Le professeur Farid Benramdane, conseiller auprès du ministère de l'Education nationale, est catégorique : il est temps de passer du système quantitatif à celui de la qualité dans l'enseignement scolaire en Algérie. Il a expliqué, hier dimanche, lors d'une intervention à la radio nationale qu'il faut aller dorénavant vers une école de la qualité. «Le système éducatif algérien est passé par deux phases, celle de la logique quantitative, et on va maintenant vers le qualitatif pour faire avancer le système scolaire vers le rendement». Pour atteindre cet objectif, il faut, a-t-il souligné, «un plan Marshall» pour révolutionner l'école algérienne.D'abord en prenant en charge la formation des enseignants, ensuite en mettant fin aux taux préoccupants des redoublements, même si dans l'intervalle «le taux de scolarisation a atteint ses objectifs, soit 98%, proche des standards de l'OCDE». Mais, si les résultats sur le plan quantitatif sont bons, cela n'est pas accompagné, estime le Pr. Benramdane, par un passage vers la qualité de l'enseignement.
En cela il met dos à dos ceux qui disent que «la démocratisation de l'école encourage la baisse du niveau des élèves, alors que le deuxième point de vue estime que la scolarisation peut s'accompagner de l'élévation du niveau de l'enseignement». Face donc au phénomène de la déperdition scolaire, le manque de formation des enseignants et fatalement la hausse des taux d'échec des élèves, le Pr. Benramdane préconise donc la mise en place d'un plan Marshall, car «il faut tout revoir». Selon lui, le taux de réussite à l'examen de la 5ème année primaire est de 96%, «ce qui est excellent», mais en 1ère année moyenne, le taux d'échec est de 24%, le taux de réussite du BEM est de 62%, alors que taux de redoublement en 1ère année secondaire est de 30%, soit un tiers des élèves chute en 1ère année moyenne», relève-t-il. Le Pr. Benramdane, également chargé de la pédagogie au ministère de l'Education nationale, avait récemment alerté dans une intervention à la radio nationale sur une inquiétante distorsion entre les taux de réussite et d'échec à tous les paliers du cursus scolaire. Sur 100 élèves qui entrent en 1ère année primaire, quatre seulement arrivent à décrocher leur baccalauréat et 32 d'entre eux abandonnent l'école avant l'âge de 16 ans. «C'est un constat sans appel, les chiffres sont alarmants et structurels», estime-t-il, «le rendement de l'école pose problème».
Il s'agit des résultats d'une enquête menée par le ministère de l'Education nationale sur un corpus de 464.000 erreurs dans 9 wilayas pilotes. «Si on veut travailler sur le qualitatif, nous ne sommes pas outillés, et pour cela il faut la formation à travers un plan Marshall». Le Pr. Benramdane, qui a annoncé que ce plan a été lancé samedi, a reçu le soutien du gouvernement. L'objectif est d'améliorer la formation des enseignants et réduire les taux de redoublement. Car le coût de la déperdition scolaire serait de 16% du budget du ministère de l'Education nationale, le second après celui de la Défense, soit 5 à 6 milliards de dollars, selon le Pr. Benramdane. «Le défi est celui de la qualité, qui se mesure avec des standards internationaux. Si on veut améliorer le système éducatif, il faut l'inscrire dans le système international», affirme-t-il.
Face à l'échec scolaire, «la réponse doit être pédagogique, scientifique, un degré de technicité sur lequel on doit encadrer l'école algérienne», avait récemment souligné M. Benramdane, selon lequel la preuve concrète de cette déperdition scolaire est dans un effarant taux d'échec de 70% à la 1ère année universitaire.
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Posté Le : 09/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com