Algérie

Henri Weill au CCF d'Oran Le journalisme, les mots et les doutes



« Des mots et des doutes», tel était le titre d'une conférence-débat, parrainée par «Le Quotidien d'Oran», animée mercredi dans la soirée, au Centre culturel français d'Oran par Henri Weill, journaliste, enseignant et chercheur connu dans la sphère médiatique française. Le conférencier, dans un style purement pédagogique, a, devant son auditoire, tenu surtout à ouvrir des brèches de réflexion autour du métier que l'on n'arrive toujours pas à fixer. «Doit-on craindre les mots ?», «Pouvons-nous nous octroyer une liberté d'action absolue pour dire telle ou telle chose ?», pouvons-nous croire comme le disent les diplomates que «les mots sont des événements» ? ou doit-on encore se suffire des «seuls raccourcis conformistes pour ne s'astreindre à puiser que dans un registre langagier préétabli ?». Voilà, en somme, les quelques angles d'attaque abordés par le conférencier qui a tenu à accompagner tout cela avec des exemples concrets pour parler de: kamikaze, Tchétchénie, FARC, Palestine, résistant, Rwanda, génocide, terroriste, l'Irak, l'occupation... Quelques fois, renchérit-il, «les mots sont piégés et pris en otage car ils ont des échos assourdissants». Bob Denard, décédé il y a peu, qualifié par une journaliste française de «dernier mercenaire», alors que la guerre privatisée en Irak foisonne de mercenaires. Dans ce cas, Bob Denard n'est pas le dernier des mercenaires. Il y a aussi lieu de se «réconcilier avec les mots frappés 'd'Ostracisme'». Illustrant cela par «Le détail» de Jean-Marie Le Pen, devenu depuis lors un mot honni car devenu suspect de «délit de morale». Le journaliste doit constamment douter et ne pas se suffire de ses seuls certitudes et ne doit pas être le supplétif d'un quelconque pouvoir, sauf celui de sa propre conscience. Il ne doit pas être emballé par le sensationnel, ni se laisser couler dans le moule du préétabli, ni encore moins s'octroyer le titre de juge. Il doit simplement informer et rien qu'informer. A l'ère de l'Internet, de l'information en continu et instantanée, le journaliste doit être tout le temps vigilant car, pour paraphraser Ibrahim Tueni, célèbre journaliste libanais, assassiné il y a peu, «entre l'ombre et la lumière, il y a les mots». Il s'en est suivi un débat fort instructif avec un auditoire qui a tenu à dire son propre «mot» autour d'une pratique qui, à l'ère de la manipulation mondialisée, est devenue un métier frappé à son tour de suspicion.


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