La pénurie de farine panifiable observée depuis quelques jours a conduit
certains boulangers à augmenter le prix de la baguette de pain en
l'arrondissant pour la plupart à 10 dinars, alors que le prix officiel est de
8,50 dinars.
La raison avancée par les boulangers est l'augmentation des prix des
matières premières, notamment la farine et la levure. Si ce dernier intrant est
un produit commercialisé librement et son tarif obéit à la loi de l'offre et de
la demande, celui de la farine panifiable est fixé officiellement à 2.000
dinars le quintal, vu qu'il est subventionné par l'Etat. Or, ce prix n'est pas
respecté et, de l'avis du président de l'association des boulangers de la
wilaya d'Oran, en temps de crise, ils sont contraints de payer le quintal
jusqu'à 2.400 dinars aussi bien chez les minotiers que chez les grossistes.
Une question se pose d'emblée :
comment il se fait que ce produit, destiné exclusivement à la fabrication du
pain, atterrit chez les revendeurs ? Si ces derniers, estiment certains
boulangers, sont autorisés à le vendre, ils devraient le tarifier à 2.000
dinars et auront une marge bénéficiaire, étant donné qu'ils font partie du
circuit de distribution.
Le représentant des boulangers
ira même jusqu'à pointer du doigt certains minotiers qui écoulent d'importantes
quantités de blé tendre à l'état brut, réduisant ainsi leur production au
détriment de la demande des boulangers qui devient de plus en plus rationalisée.
Pire encore, certains minotiers, profitant de cette crise, décident
unilatéralement de faire grimper les prix en faisant valoir la devise du «c'est
à prendre ou à laisser».
Contacté, un minotier estime que cette crise est due essentiellement à
des perturbations engendrées par des dérèglements dans l'approvisionnement,
notamment durant les jours fériés, de la part de la CCLS et cela a été le cas
durant le mois en cours, avec, en plus de l'aïd, le 1er Novembre, deux
occasions durant lesquelles la coopérative ne les a pas approvisionnés.
Quant à l'hypothèse du détournement du blé tendre vendu à l'état brut,
notre interlocuteur ne la dément pas, même s'il confirme qu'il n'est pas
concerné par cette pratique spéculative.
Devant ce manque à gagner, certains boulangers, voulant préserver leur
activité et, par conséquent, leur marge bénéficiaire telle que fixée
légalement, iront jusqu'à diminuer du poids de la baguette, qui est normalement
de 250 gr. Les charges salariales, alourdies avec le relèvement du SNMG, ainsi
que les redevances fiscales et parafiscales, sont autant de contraintes qui
poussent les boulangers soit à travailler au noir pour alimenter les seuls
revendeurs du marché des Aurès, et livrer les magasins d'alimentation générale,
soit à mettre la clef sous le paillasson, notamment pour ceux dont le code du
registre de commerce ne leur permet pas de produire de la pâtisserie, un
produit rentable, surtout au vu du prix subventionné de la farine panifiable.
Il y a deux ans, le comité national des boulangers, sous tutelle de
l'UGCAA, avait soumis au ministère du Commerce une fiche technique pour la
détermination d'une baguette de pain sous ses différents types (ordinaire et
amélioré). Comme conclusion, cette représentation avait estimé que si les
pouvoirs publics veulent que le prix de la baguette soit administré, ils sont
obligés de concevoir un système de subventionnement plus adapté, qui inclura
tous les aspects.
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Posté Le : 22/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah C
Source : www.lequotidien-oran.com