Algérie

Hebdoscopie d'une fumée sans feu


Hebdoscopie d'une fumée sans feu
La fumée, blanche, noire ou grise, comme mode de communication politique doit certainement aux conclaves du Vatican quelques emprunts relatifs à ses signifiants si ce n'est à ses ésotérismes d'un autre âge. Pas que cela, d'ailleurs. Ne qualifie-t-on pas de conclaves des réunions sans valeur liturgique attendues pour le résultat de leur accouchement et tenues dans l'huis clos du secret pour faire sérieux ' En matière d'enfumage et de fumigation en tout genre, l'année qui tire à sa fin aura été prodigue envers les Algériens. Entre les feux des uns et les contre-feux des autres, les canons à fumée des artilleurs du soutien inconditionnel et la fumette de ceux qui ne disent rien mais qui font l'effort de le dire bien, entre les écrans dressés avec la matière volatile par des serviteurs non sollicités et le fumage de l'alimentaire pour l'avenir de ceux qui scrutent le sens du vent, l'impression d'ensemble est celle d'une Algérie à la croisée des...cheminées qui envoient en désordre d'indéchiffrables volutes.Il n'est pas dit, non plus, que la masse des Algériens ait l'esprit embrumé au point de chercher à déchiffrer l'indéchiffrable. Nous ne sommes plus dans les années 90 quand, au plus fort de sa paroxystique ascension, le FIS de Abassi Madani avait donné à lire dans le ciel du stade du 5-Juillet le nom du Créateur projeté au laser. Beaucoup d'Algériens ont dû, à la suite de ce subterfuge «hallalisé» pour la circonstance, souffrir de torticolis à force de lever la tête vers le haut pour trouver le nom du Seigneur dans les nuages. Incorrigibles et convaincus de la crédulité et de l'imbécillité de leurs compatriotes, les mêmes mauvais propagandistes invétérés continuent leur cinéma mystificateur et ridicule. Si seulement ils mettaient du combustible dans leurs cheminées comme c'est d'usage à la Chapelle Sixtine. Non, rien, ici tout est virtuel, superfétatoire, de l'ordre de l'inexistant, tous éléments d'une année blanche, politiquement parlant.Il y a fort à douter, dans ce décorum du vide, que le président Bouteflika, homme souffrant mais qui semble avoir encore toute sa tête, soit le maître d'ouvrage de ce «désordre entropique». Depuis son évacuation au Val-de-Grâce en avril dernier jusqu'à son retour en juillet et ses apparitions récurrentes à la télévision à l'occasion d'audiences avec des responsables étatiques et des personnalités étrangères, il a fait l'effort d'apparaître digne mais sans travestissement, sans essayer de renvoyer une autre image de son état physique que celle d'un homme qui se remet de la maladie. On l'a vu, à l'occasion du seul Conseil des ministres de l'année qu'il a présidé le 29 septembre, esquisser un geste pour se lever de son fauteuil et prendre une photo, debout, avec les membres du gouvernement. Geste vain puisqu'il resta cloué au fauteuil. L'image n'a pas été censurée par la télévision publique et on peut en déduire qu'il n'avait pas donné instruction de la zapper. Et ce n'était pas la seule séquence à travers laquelle chaque Algérien pouvait se faire sa propre idée sur l'état de santé du chef de l'Etat, sans «Photoshop» et sans le «chlaouch» qui a démultiplié les gestes de sa main alors qu'il était en discussion avec le Premier ministre français.Pour ceux qui veulent voir, «il y a là certes des signes» et l'agit-prop des brasseurs de vent et des forgerons manipulateurs de soufflet ne pourra servir qu'à envoyer dans le ciel des volutes issues d'un brasier invisible, une fumée que nulle combustion n'a produite.A. S.


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