Algérie

Hausse du prix du baril, dollar faible et spéculation L'Opep se passe des «conseils» de Bush


Réunis hier à Vienne, les pays membres de l'Opep ont décidé de ne pas changer le niveau de production. Ils ont rejeté ainsi les pressions occidentales pour une hausse de la production. Pour eux, la flambée des prix n'est pas due à un mauvais approvisionnement du marché, mais à la dépréciation du dollar et à une forte spéculation. Les ministres de l'Opep n'ont pas écouté les « conseils » de George W. Bush, ils n'ont pas augmenté la production. C'est déjà une fleur, car la logique aurait voulu qu'ils baissent la production pour tenir compte de la réduction de la traditionnelle réduction de la consommation au printemps. En maintenant la production à son niveau actuel, l'Opep permet une augmentation des niveaux des stocks pour le deuxième trimestre puisque la sortie de l'hiver s'accompagne habituellement d'une baisse de la consommation, sans compter l'effet du ralentissement économique mondial. Chakib Khelil, ministre algérien de l'énergie et président en exercice de l'Opep expliquait en début de réunion les raisons de ne pas ouvrir les vannes. «L'économie mondiale entre dans une période de croissance plus lente (...) ce qui entraîne beaucoup d'incertitudes dans le monde du pétrole, d'autant que beaucoup d'institutions ont commencé à réviser à la baisse leurs prévisions de demande pétrolière ». Alors que les prix du baril étaient au-dessus de la barre des 100 dollars, les ministres des pays membres de l'Opep ont rejeté de manière énergique les reproches des Occidentaux, dont ceux du président américain qui voulait que l'organisation augmente sa production de 300.000 à 500.000 barils par jour (bpj). C'est qu'à l'OPEP aussi, on suit avec attention les évolutions du marché. La conclusion générale est que les fondamentaux du marché pétrolier sont stables et que la hausse des prix n'est pas liée à une insuffisance des extractions mais à la dépréciation du dollar et à la spéculation. Des paramètres sur lesquels l'organisation n'a aucune maîtrise. Il n'est pas surprenant dès lors que les ministres de l'Opep se soient rapidement entendus, à défaut de baisser la production, sur le maintien du statu quo. C'était prévisible en dépit des pressions américaines. Le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Naïami, avait indiqué le cap en considérant qu'il ne voyait pas la nécessité de changer le volume de la production et en imputant les hausses des prix « à une gigantesque spéculation ». L'homme qui pèse le plus au sein de l'organisation a estimé que cette « spéculation n'a aucun lien avec les fondamentaux d'un marché stable qui n'a besoin d'aucune intervention ». Chakib Khelil, président en exercice de l'Opep, avait même envisagé la possibilité d'une baisse de la production. Elle pouvait largement se justifier mais apparemment, la plupart des pays membres ont choisi de ne pas faire jouer la réduction saisonnière de la production pour ne pas peser davantage sur les cours. Une petite concession alors qu'ils étaient pressés d'ouvrir encore plus les vannes. Le président américain, George W Bush a accusé les pays de l'Opep de faire une « erreur » en n'augmentant pas la production, car cela entraîne un ralentissement des « économies des plus grands clients en raison de prix énergétiques plus élevés ». M. Bush s'attendait à ce qu'il ne soit pas écouté. Il ne l'a pas été et pour de très bonnes raisons. L'Opep a renoncé à la correction technique qui intervient à la sortie de l'hiver alors les revenus de ses membres sont grevés par la dépréciation continue du dollar. Mais globalement, les spécialistes s'accordent à dire qu'il n'existe pas un problème d'approvisionnement. La part de la spéculation dans la hausse des prix est substantielle. Les fonds spéculatifs se rabattent sur le marché des matières premières et ils sont responsables d'un renchérissement d'au moins 25 % du prix du pétrole. En clair, sans cette spéculation effrénée, le prix du baril serait de l'ordre de 75 dollars, soit à peu près dans les niveaux souhaités par l'Opep. Les 13 pays membres de l'Opep produisent quelque 32 millions de barils par jour (mbj), soit environ 40 % de la production mondiale de brut.


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