Algérie

Hécatombes


Hécatombes
«De 1858 à 1972, à Lourdes: - - guérisons miraculeuses reconnues par les autorités médicales: 34 - - guérisons miraculeuses constatées par les autorités religieuses:72 - - accidents mortels de circulation sur la route du pélerinage: 4272» Michel AudiardDurant ces vacances plus que durant le temps de travail où les embouteillages nous paraissaient normaux à cause des horaires de travail mal conçus pour les différentes activités qui règlent la vie nationale, il est loisible de constater que la circulation automobile, loin de diminuer en raison d'une baisse logique de l'activité économique, augmente au contraire et, cela, tout au long de la journée et surtout dans les lieux de villégiature...Plusieurs questions viennent à l'esprit devant le désordre qui anime les voies de communication...La première question est: jusqu'où s'arrêtera la dialectique folle de l'automobile et de la route' Je m'explique: le parc auto étant en continuelle expansion, le nombre de véhicules de tous calibres augmentant sans cesse, les autorités publiques sont tenues dans l'obligation, non seulement de tracer de nouvelles voies de communication, mais aussi d'élargir et d'entretenir les anciennes routes afin de rendre plus fluide une circulation au bord de l'apoplexie. Essayez de prendre la route qui vous empêche de rejoindre Tizi Ouzou dans les délais impartis par la raison et le bon sens et vous verrez qu'il y a encore du travail pour arriver à l'équilibre régional jadis prôné par Boumboum.Heureusement qu'à présent, les concepteurs cherchent à contourner les grandes agglomérations longtemps asphyxiées par les embouteillages et les dos-d'âne... La deuxième question est de savoir, devant l'augmentation constante de véhicules de toutes marques, si un jour les hommes politiques qui gouvernent ce pays vont prendre la mesure révolutionnaire qui consistera à créer des usines de montage (il est hors de propos de créer un type de véhicule algérien même s'il doit réunir tous les défauts qui sont en nous, puisque les Coréens, les Chinois, les Hindous le font pour nous...). On attend avec impatience la première voiture franco de port qui sortira du joint-venture créé par la métropole et l'ancienne colonie. Cela règlerait considérablement le problème de main-d'oeuvre et cela ferait réaliser par la même occasion des économies conséquentes en devises. Il y avait bien dans le temps, un atelier de montage de véhicules Renault à El Harrach, mais le syndicat et le pouvoir d'alors ont uni leurs efforts pour le fermer. Il y a eu par-ci par-là une usine Berliet rebaptisée Snvi, un atelier pour montage de tracteurs, une fabrique de vélos, mais on ne sait toujours pas ce que sont devenus ces fleurons de l'industrie du socialisme spécifique (d'ailleurs, l'Unique serait bien inspirée en faisant une série de documentaires dans le style: Que sont-ils devenus' sur ces prestigieuses unités qui sont tombées dans l'oubli ou qui sont tombées dans les filets de quelques petits malins).L'autre question, et peut-être la plus importante: la voiture est-elle un outil destiné à se déplacer plus vite et dans les meilleures conditions de confort, un objet d'adoration et de culte qu'on bichonne et qu'on adule ou alors un jouet extraordinaire qui fait «crac-boum-hue» et que l'on donne à son rejeton comme marque de son affection. Et c'est là que le bât blesse: il faut voir les dégâts causés par cette jeunesse dorée qui n'a pas sué pour acquérir un bolide transformé en engin de mort parce que conduit par des êtres immatures et incultes. Combien de familles ont été endeuillées parce que le fils du voisin a pris les clés pour faire un tour dans la cité: le petit tour se transforme vite en drame avec des écoliers handicapés à vie. Combien de parents attentifs et attendris ont cru bien faire en offrant un engin de mort à un fils qui leur reviendra dans une chaise roulante ou ne reviendra pas... C'est en observant ces jeunes encore pleins de vitalité sur leur chaise poussée par un parent qui s'efforce encore de sourire et de placer une plaisanterie que l'on mesure l'étendue du désastre qui se réalise tous les jours sur les routes.Qu'importe les chiffres froids des statistiques des victimes ou la lourde note infligée à la société! Il n'y a qu'à suivre un jour sur une corniche étroite une bande de joyeux et inconscients fêtards qui balancent leurs bouteilles de bière vides par les vitres pour comprendre que la tragédie de la route est bien engagée.Bonne route quand même!


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