Algérie

Hechmi Hamdi, le trublion qui rêve d'un destin présidentiel




 Ancien militant d'Ennahda avant de soutenir ouvertement le président Ben Ali, ce natif de Sidi Bouzid apparaît comme le trublion des premières élections libres tunisiennes. Les heurts enregistrés ces deux derniers jours dans sa localité sont notamment liés à  l'invalidation des six listes de son parti, El Aridha (Pétition populaire pour la liberté et la justice). Le parcours de cet homme d'affaires, parlant de lui à  la troisième personne, est atypique, passant de Tunis à  Alger et de Khartoum à  Londres. Dans les journaux tunisiens, il est qualifié de «mystérieux aventurier politique», sinon de «clown politique».
Les monologues diffusés par sa chaîne donnent de lui l'image d'un homme narcissique, se rêvant président de la Tunisie. Hechmi Hamdi est surtout spécialiste en retournement de veste. Etudiant, il a fait partie du mouvement Ennahda tout en continuant à  écrire dans le journal Essabah, exprimant sa loyauté sans faille au système. Lors de la chasse à  l'islamiste lancée par le régime tunisien, il a fui vers l'Algérie avant de gagner Londres. Là-bas, il aurait connu une Algérienne, issue d'une famille aisée vivant à  Londres et portant le nom de Yousfi, qui l'aurait aidé à  créer la revue Al Moustakilla.
Dans son exil londonien, il établira un réseau en toile d'araignée, n'hésitant pas à  prendre l'argent de Hassan El Tourabi au Soudan pour faire la propagande de Omar El Béchir.  Le divorce d'avec le parti Ennahda a été officiellement proclamé lorsque, dans un débat d'Al Jazeera qui le confrontait à  Rached Ghannouchi, il a brandi un exemplaire du Coran «offert par Ben Ali», affirmant avoir vu de ses propres yeux Leïla Trabelsi faisant la prière et incitant ses enfants à  suivre les préceptes de l'Islam. Peu après, Hamdi changea son fusil d'épaule en faisant défiler sur le plateau d'Al Moustakilla tous les ténors de l'opposition tunisienne, dont la journaliste et militante Sihem Ben Sedrine, qui écopa de quelques jours de prison à  la suite d'un coup d'éclat sur cette chaîne.
Les «petits barons» du RCD
Aujourd'hui, Khelil Ezzaouia d'Ettakatol et la même Sihem Ben Sedrine l'accusent d'avoir utilisé les réseaux dormants du parti de Ben Ali, le RCD, pour se frayer une place dans la Constituante. Et les commentateurs tunisiens de s'indigner : «Si les communications entre l'Arabie Saoudite et la Tunisie sont très surveillées, il n'en est pas de même pour les communications entre Abha (lieu de résidence de Ben Ali) et Londres et entre Londres et Tunis. Il suffit de contacter, via Al Aridha, les 'petits barons' du RCD, au chômage forcé, pour qu'ils s'exécutent en coulisses en donnant les consignes de vote en catimini». Sihem Ben Sedrine dit, à  son propos, qu'il était prêt à  pactiser avec le diable pour se faire une place en Tunisie. «Pendant que nous focalisions notre attention sur les 40 partis créés par des personnes tournant autour de Ben Ali, la consigne a été donnée aux anciens du RCD pour voter pour le parti de Hechmi Hamdi», a-t-elle observé.
Mais c'est aussi grâce aux promesses électorales, souvent irréalisables, que cet ovni de la politique a pu glaner des voix. «Il a fait rêver les gens en abusant de leur pauvreté et de leur ignorance», a analysé Saif Nsiri, 34 ans, membre du Parti du travail tunisien (PTT). Celui qui se prend pour un prophôte dans son pays ne rentrera pas en Tunisie. S'il affirme que cette décision est motivée par le fait que Hammadi Djebali (Ennahda) soit pressenti pour prendre les rênes du gouvernement tunisien, il se murmure, à  Tunis, qu'il craint des poursuites judiciaires.


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