Si le problème de la consommation de drogues et autres produits stupéfiants est mondial et «ne touche pas que l'Algérie », il y a tout de même lieu de s'inquiéter de la hausse des décès par overdose dans notre pays, estime Pr Rachid Belhadj, président de l'académie algérienne de développement des sciences médicolégales qui tire la sonnette d'alarme.«En tant que médecins légistes, cela fait presque une année et demi que nous alertons la tutelle et les pouvoirs publics sur ce phénomène des décès des suites de consommation de drogues », affirme l'intervenant qui était l'invité hier de la radio nationale Chaîne 3. « Cela commence à devenir inquiétant. Avant, en tant que professionnels de la santé, on prenait en charge les consommateurs de cannabis et de haschich. Le phénomène existait. Le cannabis ne tue pas. Mais depuis quelque temps on a affaire à des drogues dures (cocaïne, héroïne…), des psychotropes et cette fameuse "Tchouchna" qui est un mélange de produits, mais également la Prégabaline (saroukh) qui ne pardonne pas et tue», ajoute Pr. Belhadj.
« Ce qui nous fait mal c'est que, dans la plupart des cas, ce sont des sujets jeunes qui décèdent. Ils ont entre 20 et 22 ans », regrette l'intervenant qui souligne que ce fléau touche toutes les franges de la société algérienne, « étudiants, chômeurs ou jeunes travailleurs… Ce ne sont pas uniquement des sujets issus de milieux défavorisés », dit-il encore. S'il n'y a pas décès, « il y a une toxicité importante sur le cerveau, le c?ur, le poumon, les reins », et « ça peut entraîner parfois des décès de manière rapide et brutale ».
Interrogé sur les données disponibles, l'intervenant rappelle que plusieurs organismes fournissent des statistiques, dont « les services de sécurité, l'Office national de lutte contre la drogue », mais également des « études éparses faites par nos collègues psychiatres, toxicologues et légistes, mais dommage nous n'avons pas de chiffres exacts, ça reste encore un chiffre noir sur l'ampleur du phénomène, notamment en ce qui concerne les overdoses ». « Voilà pourquoi, nous avons, en tant qu'universitaires, tiré la sonnette d'alarme, et nous avons demandé à nous organiser pour donner un outil scientifique au réanimateur rapide de poser le diagnostic d'une overdose ou une autre cause, de prendre en charge, et de coordonner avec les services de police ou autres organismes ou association pour lutter contre ce phénomène », précise encore l'intervenant.
Pr. Rachid Belhadj s'inquiète de l'ampleur prise par ce phénomène qui «devient de plus en plus complexe ». «Parce qu'il touche toutes les sociétés. La drogue est dans nos écoles, nos CEM, en milieu professionnel, en milieu sanitaire, et en milieu sportif avec les produits dopants. Et aussi ce qui nous inquiète c'est que nous avons un pays à nos frontières ouest qui est un grand exportateur de cannabis qui essaye d'inonder le marché algérien avec ces produits ».
Pour l'intervenant, « il s'agit d'une affaire qui concerne tout Algérien ». « Maintenant, comment il faut faire pour lutter contre ce fléau ' Il faut que la société civile participe. Il faut que les gens dénoncent. On ne doit pas rester comme spectateur», note également Pr. Belhadj.
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Posté Le : 02/10/2023
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R N
Source : www.lequotidien-oran.com