Algérie

Happenings



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«La politique m'apparaît comme une sinistre rigolade.» Simone WeilEn politique, il n'est pas rare que le Guide qui a tracé un jour un inexorable itinéraire continu, fixé droit sur un but intangible, ne soit obligé de tourner à droite ou à gauche ou à revenir un jour sur ses pas...! Le grand Lénine arrivé à maturité avait tiré la conclusion qu'en politique, il y avait des moments, des circonstances difficiles à assumer où il valait mieux reculer pour mieux sauter. Il disait: «Un pas en arrière, deux pas en avant...» C'était sans doute exprimer un renoncement provisoire à des principes de base difficilement durs à faire avaler au commun des militants. Ainsi, dans la pédagogie qui lui était coutumière, il expliquait que le renoncement n'était pas le reniement et qu'il y avait des conjonctures telles qu'il valait mieux se courber un peu, que se casser...Cette souplesse dans la manière d'appréhender les problèmes est pour les uns la garantie d'une longévité en politique, et pour les autres, l'expression d'une duplicité manifeste propre aux politiciens versatiles... Cependant, comme disait le grand fabuliste de nos jeunes années, en toute chose, il faut considérer la fin et la fin justifie les moyens. (A cette allure, cette chronique risque de devenir un ramassis de citations!...) mais il ne faut pas perdre de vue que l'homme politique, au sens propre du terme, est avant tout un acteur (non pas un comédien) de la vie politique et qu'il doit adapter ses tirades en fonction de l'évolution dramaturgique du moment: trouver un ton léger quand l'atmosphère est à la détente, employer l'emphase profonde quand la tragédie est à la porte du salon...Le changement de style, en aucun cas ne saurait être interprété comme un changement de direction dans la manière de conduire les affaires publiques. Car, en définitive, il s'agit de cela! Comment gouverner sans donner l'impression de changer de cap, alors que le timonier se décarcasse en donnant des coups de barre à droite et à gauche pour éviter les écueils qui risqueraient de porter un coup fatal à sa carrière politique. Car, en fait, il ne s'agit que de cela. Le grand problème qui se pose aux artistes de la politique est le même que celui qui se pose aux animateurs des émissions de télévision: comment durer sans lasser le public'Pour durer, il faut sans cesse innover! C'est le secret de la réussite sur la scène politique. Et pour innover il faut avoir d'abord de l'imagination, c'est-à-dire, non seulement construire les scenarii les plus improbables, mais encore prévoir les situations les plus extrêmes afin d'adopter les différentes postures qui vont avec chaque situation. Naturellement, les dialogues, le ton, le style, le décor, le costume vont de pair avec les postures. Ainsi, au fil des années (j'allais dire au fil des émissions), le téléspectateur-électeur aura toujours l'impression de voir une émission nouvelle bien que les personnages qui se démènent sur la scène soient toujours les mêmes. Evidemment, il y a toujours des petits changements: celui qui était un second rôle époustouflant cède un jour la place à quelqu'un qui faisait de la figuration intelligente et qui passait son temps à semer des peaux de bananes dans les coursives du parti unique...Celui qui avait l'étiquette d'un éradicateur inconvertible risque d'endosser au beau milieu de la pièce la gandoura du réconciliateur convaincu. Mais le contorsionniste de la farce qui se joue aura du mal à se rendre crédible en jouant, hier, le rôle du grand privatiseur et demain, celui du nationalisateur, défendre, hier, les intérêts des multinationales et de major compagnies, puis réhabiliter sans crier gare, la cause de la grande société nationale, poumon financier du régime et de la population invitée à un spectacle dont le prix du ticket sera fixé plus tard quand les carottes seront cuites...Quand tout cela se passe (augmentations des salaires, primes, pensions et retraites, demi-nationalisation...) à la veille d'une consultation électorale que la plupart jugent inopportune, le spectacle risque d'être lassant et de faire un bide tant la démagogie est criante.




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