Algérie

Hebdoscopie d'une semaine de la providence



Hebdoscopie d'une semaine de la providence
C'est d'Egypte qu'il est question, un pays revisité cette semaine par la providence du Dieu soleil. En Algérie, où la «Baraka» n'est jamais totalement absente, il faudra attendre quarante-cinq jours pour savoir si la Grâce divine, sérieusement épaulée par celle du pétrole, veille toujours sur nous. Quarante-cinq jours, c'est le temps qui nous sépare de l'heure de vérité, attendue comme le jour du Jugement dernier. On saura alors qui est candidat à la magistrature suprême du pays et qui ne l'est pas.Les Egyptiens, eux, savent depuis hier que leur général adoré ne devrait plus avoir de réticence à formaliser constitutionnellement son destin national. Le test, pour Abdelfattah Sissi, devait être le référendum de mardi et mercredi derniers sur le projet d'une nouvelle Constitution. Toutes les indications, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Egypte, se recoupent sur un oui massif qui taquinerait les 90%. Même si la participation ne semble pas très élevée (moins de 40%), elle serait déjà meilleure que celle enregistrée lors du scrutin de 2012 sur la Constitution élaborée par les Frères musulmans. Déjà, la presse atlantiste et sioniste occidentale, s'empresse de réduire l'aspect hautement positif de la première consultation populaire depuis la destitution il y a six mois du président islamiste, Mohamed Morsi, par l'armée. Elle a raison, cette presse, de le voir ainsi : avec le retour de l'Egypte dans son giron naturel, la banderille est bien plantée dans le c?ur palpitant du sionisme mondial qui a perdu dans les Frères musulmans égyptiens son meilleur allié régional pour la suprématie militaire et l'expansionnisme d'Israël.La prochaine étape, dans le courant même de cette année 2014, est celle fixée par la feuille de route de l'armée égyptienne, à savoir une élection présidentielle et des législatives pour un retour à la légalité et renouer avec le pluralisme politique. Oublieux des millions d'Egyptiens descendus dans la rue pour exiger (en juin dernier) pendant des jours et des nuits le départ des Frères musulmans du pouvoir qu'ils avaient pourtant conquis par les urnes, certains «amis» de l'Egypte, aussi «désintéressés» que «Les amis de la Syrie», n'arrivent toujours pas à faire leur deuil de la fin -probablement pour longtemps- du pouvoir des islamistes en Egypte. Toute honte bue, malhonnêteté intellectuelle en prime, ils remettent en cause la légitimité des nouvelles autorités de transition égyptiennes, faisant mine d'oublier la lame de fond jamais vue en Egypte qui avait balayé, avec l'appui de l'armée, le pouvoir éphémère de la confrérie religieuse fondée par Hassan El-benna dans les années 20 du siècle dernier.Les péripéties vécues par l'Egypte, tout au long de ces trois dernières années, depuis le départ en février 2011 du président Hosni Moubarak, dans le contexte du «printemps arabe», sont révélatrices d'un enseignement fondamental pour les pays arabes. Ceux d'entre eux qui ont une armée structurée, puissante et politisée, ont mieux résisté aux tentatives des islamistes d'instaurer des Etats fascistes religieux. Cela se vérifie quotidiennement en Syrie notamment, depuis trois ans, alors qu'il est de notoriété que deux décennies plus tôt, l'armée algérienne et ses services de sécurité, sérieusement épaulés par les patriotes en armes, évitaient au pays de connaître un destin tragique. Il est tout aussi notoire que la chute du régime de Kadhafi en Libye, désormais livrée à l'anarchie des groupes et milices islamistes, n'a été rendue possible que par la déliquescence et la folklorisation de ses forces armées.Cette leçon du «printemps arabe» mérite néanmoins d'être nuancée, car elle n'implique pas que les pays arabes soumis à une déstabilisation islamiste doivent nécessairement et dans tous les cas s'en remettre au pouvoir exclusif des militaires. Le recours à eux, en dernier ressort, ne doit être envisageable que pour exorciser le péril de l'instauration des théocraties fascistes et mieux préparer le retour à une démocratie définitivement sanctuarisée et protégée. Georges Clémenceau disait qu'«on peut tout faire avec une baïonnette, sauf s'asseoir dessus». Sauf que parfois la baïonnette est préférable au «Seif El Hadjadj», glaive purificateur caché sous les gandouras.A. S.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)