HAWA : Les trois cercles magiques et la mariée kabyle

Autrefois, dans les sociétés issues des bords de la Méditerranée, les fèves sont les prémices de la terre, le symbole de tous les bienfaits des "gens de dessous terre». Dans certaines régions d'Algérie, notamment en Kabylie, la jeune mariée jetait des fèves à  la fontaine avant de puiser de l'eau pour la première fois, sept jours après les noces. Le jour de sa première sortie dans le village. Eau et fèves symboles de fécondité. Les grands-mères ou guérisseuses «soignaient» les enfants en éloignant le mauvais œil en utilisant un certain nombre de fèves sèches et en récitant des prières.Avant cette cérémonie rituelle, la femme kabyle devait, avant d'aller dans sa nouvelle demeure dans le cadre du mariage, se soumettre à  un rite non moins symbolique : celui de se laisser kidnapper par la parenté masculine de son futur compagnon. La coutume voulait que la fiancée «volée» par les hommes de sa nouvelle famille se débatte, pleure et oppose un refus à  ce mariage. Cette simulation d'un refus était une façon de ne pas offenser les génies gardiens de son village ni l'esprit des ancêtres ainsi que celui des santons protecteurs. L'éloignement du foyer paternel et de son clan s'imposait par la rupture d'avec les trois cercles magiques : celui qui entoure la maison du père, celui qui cerne le village et celui qui est en lien direct avec l'ancêtre du clan ou de la tribu.En allant à  la source ou la fontaine, la jeune mariée se réconcilie avec le génie de l'eau du village d'où la distribution de bonbons et autres confiseries. Autres us marquant l'arrivée dans la tribu de la jeune épousée se consacrent par manger dans le même plat avec son mari avec la même cuillère et sur le seuil de la nouvelle maison boire du lait dans le même verre que son mari. Le lait étant synonyme de pureté, de fidélité et de sincérité.