Entre la loi et l?amère réalité de la vie quotidienne
Depuis la promulgation de la loi 02-09 du 8 mai 2002, relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées, parue sur le Journal officiel n°34 du 14 mai 2002, un long débat anime les rencontres des handicapés moteurs qui aspirent toujours à une concrétisation de cette loi sur le terrain. « En l?absence des décrets exécutifs qui devraient régir son application, ce texte de loi restera pour des années à l?état de simples recommandations », nous dira Kamel Boukebab, président de l?Association des handicapés moteurs de la wilaya de Constantine, comme pour synthétiser les années de marasme vécues par cette catégorie. Cette dernière, qui n?en finit guère avec ses problèmes engendrés par le handicap, connaît encore des attitudes méprisantes de la part des responsables de certains établissements. « L?accès aux soins, à la rééducation fonctionnelle, à la prise en charge médicale ainsi qu?au remboursement des frais des appareillages nécessaires ne sont plus permis à tous les handicapés moteurs », poursuit Kamel Boukebab. Pour citer un exemple concret, notre interlocuteur évoque le cas des nombreux handicapés moteurs qui ont été surpris, selon lui, par la décision de l?Office national des appareillages pour personnes handicapées (ONAAPH), de prolonger la durée de renouvellement des prothèses et autres appareils à cinq ans, au lieu de trois ans. « Nous n?avons même pas été informés de cette mesure et nous ignorons complètement les raisons qui l?ont motivée. » Les concernés, qui contestent toujours la qualité des produits proposés par l?office, se disent doublement pénalisés, car ils seront obligés de supporter les frais ou rester sans prothèses pour ceux qui n?ont pas les moyens de se payer un appareil à 150 000 DA, sans être remboursés par la CNAS. « Nombreux sont les handicapés moteurs issus des communes lointaines qui ont été refoulés par la commission médicale mixte ONAAPH-CNAS et se retrouvent abandonnés à leur sort », nous dit-on. Sur un autre plan, c?est le problème d?accessibilité aux lieux publics qui reste posé avec acuité malgré les actions limitées jusque-là, initiées par la seule administration d?Algérie Poste. Une douzaine de handicapés lourds de la ville de Constantine, possédant des véhicules aménagés, trouvent d?énormes difficultés pour stationner à proximité de leur lieu de travail, ou près des administrations. Une décision émanant de la direction de l?urbanisme de l?APC de Constantine, portant la référence 1288/2006 du 4 décembre 2006, mentionne clairement l?autorisation de stationnement accordée aux handicapés moteurs. La décision n?a pas trouvé jusqu?à ce jour un terrain d?application. « Même les lieux qui nous étaient réservés autrefois dans la ville ont été supprimés », se plaint un handicapé moteur qui exhibe les nombreux procès-verbaux de police. « Le seul lieu qui a été aménagé devant la Grande-Poste nous est interdit par les agents de la circulation malgré l?existence d?une plaque qui indique que le lieu nous est bien réservé », insiste-t-il. Sur les 7400 handicapés adhérents à l?association et recensés sur le territoire de la wilaya, dont 889 dans la commune de Constantine, une minorité insignifiante a réussi un accès aux droits garantis pourtant par la loi. Un long chemin reste à parcourir pour une catégorie qui n?aspire qu?à jouir pleinement de ses droits dans la dignité.
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Posté Le : 14/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : S. Arslan
Source : www.elwatan.com