« Ceux qui veulent la réforme n'en ont pas le pouvoir, ceux qui ont lepouvoir ne veulent pas de réformes», c'est en ces termes que l'ex-chef dugouvernement, M. Mouloud Hamrouche, résume l'expérience des pays arabes enmatière de réformes engagées dans leurs pays. Lors d'une intervention,mercredi, devant les membres du congrès «Arab Initiative Reform» qui se tientdans la capitale jordanienne Amman, M. Hamrouche a précisé que l'expériencealgérienne en la matière ne diffère guère de celles des pays arabes car,tiendra-t-il à préciser, «leurs pouvoirs se ressemblent dans une large mesure,malgré les divergences d'apparence». Commentant les débats qui avaientprécédé son intervention, M. Hamrouche a affirmé qu'il ne peut y avoir deréformes en l'absence d'une démocratie réelle. «On ne peut parler d'électionset débattre des résultats en occultant le fait que nous ne sommes ni dans despays démocratiques ni dans un véritable pluralisme. Nous sommes dans des paysoù le pouvoir agit en dehors des règles légales, et où le comportement socialest également dominé par le même phénomène de l'absence des règles», dira ensubstance l'ex-chef du gouvernement. Abordant l'expérience algérienne et plusparticulièrement le multipartisme, M. Hamrouche a brièvement évoqué laréflexion engagée avant les événements d'octobre 88, pour, dira-t-il, changerles règles de gestion du pays. «Nous avons engagé une réforme économique, enpensant que tôt ou tard, cela aura des répercussions sur le système politique»,a-t-il dit. Mouloud Hamrouche a aussi indiquéqu'au lendemain des événements d'octobre 88, beaucoup réclamaient lemultipartisme. «Quant à nous, nous avons proposé une autre formule. Nousvoulions aller à un pluralisme politique et d'idées, dans un premier temps,pour aboutir ensuite à un multipartisme qui serait un aboutissement parce qu'ilviendrait de la société et non d'appareils politiques sans substance».Pour répondre à la question centrale du congrès «Comment allier lepouvoir et la volonté politique pour engager les réformes ?», M. Hamrouches'est étalé sur sa propre expérience, alors qu'il était à la tête dugouvernement algérien. «...je voulais donc créer les moyens et les mécanismesde la démocratisation...», dira M. Hamrouche qui citera entre autresmécanismes, la libération de la presse aux côtés de la libération de la sociétéet de l'économie. «Pour moi, ce n'était que le début. L'objectif final étant dedémocratiser le pouvoir», souligne M. Hamrouche. Ce dernier a encore tenu àpréciser, que dans la plupart des pays arabes, le pouvoir existe, mais pasd'Etat au sens propre du mot. «Là où il y a Etat, il y a pouvoir, mais là où ily a pouvoir, cela ne signifie pas qu'il y a Etat», ajoute l'ex-chef dugouvernement qui insiste sur le fait qu'il faut que «la loi devienne levéritable pouvoir et non les individus ou les groupes...». Sur la montée enflèche de l'islamisme dans le monde arabe, M. Hamrouche a souligné que ce sont«les systèmes en place qui ont généré le phénomène et non la démocratie». Lesélections, affirme-t-il, ne sont «qu'un mécanisme qui a permis à l'islamisme dese manifester d'une manière précise». Sur la manière de faire avancer lesréformes dans le monde arabe, M. Hamrouche a été catégorique: «Il n'y a pas deforce politique qui peut mener au changement à part les pouvoirs en place».Cela, insiste l'orateur, passe inévitablement par la nécessité de placer la loiau-dessus de tous. M. Hamrouche affirme d'autre part qu'il est impératif pour les pouvoirsarabes en place d'engager des réformes, il y va de l'avenir de ces pays. «Nospays sont menacés de disparition par la violence et l'ingérence étrangère maisaussi par le fossé entre le pouvoir et le peuple...», assure l'ex-chef dugouvernement. Pour ce dernier, dans les pays arabes, les instruments dedémocratie moderne sont utilisés pour favoriser la déliquescence et cacherl'état réel de la situation. «Les élections ne sont pas un moyen de choisir desprogrammes, portés par des candidats différents, mais pour organiser l'accès aupouvoir de gens préalablement choisis», dira M. Hamrouche. Sur sa vision de la démocratie,l'ex-Premier ministre a conclu son intervention en indiquant que la démocratieest une conséquence de la liberté. «C'est un ensemble de mécanismes dont lafinalité est de faire respecter la liberté de chacun, notamment celle du faibleface au puissant». A l'issue de son intervention, M.Hamrouche, en réponse à des questions inhérentes aux réformes, a affirmé qu'ilest convaincu que le système démocratique est la meilleure réponse pour releverles défis de sécurité et régler les problèmes économiques et sociaux.
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Posté Le : 21/04/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel B
Source : www.lequotidien-oran.com