Algérie

Harga, l'autre suicide



Harga, l'autre suicide
Désespoir - La harga s'est multipliée par ces temps de grand désespoir. Ils sont nombreux ces jeunes dont la mer s'est «rassasiée».
Les harragas, ces candidats à l'émigration clandestine, qui «brûlent» les frontières et empruntent entassés, des embarcations de fortune. Ces gens qui bradent leur vie contre une chimère même s'ils savent que la mort les guette dans les flots de la Méditerranée.
Cette tragédie se déroule et se répète dans l'indifférence la plus totale des pouvoirs publics. Il aura fallu les protestations de l'Europe pour que ces harragas soient désormais jugés et emprisonnés lorsque les gardes-côtes les arrêtent.
Ces mesures ont fait réagir négativement les harragas. Parmi eux, vingt Algériens interceptés par les gardes-côtes, ont ainsi aspergé leurs embarcations d'essence et y ont mis le feu.
Tentative d'immolation collective, alors que les corps de cinq harragas tous originaires de l'ouest du pays, morts noyés sur les côtes espagnoles, ont été rapatriés. Cette fin tragique n'a pas dissuadé les candidats à ces voyages de la mort puisque la presse continue de rapporter presque chaque jour beaucoup de tentatives de ce genre souvent avortées car interceptées par les gardes-côtes.
Le recours à l'immolation ou à prendre le large pour un sort incertain est une nouveauté déstabilisante qui s'inscrit dans le sillage de ce qu'on appelle «le printemps arabe», une jolie phrase pour désigner des fratricides au quotidien.
«Là encore tandis que le sang coule à flots et que l'on sacrifie des vies humaines, on parle de liberté. C'est le signe d'une grave dégradation psychique sur laquelle il faudra bien se pencher un jour», soutient un psychanalyste en soulignant que c'est bien la preuve que nos sociétés ont atteint le stade ultime de la désespérance. C'est «un acte de protestation publique», explique un psychiatre. «C'est la façon la plus flagrante de protester quand on ne peut ni parler ni être entendu. C'est le cri des opprimés de toute nature», estime-t-il. Et ce dernier geste ne peut être ni caché ni oublié. Pour le psychiatre, «parler de troubles mentaux est l'ultime tentative des autorités de cacher la réalité. Ces actes sont très porteurs de sens. C'est trop facile de dire que ce sont des fous.
C'est une manière de cacher un message, de le discréditer, pour faire taire ce cri.» Pourtant, en nous référant au cas Bouazizi, l'immolé devient un héros national pour avoir fait le sacrifice ultime qui a permis à la société de se réveiller. Cependant, dans cette logique l'on oublie que le suicide est un acte interdit par l'islam.


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