Algérie

Harcelées, violentées, elles accusent


L'omerta ou la loi du silence dans laquelle s'était réfugiée la gent féminine en Europe et aux Etats-Unis vole en éclats suite aux dénonciations. La peur du scandale en est la motivation première, ajoutez à cela le désir de préserver une carrière des pulsions d'un patron aux mains baladeuses et ses harcèlements. Evidemment, en milieu fermé, le jeu est facile et tout peut basculer. La victime a beau repousser son bourreau, un moment de faiblesse, et l'irréparable est commis. Motus et bouche cousue. Tant que personne n'a rien vu, ça va, d'autant que l'hypocrisie en milieu professionnel est une donnée bien ancrée dans les us et coutumes.Le festival de Woodstock (USA-1969) aura été, durant quatre jours, le déversoir des rêves et fantasmes d'une jeunesse frustrée par le modèle de société légué par les aînés. À l'ordre oppressant, elle oppose une liberté débridée, contestatrice sur le modèle des groupes de musique rock, blues, folk rock, etc. D'ailleurs, de grands noms émergeront et seront portés par une longévité pour des décennies. De plus, en ces années soixante-huit, elle prônait la révolution dans un climat de confrontation idéologique et de chocs des blocs Est-Ouest.
Le mouvement féministe, sous-entendu émancipation de la femme de l'hégémonie masculine, entend rejeter avec force tout sexiste, « sois belle et tais-toi !». Les autres faits majeurs dans ce contexte de remise en cause de l'ordre ancien ce sont la revendication de la liberté sexuelle : « Mon corps m'appartient », et la loi sur l'avortement. S'affranchir du legs du passé est aussi une manière de vivre de plein droit l'égalité homme-femme. À telle enseigne que la volonté d'une minorité de légaliser les mariages du même sexe a produit une loi dont la remise en cause est taxée d'homophobie et de délit passible des tribunaux. Le citoyen lambda ne se retrouve plus dans ce charivari à donner le tournis. Maillon faible de la société, la femme est naturellement prise dans un tourbillon où les prédateurs, sous l'apparence de l'homme respectable, profitent de sa fragilité et du rapport de force en leur faveur en tant que mâles. Le « droit de cuissage » hérité de l'aristocratie féodale n'est pas une vue de l'esprit. Puis arrive un jour où la colère, longtemps retenue, déborde.
Aux Etats-Unis, le mouvement « Mee too » est rejoint en France par sa réplique « Balance ton porc ». La guerre est déclarée, féroce, la justice doit se déterminer et accuser réception d'un nombre toujours plus grand d'affaires scabreuses. Fadela Amara, militante féministe française, lance l'association « Ni pute ni soumise ». Désormais, l'impact touche les médias, l'opinion publique, voire les formations politiques.
À l'ère de l'internet, des réseaux sociaux, plus rien ne semble stopper une machine qui s'emballe. Des noms prestigieux des médias, des artistes de renom, des hommes politiques sont dénoncés, déshabillés en public. Une vie entière bascule dans l'opprobre. C'est le cas de l'ancien gouverneur de New York, le réalisateur du documentaire Ushuaïa ou de l'ex-star du JT de la chaîne TF1, tous inculpés pour agression sexuelle. Un simple « tweet » et c'est l'apocalypse ! L'écho de ces voix qui crient justice parvient aussi en Tunisie où un député, accusé de harcèlement sexuel par une jeune lycéenne, doit rendre des comptes devant la justice.
Chez nous aussi, la justice a eu à se prononcer sur des cas semblables, par exemple sur un directeur d'une chaîne télé publique. Viol, harcèlement sexuel, des scandales courants mais souvent étouffés par peur de la société, de la famille. On en parle mais, chut, c'est encore tabou.
Brahim Taouchichet
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