Le PDG de Alliance
Assurance candidat à la présidence du Forum des chefs d'entreprise assume une
divergence de vision avec le président sortant, Réda Hamiani. Lui veut faire du FCE un grand syndicat
d'employeurs, solide face aux pouvoirs publics et utile à ses membres. Les
patrons électeurs au FCE le suivront-ils dans ce challenge alors que
l'organisation s'est contentée depuis de longues années d'un positionnement
restrictif de «haut de gamme» ? Réponse jeudi prochain.
Hassan Khelifati fait une courte halte à son bureau panoramique du
centre d'Al Qods à Chéraga.
Avant de répartir vers l'Ouest à la rencontre de chefs d'entreprise membre du
FCE : «cela se présente bien». Il y a un an il était comme aujourd'hui sur les
routes. Le road show pour l'introduction en Bourse de Alliance Assurance dont
il est le PDG. Il fallait convaincre des souscripteurs. Un peu comme les
électeurs de jeudi prochain. Un projet, des propositions, un pacte. A la
différence, dans le cas de l'élection à la présidence du FCE, qu'il «existe un
passif». «Je rentre de l'Est. Il y a un seul membre du FCE à Bordj Bou Arréridj. Vous vous rendez
compte, à Bordj, sur la plus belle concentration de PME innovantes. Trois
membres à Sétif. Un seul à Constantine. Le FCE est absent des zones
industrielles dynamiques de l'Algérie». Au jour de la validation des
candidatures, il y ‘ avait exactement 220 membres dont 178 à jour dans leurs
cotisations. «Réda Hamiani
en avait promis 500 le jour de sa réélection en 2009». «Nous sommes dans un
conflit de vision» : le mot est lâché. «J'ai dit à mes collègues chefs
d'entreprise, c'est à vous de dire ce que vous voulez faire du FCE» Un club
fermé pour quelques grands chefs d'entreprise ou une organisation d'employeurs
ancrée dans les régions et dans les filières, «à l'écoute de tous». Hassan Khelifati a bien conscience que son thème de campagne
s'adresse peut-être à des électeurs qui ne sont pas encore dans le FCE. Il en
prend le risque. Et en atténue la portée : «Un FCE plus large à sa base, c'est
la possibilité pour ses membres actuels qui souffrent pour leur grande partie
d'être souvent seuls face à la machine bureaucratique de sortir de leur carcan».
Des entités par régions et par filières – comme pour les organisations
patronales au Maroc et en Tunisie «fera remonter le souffle créatif des PME du
pays dans les artères de l'organisation». Il faut pour cela que le FCE finisse
par bien assumer son destin de syndicat d'employeurs, qu'il s'était refusé
d'être à sa création. «Nous sommes bien maintenant à la table de la tripartite»
rappelle Hassan Khelifati. Les évènements ont décidé
pour le FCE.
LE STYLE KHELIFATI
EN COMMODO-INCOMMODO
Le PDG de Alliance
Assurance ne s'arrête pas aux carences. Même s'il a du mal à passer sur les
petits gestes qui auraient pu changer le vivre ensemble dans le FCE : «une
lettre au ministre que l'on peut écrire pour dire que nous sommes là aux côtés
d'un membre qui a élevé une requête» ou «un expert que l'on peut détacher pour
conseiller nos adhérents sur un thème sensible de la fiscalité». Il en vient à
l'essence de sa candidature. Le changement bien sûr, la rupture avec
«l'élitiste statique» qui domine l'organisation, «mais dans un style différent»
de celui de son ami Mohamed Baïri, qui a fait de
«l'attaque frontale» du bilan de Réda Hamiani un de ses moteurs de campagne. Hassan Khelifati cultive ses vertus de rassembleur. Il partira à
la cérémonie de présentation de la candidature du président sortant, tout comme
il rendra partout visite «à des collègues qui m'ont annoncé au téléphone à
l'avance qu'ils voteraient pour un autre candidat». C'est le style Khelifati. Pas sans «ambiguïté» pour ses contradicteurs. Dans
sa lettre de retrait de candidature du 13 novembre dernier, Nassim
Kerdjoudj PDG de Net-Skills
pointe «des préoccupations électoralistes arrimées à des intérêts partisans à
peine dissimulés», une allusion qui pour sa partie «politique» veut viser Hassan
Khelifati réputé à l'aise dans le contact avec les
formations politiques notamment de la majorité présidentielle : «je revendique
de porter partout ou l'on est prêt de m'écouter, le point de vue de
l'entreprise. Pour le reste tout le monde sait que je suis indépendant». Le
patron de Alliance Assurance précise sur sa lancée qu'il veut mettre le FCE à
l'abri des arbitrages politiques qui ont nui à sa cohésion par le passé. Référence
aux appels à voter pour Abdelaziz Bouteflika en 2004
et 2009, une intrusion du FCE dans la politique qui ne lui a même pas valu les
égards du Prince comme l'a montré par la suite la LFC 2009.
UN GRAND PACTE
PROPOSE A L'ETAT
Reste les idées. Hassan
Khelifati, membre de Care, le cercle d'action et de
réflexion de l'entreprise, initiateur de Nabni, le
challenge citoyen pour 100 réformes en un an, «concède» qu'il est loin d'être
«le plus démuni sur ce terrain». Première démarche, apprendre au FCE à
«recourir aux expertises externes pour documenter ses argumentaires». Le
candidat à la présidence du FCE, propose ensuite une sorte de grand pacte à
l'Etat. «Les entreprises deviennent de plus en plus responsables de leur rôle
social. Elles deviennent citoyennes. Le FCE va promouvoir cette tendance. En
échange l'Etat doit venir à la rencontre de cette évolution» : Réduire le
maquis administratif qui engloutit l'esprit d'entreprise et les porteurs de
projets. Exemple sur le financement de la retraite, les employeurs peuvent
envisager de souscrire plus… s'ils gagnent de l'efficience grâce à un
environnement moins contraignant. Comment ? «Avec l'informatisation des
services des impôts, par exemple». De même, le pays a besoin d'accélérer le
volume des investissements durables. Le partenariat public-privé
est un levier sans pareil. Le premier a les fonds et les institutions, le
second les projets et le savoir-faire. «Regarder le Fonds national
d'investissement – FNI – et tout ce qu'il est possible de faire émerger comme
valeur nouvelles» en l'amenant à participer plus vite à l'essor des entreprises
privées. Hassan Khelifati, formé au management à
l'université algérienne, distille tranquillement une sorte de bon sens du
terroir : «Je ne comprends pas que l'investissement soit soumis à autorisation,
alors qu'un simple registre de commerce, parfois factice, permet d'importer». Il
veut conquérir la présidence du FCE aussi pour changer cela.
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Posté Le : 15/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : EL Kadi IHSANE
Source : www.lequotidien-oran.com