Algérie

Hawch de Sidi Braham


Hawch de Sidi Braham
Situation. - Le sanctuaire de ce saint était situé dans un champ de terre labourable, à 200 mètres à l'ouest du village d'Ain-Kolla, non loin des bâtiments de l'ancienne ferme Roméro. Adossé à un monticule, près d'un olivier, il dominait un petit ravin. Le vieil olivier qui existait autrefois s'était perpétué par 9 rejets après avoir été coupé un peu au-dessus du niveau du sol par son ancien propriétaire. La partie du tronc qui subsistait, d'un diamètre peu commun, était creusé d'une cavité pouvant abriter un homme accroupi

Description. - Le mausolée se compose d'une enceinte rectangulaire, en excellente maçonnerie blanchie à la chaux, mesurant extérieurement 3 m. 10 de longueur, 2 m. 00 de largeur et 1m. 80 de hauteur, ornée aux quatre angles de merlons en gradins et munie d'une ouverture, sans porte, de 0 m. 08 de largeur.

En y pénétrant on constatait, près du seuil, l'existence d'un trou creusé dans le sol cimenté, permettant aux fidèles de prélever un peu de terre végétale sous-jacente. La niche à offrandes traditionnelles était ménagée dans l'épaisseur du mur de l'enceinte à droite en entrant.

La légende. - Le saint qui serait enterré là s'appellerait Brahim ou Braham. C'est un fait avéré, qu'indépendamment des saints bien connus de leur vivant, les musulman reconnaissaient également comme « wali» les défunts anonymes dont la sépulture dégageait des feux follets. Ces flammes légères et produites par les émanations de phosphore d'hydrogène spontanément inflammables, étaient considérées comme surnaturelles par les ruraux qui y voyaient le doigt d'Allah pour leur désigner la sépulture d'un saint homme et l'emplacement des mausolées (hawita ou hawch) qu'ils devaient bâtir. Aussi s'empressaient-ils de repérer l’endroit où ce phénomène, qui n'avait rien que de très naturel, s’était manifesté, en y entassant provisoirement des pierres. Dans ce cas, le personnage anonyme était le plus souvent, surnomme Sidi bû Qnadil « Monseigneur des Lumières » ou «l'homme aux .quinquets».

C’est exactement ce qui s’était produit pour ce saint, encore que l'initiative de la construction de son mausolée serait venue d'un colon européen, dans les circonstances suivantes : des habitants d'Ain-Kolla et des alentours apercevaient souvent, vers le soir, des « petites lumières» (lueurs) près du vieil olivier cité plus haut. Les ayant vues à son tour, M. Roméro, colon européen habitant à proximité, résolut de consulter un « taleb» du village d'Ain-Kolla, un certain Si Abid Abdeslam (cet ancien imam décéda en 1940) qui, après avoir compulsé de vieux papiers jaunis par le temps, décréta qu'on se trouvait manifestement en présence de la sépulture d'un saint personnage de l'Islam (marabout), appelé Sidi Braham.

C'est ainsi que M. Roméro, sans doute pour capter la «baraka » du marabout défunt et se concilier du même coup les bonnes grâces des musulmans, fit construire, à ses frais vers 1921-1922 et par des maçons européens, le mausolée décrit ci-dessus afin de signaler les restes de ce saint à la piété des fidèles. L'emplacement où il s'élevait se serait trouvé dans l'ancien cimetière d'Ain-Kolla. On y voyait encore quelques vieilles tombes, et parfois, en labourant le terrain environnant, des ossements humains étaient mis à jour par le sac de la charrue.

Les habitants étaient convaincus que ce geste généreux avait porté bonheur à son auteur qui était devenu riche par la volonté du saint.

Depuis cette époque ce colon organisait tous les ans, (vers la fin août, début septembre), une « wa'da » à laquelle étaient conviés l'imam, les tolbas et les habitants d'Ain-Kolla et des alentours. Lui-même faisait sacrifier, en l'honneur du saint, un mouton de son troupeau. La fête qui avait lieu de jour, débutait à midi et prenait fin vers les 4 heures de l'après-midi. Les hommes seuls y assistaient

Le culte. - Ce qui frappait le plus le visiteur qui pénétrait dans ce « hawch» consacré à Sidi Brahim c'était la présence de nombreuses faucilles usagées et rouillées entreposées sur le faîte du mur opposé à l'entrée. Elles servaient à accomplir le rite par lequel s'opérait la guérison des malades. En effet, Sidi Braham était spécialement invoqué pour les affections des voies respiratoires et des poumons (toux, bronchite, etc.). Les femmes qui y menaient leurs enfants se munissaient presque toujours d'une vieille faucille qu'elles passaient une fois sous la gorge du malade et qu'elles abandonnaient après usage, en ex-voto. Cf. Laoust (Le folklore marocain, loco cit., p. 449), parlant des moyens employés pour soigner les mauvais esprits, écrivait: « Les Jnoun craignent aussi le fer et l'acier. La croyance en la vertu magique du fer reporte à la préhistoire. On connait la coutume de mettre dans les silos une faucille usagée ou une vieille lame de couteau, et surtout de clouer un fer à cheval sur la porte des maisons et des étables ».

C’était surtout les femmes d'Ain-Kolla et de Tient quelquefois, qui faisaient le pèlerinage de ce tombeau, accompagnées de leurs enfants. On dit aussi que Sidi Braham guérissait les maux d'yeux et calmait les gencives douloureuses des jeunes enfants de 6 mois qui perçaient leurs premières dents.
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