Algérie

Hend Sadi



Hend Sadi
"Le combat n'est pas achevé, c'est plutôt maintenant qu'il doit commencer car il serait vain d'attendre que le pouvoir lâche du lest par sa seule volonté", a-t-il souligné après avoir noté le caractère "illusoire" de l'introduction de tamazight dans la Constitution.Lors d'une conférence-débat animée avant-hier au Salon du livre de Boudjima sur la question de l'officialisation de tamazight, Hend Sadi a estimé que la manière dont s'est pris le pouvoir lors de la dernière révision constitutionnelle n'échappe guère aux calculs de domination idéologique qui ont pesé dans la conception de l'Etat algérien depuis l'Etoile nord-africaine.Autrement dit, a expliqué Hend Sadi, "dire que tamazight n'est pas prête pour une officialisation effective est un argument faux. C'est plutôt le pouvoir qui n'est pas prêt à l'accepter"."Le pouvoir sait qu'à présent la répression ne paye plus, alors il mise sur la thérapie d'accompagnement en nourrissant l'espoir de voir tamazight disparaître dans le temps", a-t-il enchaîné tout en appelant à poursuivre le combat jusqu'à ce qu'elle recouvre sa véritable place.Pour ce faire, l'orateur estime qu'il faut surtout mener une grande bataille sur le front de la production dans tous les domaines, développer un discours politique offensif et ne pas négliger la bataille de la communication en exploitant les nouvelles technologies en la matière. "Le combat n'est pas achevé, c'est plutôt maintenant qu'il doit commencer car il serait vain d'attendre que le pouvoir lâche du lest par sa seule volonté", a-t-il souligné après avoir noté le caractère "illusoire" de l'introduction de tamazight dans la Constitution. "En somme, le pouvoir nous dit que tamazight est officielle mais qu'elle n'est pas dans les constantes nationales, qu'elle n'est pas la langue de l'Etat, et dont l'usage est subordonné à la création d'une académie qui n'a aucune valeur avant la promulgation d'une loi organique qui, peut-être, ne verra jamais le jour", a-t-il fait remarquer tout en faisant part de son appréhension de voir se reproduire ce qui s'est passé au Maroc où tamazight a été officialisée mais que cinq ans plus tard la loi organique qui devait suivre n'a pas vu le jour.Pour lui, "vouloir rouvrir le débat sur le caractère de la transcription de tamazight alors qu'il s'agit d'une question déjà tranchée depuis de nombreuses années n'est qu'une preuve de ce manque de volonté du pouvoir à accorder à cette langue la place qu'elle mérite".Cela n'a rien d'étonnant du point de vue de Hend Sadi car, dit-il, "il ne s'agit pas seulement d'une affaire de langue mais d'idéologie et de domination". "Et cette bataille idéologique, on l'a perdue depuis longtemps", a-t-il déploré avant de revisiter quelques épisodes de l'histoire de l'Algérie. "Le mouvement nationaliste n'a pas réglé la question nationale dès sa naissance, et cela a profité à ceux qui se sont appuyés sur le courant religieux sous Ben Badis qui a fait son shopping idéologique en Orient avant de le déverser en Algérie où il est devenu un véritable poids. Les choses étaient devenues encore plus compliquées avec Messali et encore davantage à l'Indépendance lorsque tout discours sur le berbérisme était assimilé au séparatisme, un séparatisme avec lequel tous les leaders politique kabyles, dont Aït Ahmed, ont été longtemps complexés par le pouvoir qui, ayant tiré trop sur cette corde, a fini par ne plus faire peur à personne", a expliqué Hend Sadi. "Aujourd'hui, s'il y a quelqu'un qui doit se repentir, c'est bien le pouvoir. Maintenant, c'est à nous de lui demander des comptes", a-t-il conclu.Samir LESLOUS




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