Algérie

Harraga Des questions sans réponse


La problématique de l'émigration clandestine peut-elle être résolue en Algérie par quelques mesures tirées de potions magiques sans aucune liaison avec la réalité ? C'est en fait la grande question que se posent les pouvoirs publics qui veulent éradiquer, comme si c'était une gangrène nationale, l'émigration clandestine. Selon une étude publiée en marge du colloque d'Oran sur ce thème, le chômage constitue le premier facteur incitatif à l'émigration clandestine. Sur 235 jeunes, 312 personnes sondées (dont 53 femmes) à travers les 26 communes de la wilaya d'Oran estiment que le chômage est la cause principale du phénomène de l'émigration clandestine. L'étude, faut-il le préciser, a été réalisée par des psychologues, c'est-à-dire menée pour voir si ces individus qui bravent les dangers de la mer et gaspillent des milliers de dinars sont «fous» ou non. Bref, selon cette étude donc, en plus du chômage, les proportions les plus larges de l'échantillon questionné, dont l'âge varie de 16 à plus de 35 ans, mettent également en cause «la pauvreté, la cherté de la vie, la perte de confiance en l'administration et la recherche d'une vie meilleure». Hamid Khaldoun, spécialiste des questions sociales, psychologue et chercheur spécialisé auprès du bureau de l'Onu à Alger, a révélé récemment dans une émission radiophonique que, «pour le moment, aucune demande n'est venue des pouvoirs publics pour réaliser une étude sociologique sérieuse, crédible et scientifique sur ce phénomène». En fait, l'émigration clandestine, qui n'est nullement un phénomène propre à l'Algérie, n'est pas mesurée à sa juste valeur. Car si les tentatives actuelles des pouvoirs publics visent à décrédibiliser politiquement et socialement ce phénomène qui a pris en fait racine il y a déjà plus de 30 ans parmi la jeunesse algérienne, il n'en demeure pas moins qu'il reste sociologiquement un fait social d'actualité. Les annonces médiatiques du type «l'Etat a dégagé des centaines de milliers d'emplois pour résorber le chômage» sont sans grande portée sur une dure réalité de mercantilisme administratif. Dans les petits villages, les douars, la vie est dure, les jeunes, beaucoup ayant un rang universitaire, ont perdu tout espoir sur une vie digne. En fait, l'émigration clandestine, vu sous un angle positif, est une sorte de soupape de sécurité autant pour atténuer les tensions sociales que pour régénérer le tissu social et générer des ressources en devises pour le Trésor public. Le Mexique est considéré à l'heure actuelle comme le plus grand pays dans le monde émetteur d'émigrés clandestins. Au moins un millier de Mexicains entrent illégalement chaque année aux Etats-Unis. Les Mexicains installés sur le sol américain y travaillent dans les exploitations agricoles et envoient chaque année près de 20 milliards de dollars au pays. Ces chiffres, communiqués par les services de l'immigration américains en disent long sur ce phénomène devenu planétaire. Les «harraga» algériens, ou maghrébins ont la mer à traverser, les Asiatiques, des dizaines de milliers de km de désert pour rejoindre l'Europe, et les boat people sud-américains, des milliers de miles pour l'Eldorado. Tous n'y parviendront pas. Mais tous veulent leur part de prospérité dans ces pays de «Cocagne» dont la richesse s'est faite un jour sur le dos des peuples colonisés. Et puis, n'est-il pas grand temps pour rentabiliser la manne financière de notre émigration ? Le Maroc en tire chaque année près de 3 milliards d'euros, idem pour la Tunisie. Combien pour l'Algérie dont la plus forte communauté en France est algérienne ?
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