Algérie

Hausse des prix des viandes rouges: Les raisons des uns et des autres


De nombreux bouchers ont gardé leurs rideaux fermés depuis l'Aïd El-Adha. D'autres ont carrément mis la clé sous le paillasson et décidé d'abandonner définitivement l'activité.Une virée effectuée, hier mercredi matin, à travers les bouchers du centre-ville de Tiaret, nous a permis de constater la folle sarabande des prix des viandes rouges. Pour Lounis, l'un des plus anciens bouchers installés sur la rue des «frères Bekhettou» (ex-rue Thiers), le prix des viandes rouges ont flambé même avant l'Aïd El-Adha, surtout après l'arrêt de l'importation des viandes congelées. Et d'ajouter : «quand on vendait la viande congelée, cela avait pour effet de tirer les prix des viandes fraiches vers la baisse ; regardez à quel prix est affiché le bovin : 2.800 DA le kilo et 2.500 DA pour l'ovin. Notre chiffre d'affaires a baissé de plus de la moitié», se plaint-il.
Pour Toufik Ouared, docteur vétérinaire et enseignant à l'institut vétérinaire de Tiaret, le problème est ailleurs. «Les éleveurs ne sont pas exempts de tout reproche, même s'ils avancent toujours l'argument de la cherté de l'aliment de bétail et des soins vétérinaires». Ancien importateur de génisses de l'étranger, le Dr Ouared explique que «l'importation au compte-goutte des génisses a un effet mécanique sur les prix, tout le monde connait la loi de l'offre et de la demande, il n'y a pas suffisamment de viandes rouges locales ni chez les éleveurs ni sur le marché», soutient-il. «L'autorisation d'importation de génisses aura des effets bénéfiques non seulement sur la production de lait cru avec la création de grands bassins laitiers, mais aussi sur les prix qui vont mécaniquement baisser pour se situer à un niveau acceptable», soutient-il. «L'interdiction de l'abattage des femelles est une mauvaise solution, puisque tout le monde sait que cela va encourager l'abattage clandestin», a encore estimé le Dr Ouared Toufik. «Au niveau des marchés à bestiaux, les prix du cheptel ovin et bovin ont connu un accroissement significatif durant ces derniers mois, il est impossible de trouver une vache à moins de 70 millions de centimes», confie un représentant de l'association des éleveurs. Pour ce dernier, «les autorités concernées n'arrivent pas à réguler de la filière des viandes rouges, pourtant, il a été décidé d'une coopération entre l'éleveur et l'Office national des aliments du bétail (ONAB) en vue de fournir des aliments du bétail à un prix fixe de 2.600 DA/quintal, et le groupe l'Algérienne des viandes rouges (ALVIAR) chargé de l'achat du produit et de sa généralisation dans toutes les régions». Or, le prix de l'orge a atteint un pic de 7.000 DA le quintal, le son à 2.600 DA et la botte de foin à 1.300 DA en moyenne.
La sécheresse qui a frappé plusieurs régions du pays n'explique pas tout. «Il y a surtout un problème de dysfonctionnement du circuit de distribution, les viandes rouges sont produites en quantités dans les wilayas du sud du pays comme Tamanrasset et Adrar, mais elles ne sont pas acheminées vers les régions du nord du pays, pourquoi '», s'interroge le représentant de l'association des éleveurs de la wilaya de Tiaret. «L'inflation, la spéculation et la mauvaise gestion expliquent en partie la situation catastrophique du secteur», martèle-t-il.
Pour d'autres connaisseurs des choses de la terre, avec la perturbation du cycle des saisons et la rareté des pluies et donc le manque de pâturages, il n'est pas exclu que les prix des viandes rouges atteignent des niveaux jamais égalés, préviennent-ils.
L'observatoire des filières viandes rouges n'a pas encore rendu publique sa note de conjoncture concernant les prix des viandes rouges locales durant le deuxième trimestre de l'année en cours, ce qui devrait donner quelques indications sur la tendance des prix pour les prochains mois.
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