Algérie

Haro sur les mobylettes



Un son strident qui s'approche, le tympan surexcité, faites gaffe : c'est une mobylette préparée justement pour produire cette pollution sonore. Favorisée par une topographie aux « platitudes » avérées, les « bi-roues » de la déchéance circulent partout dans le Grand comme dans le « petit » Blida. Même à l'approche d'un barrage de sécurité, le bipède conducteur de la bi-roue ne fait pas grand cas de la présence de l'agent de l'ordre, provocant ainsi, crescendo, la hargne micmac-tectonique de sa moto. Au contraire, des coups saccadés d'accélérateurs hâtent, dans l'implicite du message gestuel évident, l'agent de l'ordre à laisser libre la voie, et plus vite que ça, à ces tournées assourdissantes qui suscitent au quotidien le mépris, l'indignation et l'ahurissement des populations blidéennes en quête de virées nocturnes paisibles.Par ailleurs, l'excès de vitesse, slalomer entre véhicules en déplacement et se frayer des brèches de chemin entre les passagers, en dehors des désagréments produits, des accidents, parfois mortels, sont enregistrés par moments. Des gamins percutés ou encore télescopage en direct contre des obstacles fixes ou en mouvement sont autant de cas relevés à longueur de la semaine, surtout au niveau des points de jonction des chemins de quartiers et des routes départementales ou au niveau des carrefours. Cela s'explique par le fait que les bruits assourdissants émoussent la capacité de contrôle et de maîtrise du mouvement ainsi que la reconnaissance et l'appréciation en temps réel de l'espace et des orientations à prendre.Ben Achour, Ladjdane, la cité du Téléphérique, les quartiers de Ouled Yaïche, la cité Touaresse ou même le centre-ville de Blida ville sont autant d'endroits où circulent à l'aveuglette des coups d'accélérateurs, échappements rasés à même le moteur, des écervelés en euphorie de vitesse. Les « pauvres » habitants de ces endroits ont aussi, comme leurs semblables des quartiers huppés, le tympan fragile. Il faut tracasser dans leurs retranchements ces arrogances. Entre 70 et 45 décibels, respectivement le jour et la nuit, ces normes de sonorisation s'avèrent largement dépassées en l'absence d'actions coercitives pour rappeler à ces « producteurs » de surdité chronique qu'il ne faut pas trop faire hurler leur « Take May Brother Way, non pardon, cela n'a rien avoir avec la Harley Davidson ». Les nombreuses sollicitations de la part des citoyens pour dénoncer ce phénomène, qui se contredit avec le minimum du civisme, sont restées lettre morte. Rappelant que depuis qu'il y a eu ce fameux arrêté du wali, datant des années 1980 et relatif à l'interdiction de la circulation des mobylettes bruyantes dans la ville, des milliards de décibels ont depuis percuté des millions de tympans de citoyens durablement agacés dans leur vécu. Parler des sens interdits, au vu du visu, s'apparente parfois à une sémantique de non sens.Sens dessus, sens dessous, les conducteurs de mobylettes ne font pas souvent grand cas du sens aller, du sens retour. Ils pointent de partout et surgissent parfois même du néant, attention ça sillonne tous azimuts. Un guêpier tendu ces derniers jours, par les forces de l'ordre sur la route longeant le siège de la wilaya, solennité du lieu oblige, s'est soldé, dit-on, par la mise hors d'état de « déflagrations quotidiennes » d'un lot important de « pétaro-cyclettes » pour diverses infractions commises, mais dit-on aussi que les grandes cylindrées de luxe étaient, paradoxalement, parfois, absoutes de cette opération de décontamination de la pollution sonore.Bref, une difformité parmi tant d'autres. Si le terrorisme routier fait 4000 morts/an et constitue au regard des chiffres un fléau à l'échelle nationale, nous ne nous s'étonnons pas que l'on parlera demain aussi de la surdité comme un fléau de santé publique, de surcroît qu'un « ventre affamé n'a point d'oreille ».


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