Date/période de construction : XVIe siècle
Matériaux de construction : Brique, plâtre, pierre, moellon
Décor architectural : marbre, céramique
Dimensions : 20 x 14 m ; pièce tiède : 4,5 x 1,5 m ; étuve : 5 m de côté
Les premières informations que nous possédons sur ce bain nous viennent du moine espagnol Diego De Haëdo qui visita Alger au début du XVIIe siècle. Il mentionne l'existence d'une soixantaine de bains dont un très important et particulièrement beau, le Bain du Pacha ou Hammam Sidna. C’est l’un des plus grands de la qasaba de la période ottomane. Il occupe une parcelle équivalente à la surface d'une habitation algéroise.
Il se compose de deux parties distinctes juxtaposées, le vestiaire au dessus duquel se développe un logement et le bain proprement dit comprenant deux pièces : la pièce tiède et l’étuve. Le vestiaire se présente comme un rez-de-chaussée d' habitation citadine, où l’accès à la cour centrale se fait par un vestibule coudé ; il est entouré de galeries surélevées aménagées en salons de repos. De forme rectangulaire, le vestibule est couvert d’une voûte en berceau ; ses parois sont entièrement tapissées de céramiques et une petite banquette maçonnée occupe la longueur de la paroi faisant face à l’entrée du bain. Ce vestibule permet aussi d’accéder à l’étage supérieur où se trouve un petit logement destiné au propriétaire ou au personnel chargé de l’entretien.
Le bain est composé de deux pièces. La pièce tiède rectangulaire à l’aspect d’un simple espace de transition. Par contre l’étuve est une vaste pièce sous coupole organisée autour d’un espace central carré. Trois de ses côtés s’ouvrent sur de grandes alcôves[1], semblables à des îwâns. L’une de ces alcôves donne accès à une pièce rectangulaire ; les deux autres, moins profondes, abritent des cuves de lavage qui alternent avec deux petits cabinets couverts de coupoles, eux aussi dotés de cuves. Au centre de l’étuve, se trouve un massif de marbre surélevé. Ses parois latérales sont percées d’orifices dégageant de la chaleur ; il sert de support aux opérations de massage.
Ce hammam se caractérise donc par son étuve à plan centré où l'espace distributeur est flanqué de trois alcôves formant un dispositif en T et ouvrant sur deux cabinets périphériques.
Ce plan en T, déjà connu dans l’Antiquité dans la Carthage punique, et proche de l’îwân persan, fut repris à grande échelle dans les demeures tunisiennes.
Lorsqu'on observe des bains encore plus anciens, en l'occurrence ceux de Syrie de la période omeyyade, on constate aussi bien dans l'étuve que dans la pièce tiède, la présence d'éléments qui annoncent un développement architectural rayonnant et monumental. En effet, les alcôves, absides et niches qui découpent timidement les parois de ces pièces et qui sont parfois disposées en diagonale annoncent la naissance de zones privatives.
C'est dans l'architecture de l'étuve des bains d'Alger que s'observe l'impact des modèles ottomans. Son plan centré avec ses niches et cabinets périphériques et son mode de couverture à coupole constituent ses traits les plus marquants. A l’image des bains syrien et égyptiens de la période ottomane, les bains d'Alger ont imité les modèles turcs les plus modestes.
Bibliographie Marçais, G., L’architecture musulmane d’occident, Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne et Sicile, Paris : Arts et Métiers Graphiques, 1957.
Haëdo, Diego De, « Topographia y Historia de Alger », [Valladolid, 1612], in Revue Africaine, nº 14, 1871, p. 384-387. Trad. de l'espagnol par Le Monnereau et Berbrugger.
Seffadj, N., Les bains algériens pendant la période musulmane, origine et filiation, Thèse de Magistère, Alger : EPAU, 1996.
Souidi, D. (dir.), Feuillets d’El-Djezaïr, Blida : Éd. du Tell, « Histoire et patrimoine », t. I, 2003.
Cresti, F., Contributions à l'histoire d'Alger, Rome : éditeur, 1993.
Missoum, S., Alger à l’époque ottomane, la médina et la maison traditionnelle, Aix-en-Provence : Édisud, 2003.
Notes[1] Le mot européen « alcôve » dérive du mot arabe al-qubba, qui désigne une coupole.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 29/10/2009
Posté par : nassima-v
Source : www.qantara-med.org