Hausse vertigineuse de la facture des importations

Ni l’annulation du crédit à la consommation, ni l’établissement du crédit documentaire, ni les autres mesures restrictives établies par l’Exécutif n’ont pu juguler les importations qui inondent le marché. Cette année encore, la facture est en forte hausse et les montants dépensés en biens en tous genres devraient franchir un nouveau cap avec plus de 43 milliards de dollars. Selon les chiffres provisoires du Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (CNIS), les onze premiers mois de 2011 enregistrent déjà 42,63 milliards de dollars contre 36,49 au cours de la même période en 2010, soit  une hausse de 16,83%. La courbe ascendante des importations, qui avait connu un pic sans précédent en 2008, avait quelque peu fléchi suite aux mesures contenues dans la LFC 2009 avant de croître de nouveau, s’établissant à 40,21 milliards de dollars en 2010 contre 39,29 en 2009. Si la hausse de la facture est certainement impactée par la forte augmentation des cours des produits sur le marché mondial, la constitution de stocks pour ce qui est des produits de première nécessité en est une autre. Le contexte de crise économique et les troubles politiques qui agitent notre région poussent le gouvernement à la prudence, quitte à puiser largement dans les ressources tirées des hydrocarbures. Il semble que pour le gouvernement, la paix sociale est pour une grande part liée à la satisfaction des besoins vitaux de la population et il reste donc  enclin à mettre entre parenthèses l’équilibre de la balance des paiements afin d’éviter d’abord tout dessein de grogne sociale, comme ce fut le cas lors des dernières émeutes dites «du sucre et de l’huile». La propension à puiser dans les caisses de l’Etat pour acheter notamment les biens alimentaires s’explique aussi par la stagnation de la production locale, le secteur de l’agriculture étant encore loin de satisfaire la demande malgré les efforts consentis jusqu’à présent par les pouvoirs publics. Il en est de même pour les autres segments de l’économie qui restent tributaires d’intrants importés, en tous genres, tels que les matières premières et les équipements industriels. A regarder de plus près le détail des biens alimentaires importés, on s’aperçoit que les importations de blé ont enregistré une hausse de plus de 133% à 2,6 milliards de dollars durant les onze premiers mois de 2011, contre 1,13 milliard de dollars à la même période en 2010. Les quantités de blé importées par l’Algérie ont atteint ainsi 6,91 millions de tonnes, contre 4,86 millions de tonnes à la même période en 2010, en augmentation de 2,05 millions de tonnes, selon  les précisions du CNIS. Dans une récente déclaration, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a imputé la hausse à l’augmentation des prix à l’échelle internationale et au souci des pouvoirs publics de garantir la disponibilité  de ces produits au niveau national. De manière générale, après des baisses enregistrées dès janvier 2010, les importations ont repris une tendance haussière dès le mois d’octobre de la même année, terminant avec un surcroît (2,34%) contre une légère diminution de 0,95% en 2009. Les produits alimentaires ont augmenté au mois d’octobre 2011 de plus de 54,83%, et ce sont les céréales, semoules et farines, dont les achats ont augmenté le plus avec 181,90%, passant de 130,31 millions de dollars en octobre 2010 à 367,35 millions de dollars en 2011. Par ailleurs, à  l’exception des baisses des importations des viandes (-23,79%) et des sucres et sucreries (-8,90%), les autres produits du groupe ont connu des hausses importantes. Il s’agit notamment des légumes secs (+79,03%), totalisant 39,10  millions de dollars, café et thé (42,46%-29,93 millions de dollars) et les laits et produits laitiers (+15,14% à 98,54 millions de dollars). Le groupe des biens de consommation non alimentaires a également connu une hausse avec une facture  de 678 millions de dollars, soit une hausse de 14,72%.