auteur : Un homonyme du héros. Né à Ouled Ben Abdelkader (Chlef) en 1944. Etudes primaires et secondaires à Oran, Ecole normale nationale d'enseignement technique d'El Harrach, Professeur d'enseignement technique théorique, Directeur de collège(...)
Extraits : «C'est le seul qui a su allier le militantisme politique et l'activité culturelle... Il était journaliste, écrivain et dramaturge» (p 12), (...), «Mohamed Boudia était un humaniste. Il faisait bien la différence entre les sionistes et les israéliens» (p 25)
Avis - Un hommage à un monument des causes de libération nationale. Un texte plus militant qu'essai complet et rigoureux. On a vu bien mieux sur le personnage et la personnalité de Boudia... mais, c'est toujours ça.Comme toujours, je n'apprécie guère les digressions inutiles (...)
Citations : «La course au pouvoir a, de tout temps, été à l'aube de plusieurs injustices vis-à-vis de héros et de gens qui pouvaient donner un plus à l'essor tant politique que scientifique et social à un pays nouvellement indépendant et qui avait besoin des facultés de tous ses enfants» (p 61), «Mohamed Boudia a été assassiné par deux fois. La première par ses propres compatriotes et la seconde par les services secrets israéliens» (p 63).
*(Fiche de lecture déjà publiée le 9 juillet 2028, in www.almanach-dz.com/histoire/bibliotheque dalmanach. Extraits pour rappel)
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Posté Le : 17/10/2024
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Belkacem Ahcene-Djaballah
Source : www.lequotidien-oran.com