Algérie - Revue de Presse

HAMMAM BOU-HADJAR Dessalement: l'expérience espagnole



Ce mardi, le complexe thermal de Hammam Bou-Hadjar a abrité les travaux du premier séminaire sur le dessalement d'eau mer, la nouvelle stratégie mise en oeuvre par le gouvernement algérien, au titre du programme quinquennal (2005-2009) portant relance économique, un programme initié par Son Excellence le président de la République. Organisé par une ONG établie à Aïn Témouchent, le séminaire a regroupé, autour de la même table de discussions, les principaux acteurs concernés par le dessalement et fraîchement liés. Il s'agit en l'occurrence de Hydro-traitement (Alger) ayant réalisé deux monoblocs de dessalement de 5.000 m3/j à Bouzedjar-plage et Chatt El-Ward et de Béni-Saf Water Campagny (BWC), une entreprise mixte algéro-espagnole. BWC est en train de réaliser l'usine de dessalement d'eau de mer de Chatt El-Hillal d'une capacité de 200.000 m3/j. En aval, on trouve l'Algérienne des Eaux (ADE) l'unique partenaire auquel est destinée toute la production d'eau dessalée. Bien avant sa mise en route effective, la stratégie de dessalement, unique issue pour faire face à la pénurie d'eau sans cesse croissante d'année en année, a connu les réticences des uns et les incompréhensions des autres mal exprimées mais devenues, à la longue, des obstacles mettant en doute ce choix stratégique. Le cas de l'usine de dessalement de Honaïne (Tlemcen) illustre bien ce type de comportements. La peur de voir le prix du mètre cube d'eau dessalée quadruplé au robinet de l'abonné est apparemment une crainte à ne pas écarter mais il est tout à fait clair qu'il faut se rendre à l'évidence, estime un intervenant et qu'il est temps de voir les choses telles qu'elles sont et de payer l'eau à son juste prix. Cette réalité, même si elle fait mal au début, doit être inculquée comme une nécessité inévitable qu'il ne faut pas cacher. Ce qui est sûr aujourd'hui et qu'il faut admettre sans contexte, est que le dessalement est une ressource renouvelable et intarissable pour peu que nos techniciens soient à la hauteur pour gérer, exploiter et assurer une distribution d'eau équitable. Avons-nous les cadres nécessaires à même de pouvoir prendre en charge les installations de dessalement en cours de réalisation? Une question pertinente qu'il faut poser sans rougir et sans complexe. Le ministre des Ressources en eau était catégorique sur ce point. Et la nécessité de former les cadres dans ce domaine spécifique s'avère une préoccupation majeure défendable et autour de laquelle tous les avis des partenaires et des acteurs convergent mais avec des divergences d'appréciation des priorités selon que l'on se mette d'un côté comme de l'autre et selon que l'on est en amont ou en aval de la chaîne. Des appréhensions et des craintes soulevées par l'assistance au sujet des saumures et leur impact sur l'environnement ont été nivelées grâce aux explications fournies par des représentants de l'AEC, BWC ou de Geïda. En effet, celles-ci ont dissipé pas mal de doute à l'origine des réticences formulées par certains responsables. Le plus important est de savoir combien reviendra le coût du mètre cube d'eau dessalée? Quelle sera la part de participation  de l'Etat? Et à quel prix l'ADE cédera l'eau aux abonnés? Selon un responsable, le prix du mètre cube d'eau dessalée varie entre 50 à 55 DA à sa sortie d'usine, il est nettement inférieur à celui vendu par les transporteurs d'eau (200 DA) à Oran mais nettement supérieur à celui appliqué par l'ADE actuellement. En vérité le prix du mètre cube d'eau dessalée sera fixé autour de 20 DA, c'est-à-dire que l'Etat supportera la différence soit 30 à 35 DA. Est-ce logique? Par ailleurs, si aujourd'hui, on veut dessaler parce qu'on vit le stress hydrique, cette situation l'est aussi pour l'agriculture et l'industrie.  La stratégie du dessalement ne doit pas viser uniquement la satisfaction des besoins en eau des populations mais doit s'élargir également aux autres usages. Une telle orientation doit obligatoirement impliquer les départements concernés du ministère de l'Agriculture pour songer à des projets pilotes irrigués à eau dessalée. Les exemples dans le monde ne manquent pas. Les responsables concernés par la gestion estiment qu'il est temps que le ministère de l'Energie et des Mines adopte une tarification spéciale du prix unitaire de l'électricité dans le cas du dessalement étant donné que les turbines doivent fonctionner sans arrêt.  Cette question, déjà soulevée par des gestionnaires, doit faire l'objet de débat à l'APN. Sans la mise à niveau des adductions et des réseaux d'eau potable et sans la rénovation des lignes de transport et de distribution d'électricité (taux de fuite globale estimé au moins à 10%), le dessalement d'eau de mer n'apportera pas les fruits attendus dans l'immédiat.


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