Algérie

HAWA : Le jeu de la balancelle des femmes d'Alger



HAWA : Le jeu de la balancelle  des femmes d'Alger
Djaâloula. La  balançoire. Tant de souvenirs viennent se bousculer lors de la rencontre de Fatma-Zohra l’aînée, 82 ans, et Zhor sa cadette de 10 ans. Leurs distractions lors de parties de campagne à… Sidi Yahia. Il fut un temps … Il y a des années à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est loin, tellement loin pour les enfants et petits-enfants. Tellement proche pour ces dames, unies par les mêmes souvenirs. La première octogénaire, la deuxième septuagénaire. Cousines au troisième degré, nées  dans la même grande maison et ayant vécu également dans ce lieu, elles partagent la  mémoire de la vieille bâtisse aujourd’hui inexistante.“Djaaloulti aalya , fi wast el dalya , dalya bel laaneb wa sakia bel hout. Ya maline hadak ledjnane adouni maakoum wala antih wanmout». Ma balancelle haute dans les pampres de vigne, la treille lourde de grappes de raisin et le canal gorgé de poissons. Habitants de ce beau jardin, accueillez-moi chez vous  si vous ne voulez pas que je meure.  Sidi Yahia, Sidi Lakhal, voilà deux sites qui étaient privilégiés par les familles algéroises pour des pique niques et des journées de loisirs. L’escarpolette  était de mise. C’étaient les jeunes adolescents faisant partie de ces sorties et emmenés comme «soutien», pour ne pas faillir à la règle qui veut que les femmes doivent être protégées qui procédaient à l’installation de la balançoire. Les jeunes filles s’en donnaient à cœur joie dans ce jeu où l’on se balançait les yeux levés au ciel et vers les nuages. Vertige, joie de vivre, insouciance, petits plaisirs vrais et sans retenue.Le jeu de la balancelle occasionnait la création de petits poèmes chantés. Fatma-Zora et Zhor ne se privent pas de pousser la chanson «Djaaloulti ya bnat, cheikh madjachi, sabatou mqataa ou haïkou rachi». Ma balançoire, ô jeunes filles tendez l’oreille, le vieillard comme époux n’est pas venu, les souliers et  qu’il devait m’offrir sont défraîchies et le voile promis est délavé». Les petits textes rappelant un peu ceux de la Boqala sont florès mais que reste-t-il d’eux … Nos ainées  suivent le chemin secret des souvenances, la mémoire prise d’émerveillement pour ce passé et pour ce jeu ramène au présent les airs et paroles liés à l’escarpolette. «Ya maline hadak ladjnane, adouni  maakoum fi khatar hadak chbab li rahou maakoum». Habitants du beau jardin , invitez-moi chez vous pour que je puisse être aux côtés du beau jeune homme qui est avec vous». L’invite est claire, l’amoureuse interpelle les parents de l’aimé pour qu’ils viennent lui demander sa main. Alors que le sociologue Yellès écrit : «Au-delà de l'anecdote personnelle, elles renvoient aussi à un vécu socioculturel tributaire d'une mémoire collective à la fois riche et ancienne. Celle d'un Maghreb de la création et de la synthèse». Dans  le culte de Krishna, l'escarpolette est le symbole des extases de l'amour mystique.


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