Deux clips musicaux ont vu le jour la semaine passée : Bnet el youm de Zaki Project et Edjrou lia du groupe El Dey.En ces temps incertains, la jeune scène musicale distille des airs rythmés et joyeux qui font plaisir à entendre, le tout dans une ambiance colorée débordant de vitalité. Entre création, fusion et revisite des standards, nos chanteurs ne manquent pas de sources d'inspiration.
Lundi, au Palais des Raïs (Bastion 23), Zaki Mihoubi présentait le dernier-né de son talentueux groupe, Zaki Project. Accompagné d'un clip, le titre Bnet el youm est une reprise dynamique d'un titre de Lili Labassi popularisé par René Perez. Le texte satirique, dans la veine des chansons de Ksentini ou Bachtarzi, posé sur un air de chaâbi, égratigne gentiment la femme moderne qui «porte le pantalon» et déconcerte la gent masculine. Un titre donc qui connaît une nouvelle jeunesse avec un arrangement de Kheireddine Mouadène qui y met de l'électricité et des airs de polka.
Le clip a été tourné en partie au Théâtre national algérien. Réalisé par Dahlia Antri (Studio DS), il se laisse regarder avec plaisir. Musicien, chanteur et journaliste radio, Zaki Mihoubi n'est pas à son coup d'essai. Il évolue sur la scène musicale depuis une dizaine d'années en puisant dans le chaâbi et le gnawi. Bnet el youm fait suite à un précédent clip consacré à la chanson El Bandi de Cheikh Sidi Bémol, elle aussi réarrangée à la sauce Zaki Project. Mercredi, la nouveauté venait de Hussein Dey avec le sympathique groupe El Dey. Salim Boukhechba et ses acolytes reviennent avec un clip tout en animation pour le titre Adjou lia. Après le succès retentissant de Maria, le groupe poursuit la veine de la rumba algérianisée. De la musique méditerranéenne par excellence avec des accents latino.
Au final, une délicieuse tchektchouka musicale. Adjou lia raconte aussi l'histoire d'un amour contrarié. Après le refus de visa, c'est le manque de moyens qui refroidit l'émoi ! Des histoires bien réalistes mais traitées avec drôlerie et légèreté. Le clip, signé Abdelaziz Khaled, explose de couleurs entre les codes de la pop et des références du cru. On saluera le travail sur la typographie qui rappelle les réalisations du graphiste Walid Bouchouchi. En ce mois de septembre, El Dey nous offre un tube de l'été presque hors-saison. Gageons que ce petit air entêtant restera dans les esprits jusqu'à l'été prochain.
Bref, la jeune garde de la chanson algérienne se porte bien. Rappelons que le dernier clip du groupe Caméléon, Win yamchi ezzine, est toujours sur la Toile et comptabilise plus d'un million de vues, faute de disques d'or ou de platine.
Même s'il n'y a pas de quoi s'enrichir, les vues rapportent tout de même de l'argent aux artistes depuis que l'Office national des droits d'auteur et droits voisins a signé un contrat avec Google. On notera que les artistes ne se précipitent plus pour sortir un album, désormais plus un outil de promotion qu'une source de revenus. Par contre, la présence sur les plateformes de téléchargement légal est de plus en plus importante. En Algérie aussi l'industrie musicale est en phase de mutation, abandonnant peu à peu les supports physiques. Paradoxalement, on assiste également à un retour vers la musique en live. Ce sont les concerts qui permettent aujourd'hui aux groupes de survivre, faute de vivre de leur musique. La meilleure façon d'encourager cette nouvelle scène musicale algérienne est de lui programmer des concerts et de vraies tournées nationales. Les salles ne manquent pas et le public ne demande pas mieux.
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Posté Le : 23/09/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Walid Bouchakour
Source : www.elwatan.com