Algérie

Hausse des prix des denrées alimentaires dans le monde : L'ONU tire la sonnette d'alarme


Le défi lancé par l'ONU en 2000, pour réduire de moitié la misère dans le monde d'ici l'an 2015, semble lourdement compromis. L'espoir de voir les Objectifs du millénaire pour le développement tels que le droit de vivre à l'abri de la faim, une éducation de base, la santé ainsi qu'une responsabilité envers les générations futures s'amenuise et les conditions qui ont contribué au succès ayant marqué le début des années 2000 sont menacées, a estimé l'ONU dans son rapport 2008 sur les OMD. Les principaux facteurs de cette menace sont liés principalement au ralentissement de l'économie mondiale et à la hausse des prix des produits alimentaires. « Le ralentissement de l'économie mondiale réduira les revenus des pauvres et la crise alimentaire plongera des millions d'autres personnes dans la famine (...). La menace imminente de l'accroissement de la famine serait moins forte si les dernières décennies n'avaient pas été marquées par une faiblesse des investissements dans le développement agricole rural dans les pays en développement », a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans l'avant-propos du rapport, relevant toutefois « les acquis » enregistrés en matière de scolarisation des enfants et d'accès à la santé avant d'appeler les Etats à « rattraper le temps perdu ».Le rapport de 56 pages précise qu'en dépit « des progrès solides et soutenus » dans la réduction de la pauvreté, ceux-ci sont sapés par « la hausse des prix, notamment des denrées alimentaires et du pétrole ainsi que par le ralentissement de l'économie mondiale ». Selon le document, la hausse des minéraux et des produits agricoles bruts a contribué à une remarquable période de croissance économique dans toutes les régions en développement, mais beaucoup de ces pays sont maintenant confrontés à des factures plus élevées pour l'importation de nourriture et de carburant, ce qui met leur croissance en péril.Disparités entre les régionsL'ONU a estimé que le nombre de personnes vivant dans une extrême pauvreté (dans les pays en développement) est tombé de 1,8 milliard de personnes à 1,4 milliard entre 1990 et 2005 et devra diminuer de 50% d'ici 2015. Ces chiffres, indique-t-on, montrent des disparités entre les régions. Alors que le plus gros de cette réduction se situe en Asie de l'Est, notamment la Chine, dans la région subsaharienne et dans la communauté des Etats indépendants, la pauvreté a connu une hausse entre 1990 et 2005. « Mais la hausse des prix des denrées alimentaires devrait renverser cette tendance mondiale et entraîner des millions de personnes dans la pauvreté, surtout dans la région subsaharienne et en Asie du Sud où se concentre la plus importante population de personnes vivant dans l'extrême pauvreté. »Dans la plupart des régions, a indiqué le rapport, entre 55 et 75% de la population en âge de travailler ont un emploi, à deux exceptions près : l'Afrique du Nord et l'Asie de l'Ouest, partiellement parce que le ratio-emploi-population, pour les femmes, ne dépasse pas 25% (et reste inférieur de 40 points au même ratio chez les hommes). En Asie de l'Est, les citoyens ne souffrent pas de taux élevés de chômage, mais ils travaillent plus tôt au lieu d'investir dans leur avenir en poursuivant leurs études. Dans les pays en développement, la faible rémunération des emplois maintient un travailleur sur cinq dans la pauvreté et la moitié de la main-d''uvre de la planète s'échine dans des emplois instables et précaires. La proportion des enfants sous-alimentés âgés de moins de 5 ans est passée de 33% en 1990 à 26% en 2006, année où plus de 140 millions d'enfants souffraient encore d'insuffisance pondérale dans les pays en développement.L'Asie de l'Est, notamment la Chine, a réussi à faire reculer de plus de la moitié la proportion de ces enfants durant cette période, alors qu'en Asie du Sud, qui regroupe plus de la moitié des enfants sous-alimentés de la planète, le rapport indique que 50% des enfants souffrent d'insuffisance pondérale. Les experts ont souligné que les enfants vivant dans les zones rurales des régions en développement sont deux fois plus exposés à des insuffisances que ceux qui vivent dans des zones urbaines. Abordant le volet du droit à l'éducation, l'ONU veut que d'ici 2015 tous les enfants du monde puissent avoir les moyens d'achever le cycle complet d'études primaires. Ainsi, dans pratiquement la majorité des régions du monde, le taux de scolarisation dépassait les 90% et le nombre d'enfants en âge d'aller à l'école, mais non scolarisés, a chuté de 103 millions en 1999 à 73 millions en 2006. L'Afrique subsaharienne a connu un taux de scolarisation de 71%, mais 38 millions d'enfants en âge de fréquenter les bancs d'école ne sont toujours pas scolarisés. En Asie du Sud, le taux de scolarisation a dépassé 90%, alors que 18 millions d'enfants n'ont pas eu droit à l'école. Le taux de scolarisation des filles a également connu une hausse dans la plupart des régions, a relevé le rapport, notamment dans le cycle primaire où une progression importante a été enregistrée entre 2000 et 2006. Deux pays sur trois ont ainsi réussi à atteindre la parité dans l'enseignement primaire. Néanmoins, les filles représentent 55% des enfants non scolarisés.Statu quo pour 27 paysLes experts ont fait remarquer que lorsque les écarts filles-garçons sont comblés au primaire, les filles poursuivent généralement leurs études secondaires tandis qu'un bon nombre de garçons entrent dans la vie active. Mais lorsque la scolarisation des filles est faible, l'écart entre les deux sexes se creuse davantage au secondaire et à l'université. Pour ce qui est de la mortalité infantile, le rapport a indiqué que 27 pays, situés en majorité dans la région subsaharienne, n'ont enregistré aucun progrès dans ce domaine entre 1990 et 2006. En Asie de l'Est, en Amérique latine et dans les Caraïbes, le taux de mortalité est 4 fois plus élevé que dans les régions développées. Les causes principales de cette mortalité sont la pneumonie, la diarrhée, le paludisme et la rougeole, maladies facilement évitées par de simples améliorations des services de santé de base. 37% des décès d'enfants de moins de 5 ans interviennent au cours du premier mois de la vie, alors qu'une amélioration des soins néo-nataux et maternels auraient pu les sauver.En matière de travail, les deux tiers des femmes dans le monde en développement occupent des emplois précaires, travaillent à leur compte ou comme travailleuses familiales non rémunérées. En Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, ce type de travail constitue 80% de l'emploi féminin. Enfin, le rapport a noté qu'il est possible de remédier à cette situation et d'atteindre les objectifs assignés du millénaire pour peu que chacun prenne immédiatement des mesures pour remplir les engagements souscrits. Une première réunion, prévue le 16 septembre au siège de l'ONU, permettra d'étudier les facteurs qui menacent la concrétisation des objectifs du millénaire, en attendant le 25 septembre, date de la réunion de haut niveau qui permettra de renforcer les mesures prises au plan mondial pour la poursuite des OMD.Près d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement devraient y prendre part, ainsi que de nombreux dirigeants du secteur privé, de fondations et d'organisations de la société civile, pour sortir avec un certains nombres d'initiatives nouvelles à même de s'attaquer aux problèmes de santé, d'éducation, de pauvreté, d'alimentation et de changement climatique. Le 22 septembre 2008, l'assemblée tiendra une réunion de haut niveau sur les besoins en développement de l'Afrique, région la plus confrontée aux graves défis en termes d'agriculture, de changement climatique et de réduction de la pauvreté.
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