Algérie

Hebdoscopie d'une amnésie en temps réel



Hebdoscopie d'une amnésie en temps réel
Hiroshima, mon amour, film intimiste par excellence, est l'histoire d'un amour fugace et d'un désamour traumatique. Réalisé en 1959 par Alain Resnais, un spécialiste du genre, c'est l'histoire d'une Française, incarnée par Emmanuelle Riva sublime de beauté et de sensualité, et d'un architecte japonais dont tout le vécu porte, indélébile, l'empreinte de la tragédie d'Hiroshima du 6 août 1945. La bombe atomique larguée par les Etats-Unis sur la ville pour forcer le Japon à la reddition est restée à ce jour une expérience unique de recours à l'arme nucléaire. Dans une chambre d'hôtel, se noue un drame sentimental entre les deux amants évanescents. Ils n'ont que deux jours pour s'aimer et se séparer sans trop d'espoir de se revoir. Elle y est venue faire un film sur la paix, donner un sens à la nécessité de la mémoire, d'exorciser l'horreur de l'oubli. Superposition de deux histoires en une ou quand l'amour se vit dans le désamour d'un trauma toujours vivace dans des consciences torturées. À plus d'un demi-siècle de distance, on ne sait pas si Reggane, en Algérie, servira un jour de nid à une même histoire. On sait par contre toute l'étendue des dégâts causés par Gerboise bleue, la première explosion nucléaire française dans le ciel de Reggane, le 13 février 1960, un peu moins de deux ans avant l'indépendance de l'Algérie. Un rapport français secret-défense qui vient d'être déclassifié en évalue les retombées radioactives qui montent jusqu'au sud de l'Europe et descendent dans le Sahel jusqu'au Tchad. Ce n'est qu'un premier aperçu, car dans les zones sahariennes où se sont déroulées les expériences françaises, on en meurt aujourd'hui encore. En grand nombre et d'affreuses maladies. Jusqu'à présent, la France a fui ses responsabilités en se réfugiant dans le déni historique, alors qu'il lui incombe au minimum le devoir de décontaminer les sites concernés. Sans parler de la prise en charge et de l'indemnisation des victimes.Comme quoi, c'est «Hiroshima, mon amour» et... «Reggane, mon désamour». Il y a fort à parier qu'un tel film ne risque pas de voir le jour avant longtemps en France. Qu'attendre d'une ancienne puissance coloniale qui se refuse toujours à regarder dans le blanc des yeux les recoins sombres de son passé ' Est-ce une raison pour que l'Algérie officielle ne fasse pas son propre film sur le nucléaire français dans le Sahara ' Un film qui sera évidemment classé dans le genre cinéma vérité.L'Hebdoscopie de la mémoire de la semaine qui vient de s'écouler autorise un débordement sur un présent factuel. C'est malheureusement celui des mémoires courtes.Elle est terrible, cette «mémoire politique» algérienne sélective à souhait, malléable à l'envie et triturable à volonté. Il y en a même qui se souviennent du jour où ils sont devenus amnésiques. Fort heureusement, certains, sans doute par inadvertance, nous rafraîchissent la mémoire sur des faits méconnus du grand public ou tombés dans la trappe de l'oubli. C'est le cas pour le général à la retraite Benhadid, qui a défrayé la chronique politique, la semaine dernière, avec ses prises de position fracassantes.Des revanchards proches de l'ex-FIS ont cru bon rappeler le mode opératoire de l'ancien chef de la 3e Région militaire quand il était en poste à Béchar, au plus fort du terrorisme barbare des islamistes armés. Grâce à eux, on y apprend que tout général qu'il était, Benhadid se mêlait à la troupe et, arme au poing, pourchassait les terroristes. C'est ce qui s'appelle mettre la main dans le cambouis et ça n'a rien de déshonorant, bien au contraire. Enfin, tout dépend de l'angle de vision adopté. Que ceux qui nous ont rafraîchi la mémoire trouvent, ici, l'expression sincère de nos remerciements.En revanche, les militants du FLN et assimilés, et les quelques autres milliers d'Algériens qui suivent encore la politique nationale, ne doivent pas se montrer trop pressés. C'est vrai que le président Bouteflika a fermement condamné les attaques pernicieuses contre l'ANP, visant en premier, très probablement, le secrétaire général du parti du FLN. D'aucuns en ont conclu que c'était la fin des haricots pour la personne pointée et s'attendaient à son évacuation dare-dare du parti. Pas de précipitation, moins de vingt jours seulement nous séparent du délai de forclusion pour le dépôt des candidatures à l'élection présidentielle. A l'expiration du délai, le 5 mars au matin, on saura... A. S.




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