Ce jour là, et à la faveur d’une visite officielle du ministre de l’agriculture, l’Algérie découvrait au JT de 20h, le nouveau pôle oléicole et la première huile d’olive made in Ouargla sous le label «Faucon du Sahara».
Cet immense domaine situé dans la commune de Hassi Ben Abdallah, sur la route de Touggourt, à une trentaine de km à l’est de Ouargla est entièrement dédié à l’oléiculture, avec un projet de grande envergure dont l’instigateur, M. Abdeldjabbar Bensaci affiche l’ambition de planter 1 million d’oliviers dans les cinq prochaines années.
« Mon grand-père avait 700.000 palmiers dattier, moi je rêve d’oliviers» raconte Abdeldjabbar, qui, la quarantaine dirige une exploitation agricole de 100.000 oliviers et une huilerie d’une capacité d’extraction de 20.000 q/j, réalisée dans le cadre d’un partenariat algero-espagnol avec Spanish Olive Technology.
Il y cultive le challenge de l’huile d’olive saharienne extra vierge au PH réduit exportable dés 2017 vers l’Afrique et le Moyen-Orient.
Ses maîtres mots, l’extraction à froid d’une huile d’olive extra vierge, une récolte précoce, et la perspective d’exporter une partie de la production cette année en Arabie Saoudite, aux Emirats et même en Afrique.
Dans sa pépinière, un jardin d’essai saharien, ni le vent, ni la chaleur et encore moins la salinité de l’eau et du sol n’ont l’air de dissuader ce jeune investisseur, qui voit grand, très grand. Outre le Chemlal et la Sigeoise, ses variétés fétiches, l’Arbicina et l’Arbosana ramenées d’Almeria «se sont très bien adaptées au climat local et se valent avec les autochtones en matière de résistance aux pics de température» raconte t-il.
Si bien que son objectif n’est pas loin de labelliser une huile d’olive Extra Vierge du désert, estimant que le capital soleil de l’oliveraie locale fait tout la différence et que la proximité immédiate du verger par rapport au lieu de stockage et d’extraction confèrent au produit final un Ph de 0.17 très appréciable.
Avec ses 2.000 oliviers productifs, il atteint les .2.500 qx d’olive, avec un rendement estimé à 12,5 / arbre alors que le rendement au nord va jusqu’à 20l et 25 l, produisant plus de 37.500 litres d’huile, soit un rendement de 15 litres /q. des rendements faibles pour le moment? Nous avons opté pour la qualité dit-il, le label saharien nous sert plus qu’il ne nous pénalise, c’est une huile équilibrée naturellement dont la rareté en fait un produit précieux ajoute t-il.
«Si les études technico-économiques n’avaient pas démontré la rentabilité du projet je n’aurais pas implanté une usine coûtant 8 milliards, croyez moi !».
La datte ou l’olive
1.000, 10.000, 100.000 oliviers plantés en huit ans, il se remémore avec fierté, les moments de plantation, d’irrigation et de suivi.
«Ce sont les résultats de la première expérience qui m’on fait réfléchir, dans ma famille on est phoeniculteur de père en fils, j’allais déroger à la règle et privilégier l’olive à la datte pour la première fois depuis des générations» explique t-il.
Technicien supérieur en agronomie de formation, mi-rêveur mi-audacieux et dont le vœu le plus cher était de produire de l’huile d’olive de bonne qualité pour soigner sa mère et sa famille, il estime que les qualités intrinsèques de l’olivier, arbre providentiel béni par le Coran font que le Sahara ne soit plus cette terre hostile ou l’olivier aurait une place subalterne.
Chez Agritech, les grignons d’olives ne sont pas réutilisés ou réchauffés pour une seconde extraction à chaud mais recyclés en compost. D’ailleurs, l’usine se spécialise dans l’extraction à froid via un équipement en acier inoxydable et un emballage en verre, elle ne compte pas de chaudière.
«Mon souhait était de pouvoir assurer à mes proches un aliment dans la pure tradition prophétique, en guise de complément alimentaire efficace contre les maladies cardiovasculaires».
Il commandait alors de l’huile d’olive dans les zones productrices potentielles d’Algérie et restait insatisfait de sa qualité par rapport à celle d’importation d’où l’idée de faire sa propre expérience.
" Mon rêve était de pouvoir en donner aux malades et au nécessiteux mais en voyant les premiers résultats, j’ai compris que ma vocation n’était pas le palmier dattier mais bien l’olivier. On a essayé de me dissuader y compris dans ma propre famille mais les résultats sont là, le ministère a envoyé ses experts pour s’enquérir de cette huile et ils étaient étonnés de découvrir un produit aux standards internationaux, très compétitif et à forte valeur ajoutée."
200 agriculteurs de Ouargla et du sud ont pu profiter de l’appui d’Abdeldjabbar qui leur accorde une gratuité d’extraction à hauteur de cinq quintaux, au-delà la prestation est symbolique ajoute t-il.
Economie d’eau
L’exploitation Bensaci est dotée d’un système d’irrigation automatique constitué de lignes de tuyaux de goutte-à-goutte enterrées sur 300 Ha. Les majestueux oliviers du désert, qu’on aperçoit à partir du trentième point kilométrique de la RN 56 sont arrosés directement à la racine puisque l’eau n’arrose pas la terre, mais la plante.
La préservation de l’eau est un souci majeur pour le gérant d’Algérie Horizons Agritech, la société à l’origine de ce projet privilégiant les technologies de pointe dans le domaine de l’oléiculture. Pour lui, «l‘économie de l’eau et la préservation de l’érosion via l’intensification de la plantation d’oliviers est une préoccupation quotidienne chez nous, le système du goutte-à-goutte pour les 100.000 oliviers existants est bien rodé, voyez la couleur permanente des feuille et les troncs d’arbre en bonne santé». Avec des armoires de commande électrique qui donnent à chaque arbre ses besoins journaliers en eaus et permet de maîtriser l’intervention humaine dans ce domaine.
Au début de la plantation, l’arbre requiert de 8 à 15 litres par jour, de 3 à 5 ans, la dotation journalière passe à 20 litres deux fois par semaine en hiver et un jour sur deux en été. Outre la micro-irrigation, l’introduction de nouvelles technologues de maîtrise de l’humidité au sol sont en cours par le biais d’un «médicateur».
En projet également, le recours aux hydro rétenteurs à membrane polymérique, une technologie toute récente dans les pays développés et vise l’amélioration du rendement des récoltes tout en permettant d’économiser les ressources en eau notamment dans les zones arides ou les conditions climatiques extrêmes et la qualité des sols rendent plus difficiles la rentabilisation des investissements agricoles. Cette nouvelle phase de maîtrise de la consommation d’eau est perçue comme un challenge par l’équipe technique du projet.
Le partenaire espagnol a présenté aux techniciens des granulés à incorporer directement dans le sol avec la semence dont la capacité d’absorbtion peut atteindre 500 fois leur poids sec initial en liquide. L’eau est ensuite graduellement libérée constituant ainsi un réservoir de stockage d’eau et de nutriments pour les arbres.
L’audacieux Abdeldjabbar Bensaci se prépare ainsi à introduire une technologie permettant d’économiser 50% d’eau et 30% des apports de produits fertilisants et de traitement.
Le projet du million d’oliviers ambitionne de rationaliser l’utilisation de l’eau et réduire les coûts de production de l’huile Extra vierge d’olive du désert. Aidé par son partenaire espagnol, Abdeldjabbar lance une gamme de dosette d’huile d’olive destinée aux grandes chaines de restauration gastronomique.
«Nous serons le 4e producteur mondial si tout va bien» dit-il.
Photo: En novembre 2014, l’inauguration officielle de l’huilerie moderne Bensaci de Ouargla mettait au jour un ambitieux projet oléicole ou s’étalaient non pas des palmiers mais pas moins de 100. 000 pieds d’oliviers sur une superficie de 300 Ha.
Houria Alioua
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Posté Le : 06/04/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Houria Alioua
Source : elwatan.com du mercredi 5 avril 2017