Lorsque en 1864 Henri Duveyrier publia Les Touareg du Nord, sa notoriété fut immédiate. Une commission brillamment composée lui décerna la grande médaille d’or de la Société de Géographie de Paris. Fêté en 1864, le livre serait décrié vingt ans plus tard par ceux qui reprocheraient à l’auteur d’avoir fait des Touaregs un portrait trompeusement irénique. C’est que l’image du désert avait changé dans l’intervalle. Encore une promesse en 1864, il était devenu une menace, surtout après qu’une colonne française dirigée par le colonel Flatters eut été massacrée dans le Hoggar en 1881. Le destin de Duveyrier aura suivi la même courbe. Le tout jeune homme qui le 13 mai 1859 quittait l’oasis de Biskra au début d’un voyage qu’il entreprenait, dirait-t-il plus tard, « par amour pour la science et pour satisfaire une grande passion pour les découvertes des contrées lointaines », ne doutait pas des promesses que la vie semblait alors lui faire. Le 25 avril 1892, quand il s’engagea dans le bois de Meudon un revolver dans la poche, Henri Duveyrier avait eu tout le temps d’apprendre que la vie ne tient pas toujours ses promesses. J’évoquerai ici le Duveyrier de 1859, puis le Duveyrier des dernières années, avec en arrière-fond l’image brillante puis lugubre du désert.
Posté Le : 20/07/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Dominique CASAJUS, Directeur de recherche, CNRS, Laboratoire « Systèmes de pensée en Afrique noire ».
Source : alor.univ-montp3.fr/cerce/revue.htm