Algérie

Hanifi accuse le MJS



Hanifi accuse le MJS
Une semaine, jour pour jour, après la fronde que mènent contre lui dix des treize membres du comité exécutif du Comité olympique algérien (COA), le président de la structure olympique, le docteur Rachid Hanifi, a décidé de réagir en tentant de battre en brèche les accusations de ses détracteurs, estimant que ces derniers «sont à la solde de certaines structures du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS)».
- Il y a une semaine, dix des treize membres du comité exécutif du COA, dont vous êtes le président, vous ont accusé ouvertement de gestion personnelle et unilatérale des affaires du comité. Qu'avez-vous à répondre à ces personnes '

Tout d'abord, je tiens à m'inscrire en faux contre les accusations portées à mon encontre. Mes détracteurs évoquent un mode de gestion personnel du président ; hors, cela fait plus de trois ans que je préside le COA, alors pourquoi ont-il attendu tout ce temps '
Pourquoi subitement mon mode de gestion est-il devenu sujet à critique, à deux mois des JO de Londres ' A un mois et demi de l'assemblée générale, qui demeure l'instance souveraine pour traiter ce type de problème, et à quelques mois de la fin du mandat olympique ' La raison invoquée, c'est-à-dire la gestion personnelle, ne peut en aucun cas être la véritable raison de cette sortie des membres ; il y a autre chose derrière, d'autant plus que, les PV des réunions faisant foi, il n'y a aucune décision qui a été prise engageant le comité olympique et qui n'a pas été discutée par le comité exécutif et entérinée par les PV, en présence de tout le monde. La véritable raison, il faut la chercher ailleurs'

- Et, qu'est-ce qui vous fait dire que la véritable raison est à chercher ailleurs et quelles sont, selon vous, les véritables raisons de cette fronde '

Il faut savoir que les trois seuls membres qui n'ont pas adhéré à cette action déstabilisatrice sont les seuls à ne pas être des présidents de fédération. C'est-à-dire que personne ne peut exercer de pression sur eux. Les autres membres, ceux qui sont derrière cette opération, n'ont pas la possibilité de dire non à ceux qui ont dicté la conduite à observer. Etaient-ils obligés de se réunir dans un hôtel pour rédiger une pétition contre le président ' Par qui la note a-t-elle été payée ' Le président de la fédération, qui a payé la facture de la réservation de la salle, peut-il assurer que sa fédération est riche au point de faire cette largesse pour plaire ' C'est une grosse ficelle qu'aucun observateur neutre n'avalera.


- Vous reprochez donc à ce président de vouloir régler des comptes personnels avec vous à travers cette réunion'

Pas du tout, quand j'évoque cette manière d'agir, je veux dire que ces gens ont eu l'aval ailleurs. Moi, je suis persuadé que tout cela est orchestré à partir des structures du ministère de la Jeunesse et des Sports.
Je le dis ouvertement, parce qu'on ne se rebelle pas de la sorte si on n'a pas été conseillé pour. Si vous voulez une autre preuve de ce que j'avance, alors expliquez-moi le choix de la salle de conférences de l'OCO choisie pour abriter une conférence de presse, lundi, de ce groupe ' La salle relève du MJS. Faut-il un dessin pour comprendre les ramifications de cette affaire '


- Qu'est-ce qui vous rend aussi catégorique pour accuser ouvertement le MJS, et vous visez qui en particulier au niveau du MJS '

Je n'accuse personne en particulier et je confirme que tout cela est orchestré au niveau du MJS et relayé par des présidents de fédération qui n'ont peut-être pas apprécié mon analyse des résultats obtenus aux Jeux africains et arabes. Ils ont trouvé comme prétexte ma gestion, alors que c'est la même depuis ma prise de fonction il y a trois ans. Admettons que cela soit vrai, le problème se règle au niveau de l'assemblée générale et pas ailleurs. Surtout pas dans des un hôtel. L'AG est la seule habilitée à se prononcer sur un bilan. L'opinion publique n'est pas préoccupée par ce qui se passe ni comment Hanifi gère le COA. Elle l'est pour les résultats sportifs obtenus. Nous sommes tous comptables pour nos actions et résultats. Moi, je n'ai jamais éludé mes responsabilités. J'ai toujours assumé mes responsabilités dans tout ce que j'entreprends.

- Vous vous réunissiez régulièrement, mais vous n'avez pas vu venir les prémices de cette fronde '

Effectivement. Il y a d'abord eu cette histoire des prérogatives du secrétaire général du Comité olympique, qui ont été réaménagés, après notamment un conflit avec certains membres du comité exécutif, plus précisément avec le premier vice-président. Il y a eu de nouvelles prérogatives dans le seul but de réinstaurer la sérénité au sein du comité exécutif. Par la suite, il y a eu des inspecteurs qui sont passés, à savoir ceux des finances et du ministère, qui nous ont demandé d'élaborer un organigramme. J'ai donc chargé le secrétaire général avec un groupe de travail d' élaborer un organigramme pour le COA, qui devra passer par ce même comité exécutif, et à partir de là, la répartition des prérogatives se fera selon l'organigramme défini. Mais le travail n'a jamais été fait, la seule préoccupation de ces membres était centrée sur le cabinet du président et les postes de conseillers.

- Pourquoi, selon vous, y a-t-il eu refus de mettre en place cet organigramme '

A mon humble avis, la démarche de ces personnes est mue par un seul objectif : écarter tous ceux qui peuvent faire venir des sponsors pour demeurer totalement dépendants du ministère et des subventions qu'il donne. Je pousse un peu plus la réflexion et j'ajouterai que le but recherché est de refuser totalement l'autonomie des fédérations et du COA vis-à-vis du MJS. Voilà l'enjeu de cette affaire.

- Selon vous, c'est cette autonomie réclamée par le COA par vos soins qui constituerait la véritable pomme de discorde '

Ces gens-là ne veulent pas de l'autonomie du COA. Pour eux, le COA doit rester un appendice du MJS. C'est là le véritable fond du problème, qui s'est révélé lors de la dernière réunion du comité exécutif. On est à seulement deux mois de la date de la tenue de l'Assemblée générale ordinaire (AGO). Pourquoi tout ce raffut ' Pour saboter la prochaine AGO qui doit établir les bilans prévisionnels, il n'y avait pas mieux que ce scénario de mauvaise qualité. Pour moi, c'est clair comme l'eau de roche.

- Il y a justement un mois, lors du forum d'El Moudjahid, vous aviez insisté sur cette autonomie de gestion, de l'indépendance du COA par rapport au MJS' Peut-on dire que c'est à partir de là que tout a commencé '

Tout à fait. En plus, cette autonomie du Comité olympique n'est pas une invention de Hanifi. On a été à Moscou récemment et cette option a été appuyée par le comité exécutif du Comité olympique international (CIO).

- Le CIO a-t-il eu vent de ce qui se passe au COA '

Ce qui me fait de la peine, c'est que j'ai reçu, dans le courant de la semaine écoulée, un appel téléphonique de la part d'un responsable du CIO, pour me dire : «Qu'est-ce qui se passe encore une fois au niveau du Comité olympique algérien ' Il n'est pas normal qu'il y ait deux crises majeures au COA en moins de trois ans et nous suivons de près cet épisode», et de poursuivre : «S'il y a une assemblée générale extraordinaire, on veut être présents». Tout cela n'honore pas l'Algérie à la veille d'échéances politiques importantes et à deux mois des JO, sans oublier qu'on est en pleine campagne de lutte contre la violence dans les stades, et nous voilà en train de donner le plus mauvais exemple de la violence à l'intérieur même des structures dirigeantes du sport. Ce sont des actes irresponsables, quels que soient les auteurs et le commanditaire surtout.

- Que comptez-vous faire face à cette fronde '

Je suis respectueux du règlement intérieur. Les affaires de fonctionnement interne du Comité olympique relèvent de l'assemblée générale et dans ce cas-là, je vais à cette AG le plus normalement du monde, je la préparerai pour qu'elle se tienne avant le 30 juin et que les gens qui ont des choses à dire n'auront qu'à le faire devant cette même assemblée.

- La pétition signée par vos détracteurs ne risque-t-elle pas de déboucher sur votre destitution, comme le réclament vos adversaires et a-t-elle une valeur juridique '

Elle n'a aucune valeur et ne peut nullement constituer un motif pour ma destitution. Il faut savoir que j'ai été élu par l'Assemblée générale, pas par le comité exécutif. Dans les statuts, il est dit que pour destituer le président, il faut l'aval des 2/3 de l'AG et non du comité exécutif. Pis encore, c'est lorsque le SG du COA, désigné par son président, convoque une conférence de presse, alors que l'unique porte-parole du comité n'est autre que son président, cela constitue une entorse grave à la réglementation, et tout cela sera dit lors de l'AGO.

- Ne craignez-vous pas que vos détracteurs fassent des révélations pour vous nuire à l'occasion de la conférence de presse qu'ils animeront lundi '

Quelles révélations peuvent-ils faire sur moi ' Je n'ai rien à cacher et mon mode de gestion est loin d'être totalitaire, il faut connaître l'origine du problème pour tout comprendre.

- Pouvez-vous être plus explicite sur le sujet '

Je répète. Le fond du problème se résume aux positions que j'ai adoptées et qui n'ont pas plu à tout le monde. Contrairement à ce qu'on cherche à faire croire à l'opinion, il n'y a pas de conflit interne au sein du COA. Ils veulent tout simplement me faire payer mes positions courageuses sur certains points. On me reproche de défier le MJS sur certaines questions. Moi, en tant que président du COA, je suis dans mon rôle de défendre l'autonomie de décision des fédérations lorsque celles-ci font l'objet de pressions. Je me suis rangé du côté de l'ancienne équipe dirigeante de la fédération des boules et cela n'a pas été apprécié. Ce n'est pas mon problème.
D'ailleurs, le TAS algérien serait sur le point de rétablir cette fédération dans ses droits. Je gêne beaucoup, parce que respecte le principe de l'autonomie olympique et je travaille dans le cadre d'un partenariat et non sous une mission de tutelle. J'ai toujours été très ferme sur ces aspects, surtout lorsqu'il s'agit des statuts et règlements. Quand un directoire est installé pour gérer une fédération, j'ai les prérogatives et le devoir de demander un retour à la légalité, et je n'accepte jamais qu'une instance fasse fi des décisions du TAS. Ce sont toutes ces divergences avec le ministère concernant certaines décisions qui sont à l'origine de cette affaire et rien d'autre.

- Et c'est pour cette raison que vous pointez un doigt accusateur vers les structures du ministère ' Avez-vous des preuves concrètes et matérielles pour faire le lien entre cette fronde des membres du comité exécutif et le ministère '

Je n'ai pas de preuves matérielles. Mais j'ai de fortes présomptions et je connais les rouages du ministère. C'est parce que je me suis opposé à certaines décisions prises par le ministère que je me retrouve face à cette cabale fomentée à mon encontre. Et quand le MJS autorise cette conférence de presse, pour moi c'est une preuve formelle.

- A moins d'une année de la fin de votre mandat et avec toute cette affaire, allez-vous poursuivre votre mission et comptez-vous briguer un second mandat à la tête du COA '

Jamais je ne briguerai un autre mandat. On m'y a pris une fois, pas une seconde fois. Quand je me suis présenté, c'était pour assurer un mandat de transition. Mais, du moment que je constate que les luttes claniques et les conflits avec le ministère prennent le-dessus sur l'intérêt de la nation, je préfère retourner à l'hôpital et à mes patients. Et je reste convaincu que mon départ à ce moment précis ne sera certainement pas pour arranger les affaires du COA.




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