Algérie

Hanoune dénonce «la politique de l'autruche»



Louisa Hanoune ne partage pas le constat établi en Conseil des ministres par le président de la République. Elle estime que le bilan de l'action gouvernementale est loin d'être en demi-teinte, assurant qu'au contraire, « ça va très mal ». La secrétaire générale du Parti des travailleurs estime que la politique de l'autruche ne pouvait perdurer. Elle prédit une année faite de combat, notamment en faveur de la libération des détenus d'opinion.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La secrétaire générale du Parti des travailleurs dresse un bilan peu positif de l'année qui s'achève. Celle qui s'annonce risque de ne pas être bien différente en raison de ce que Louisa Hanoune qualifie d'impasse. Pour en sortir, dit-elle, il faut des garanties et des signaux forts de la part du Président, à commencer par la libération de l'ensemble des détenus d'opinion, emprisonnés, dit-elle, par le même régime d'avant le 22 février et qui est aujourd'hui en crise.
Intervenant hier à l'issue d'une réunion du bureau politique du Parti des travailleurs, Louisa Hnaoune a commenté l'issue du Conseil des ministres tenu la veille et consacré au bilan de l'action gouvernementale. Si le communiqué dresse un bilan mi-figue, mi-raisin, la numéro un du PT estime qu'il s'agit là d'une « fuite en avant » et de « politique de l'autruche » au moment où « ça va très mal ». Le pays, dit-elle, est au bord de la faillite de laquelle seules des « mesures urgentes » peuvent le sauver.
En ce début d'année, assure Hanoune, certaines sont urgentes à l'image de la libération des détenus d'opinion qui sera perçue comme un signe des bonnes intentions du président de la République. Il est également primordial, dit-elle, de cesser les politiques antisociales tout comme la déstructuration du service public. La secrétaire générale du Parti des travailleurs en appelle également à l'arrêt de la politique de la fuite en avant dans la gestion de la crise sanitaire, estimant que l'Etat s'était débiné en choisissant le confinement comme solution et en ne jouant pas pleinement son rôle en matière de prévention en prenant en charge les tests, en mobilisant tous les moyens humains et matériels pour le dépistage plutôt que de faire le choix de la facilité. Evoquant le procès en appel qui s'est tenu en début de semaine, Louisa Hanoune a tenu à rappeler qu'elle avait fait appel en vue de sa réhabilitation et pour redonner à l'action politique la place que l'on a voulu lui ôter en ciblant la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Si elle estime qu'elle n'en attendait pas moins que l'acquittement et l'abandon de toutes les charges, Hanoune considère qu'il s'agissait surtout de corriger un verdict qu'elle assimile à des « décisions politiques » prises pour se venger des positions politiques du parti et de sa première responsable.
Le vrai complot, dit-elle, c'était le « hold-up du mouvement populaire » après la démission de Bouteflika qui a empêché le départ du régime. Le centre de décision qui était derrière cela, dit-elle, a usé de la force et tenté de museler toutes les voix, y compris celle du PT « mais, se félicite-t-elle, il n'a pas réussi à briser l'élan révolutionnaire même si les rassemblements n'ont plus lieu en raison de la situation sanitaire ». Totalement innocentée, Hanoune considère, néanmoins, qu'elle ne se sentira totalement libre que lorsque tous les détenus d'opinion seront libérés.
N. I.


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