Algérie

Hausse des prix à la consommation et baisse du pouvoir d’achat des ménages


Patrons et experts tirent la sonnette d’alarme Deux éminents experts, en l’occurrence l’ex-chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, et l’ex-ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, ont animé, lundi en soirée, une conférence-débat organisée par le Forum des chefs d’entreprises (FCE). Les conférenciers se sont montrés extrêmement in- quiets de la hausse des prix à la consommation ainsi que par la faiblesse relative des salaires et de la productivité. Ils ont tenté à la fois d’expliquer les causes internes et externes de la faiblesse de l’investissement productif en Algérie et de la résurgence de l’inflation des prix avec leur corollaire naturel qu’est la baisse du pouvoir d’achat des ménages qui semble s’accélérer ces derniers mois. Le premier à intervenir est le président du FCE, Réda Hamiani, qui a plaidé d’emblée pour une politique de l’offre visant l’augmentation de la production et de la productivité car, pour lui, l’économie mondiale pousse à une tendance haussière des prix des matières premières. Ce qui s’exprime en Algérie par une inflation «importée» et donc par une hausse des prix sans productivité. En outre, l’ex-ministre des PME a attribué la faiblesse de l’investissement aux éternels problèmes qui freinent l’investissement de qualité, citant notamment les difficultés d’accès au foncier et aux financements ainsi que les entraves bureaucratiques. Il a terminé en appelant à la reconstitution de la classe moyenne, garante de la stabilité économique et sociale et de l’amélioration du pouvoir d’achat. Pour sa part, l’ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, a dressé un tableau peu reluisant de la situation économique et sociale du pays. Il soulignera que l’Algérie est installée dans une situation de pauvreté salariale qui a affaibli le pouvoir d’achat des ménages. Les facteurs concourant à ce marasme résident, selon l’économiste, dans l’effondrement du modèle de consommation, avec l’apparition du phénomène du crédit à la consommation qui a entraîné l’endettement des ménages durant les vingt dernières années. Il s’agit également de l’évolution durant cette dernière décennie de la masse salariale au profit des entrepreneurs individuels. En somme, l’ex-ministre des Finances constate que l’Algérie est entrée dans une zone de turbulence aux conséquences néfastes avec, de surcroît, une économie mondiale plus inflationniste. L’autre problématique responsable de cette situation, soulevée par Abdellatif Benachenhou, est la question de l’accès au logement, aux prix excessifs de l’immobilier. «Nous risquons de retomber dans le sempiternel problème de recours au logement social», a-t-il averti. Car, à ce moment, le promotionnel ne sera plus accessible aux ménages. Ainsi, il a suggéré de libérer l’offre interne, en déplorant le fait que la CNEP, par exemple, dispose de 1000 milliards de DA de dépôts, alors que ses crédits ne dépassent pas les 160 milliards de DA. Revenant sur la privatisation des entreprises et les IDE, l’ancien ministre des Finances a regretté que certaines démarches restent sans suite et même en retard comme c’est le cas du CPA, qui est pourtant décisif pour le crédit bancaire, donc de l’offre d’investissement. De son côté, Ahmed Benbitour a estimé que trois opportunités s’offrent actuellement à l’économie nationale en quête de redressement. Il s’agit, entre autres, de la démocratisation du savoir, l’aisance financière avec des réserves de change de plus de 80 milliards de dollars et sans endettement extérieur, en plus d’un taux d’épargne public appréciable (plus de 50% du PIB). Tout cela, assure-t-il, avec une tendance démographique très positive entre 2000 et 2030 qui s’oriente vers la tranche d’âge 16-59 ans en mesure de travailler, tranche représentant actuellement quelque 19% de la population et 30% à l’horizon 2030. Il a, par ailleurs, estimé que l’investissement est concentré sur les infrastructures publiques et pas assez sur le capital humain et les TIC. En conclusion, les intervenants préconisent la mise en œuvre d’une politique de l’offre et de trouver un consensus entre les secteurs privé et public dans le but de maintenir l’équilibre économique et social du pays.
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