Algérie

Hamida Ait El Hadj, metteur en scène, à L’Expression «La pièce Révolution est d’un niveau international»



Hamida Ait El Hadj, metteur en scène, à L’Expression «La pièce Révolution est d’un niveau international»
Publié le 04.01.2024 dans le Quotidien l’Expression

Hamida Ait El Hadj est dramaturge et metteur en scène. En qualité de membre de jury de la 16eme édition du Festival national de théâtre professionnel qui a eu lieu au TNA du 22 au 31 décembre 2023, elle a bien voulu répondre à nos questions pour évaluer cette édition...

L'Expression: Tout d'abord quelles sont vos impressions sur le niveau des pièces présentées en compétition en cette 16eme édition?

Hamida Ait El Hadj: Globalement nous avons assisté à une belle édition. Le jury a travaillé dans la sérénité la plus totale. Quant aux représentations il y a des hauts et des bas. On passe d'un haut niveau, à un niveau acceptable, et malheureusement à un niveau faible, voire même médiocre qui ne mérite pas de prendre part à ce concours.

Est-ce que votre tâche a été plus au moins facile dans le choix du grand prix et autres distinctions?
Non, pas du tout. Nous avons tout d'abord évalué chaque pièce à part puis une évaluation globale et finale à la fin de la compétition. Cette année le commissariat du festival nous a restreint à huit récompenses seulement, ce qui nous a un peu gêné, voire même frustré de ne pas designer les seconds rôles à titre d'exemple, mais nous respectons la décision du commissariat. Je pense que le jury a bien accompli sa mission sur le choix des prix distribués.

Comment avez-vous vécu ce festival en qualité de membre du jury et aussi en qualité de dramaturge et metteur en scène?
Je suis toujours resté dans la peau du membre du jury, à l'instar de mes collègues pour être objective dans l'évaluation, mais sans toutefois se détacher de ma passion. À vrai dire c'est juste un concours, on aurait dû l'appeler concours national de théâtre professionnel, puisqu'il ne reflète pas le cadre d'un festival. On n'a pas vu le côté relatif aux échanges entre les différentes troupes, il manque un colloque où un symposium de grande ampleur. Par manque de moyens, les troupes viennent, donnent leurs spectacles et repartent sans se frotter entre elles, ni même se connaître et tisser des liens en matière d'échange d'expérience et même de relations de travail en perspective. C'est le cas de beaucoup de festival d'ailleurs.

Cette édition est Dédiée à juste titre à un monument du 4eme art, en l'occurrence Sid Ahmed Aggoumi...
C'est une très bonne chose. C'est un hommage à juste titre comme vous l'avez dit, mais malheureusement on ne l'a pas vraiment senti hormis son invitation à la cérémonie d'ouverture et de clôture, rien d'autre sur son oeuvre, son parcours...il est vrai qu'il n'est plus à présenter, mais ça mérite au moins une journée d'étude sur lui, son oeuvre, son parcours...avec des témoignages... Pour le faire connaître aux jeunes comédiens et metteurs en scène...

Quelle est votre appréciation sur le quatrième art en Algérie, comparativement à l'ancienne génération des années 60, 70 et 80?

Je pense qu'il est beaucoup plus important et professionnel qu'avant. Avec les écoles de formation inadc, ismas, les beaux arts, les universités...etc. le niveau est appréciable. Nous avons de bons comédiens, de très bons jeunes metteurs en scène à l'instar de Abdelkader Djeriou qui a eu le Grand Prix du festival. Il a mis en scène deux textes de Yacine dans une même pièce. Il a tout imaginé. Franchement c'est un jeune qui a un avenir prometteur inchallah.

Quelle est votre analyse ou plutôt votre évaluation en matière de production théâtrale, est-ce que nous sommes dans les normes en comptabilisant le nombre de théâtres...?
Ce n'est pas facile de faire une évaluation objective. Ce ne sont pas les textes, ni les mises en scène, ni même la volonté qui manquent mais plutôt les moyens qui ne suivent pas. Les théâtres sont des Epic, mais loin de réaliser une autonomie de gestion avec cette mentalité et caractère de notre économie, de nos entreprises, et de nos industriels aussi bien étatiques que privés. Le sponsoring est juste réservé au monde sportif, footballistique notamment, la culture est le parent pauvre en la matière. Moi même je propose des pièces aux théâtres régionaux, on me répond qu'on n'a pas d'argent...donc le problème est beaucoup plus compliqué et profond..

Un dernier mot pour évaluer d'une manière globale cette 16eme édition?
Nous avons assisté à une belle édition, certes, le niveau des troupes est discutable, mais le bémol à mon avis est le spectacle de la clôture qui ne m'a pas accroché comparativement au spectacle d'ouverture.
D'ailleurs le spectacle de clôture (une fresque du TRB) ne reflète pas la production du théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa, puisqu'on a fait dans l'exclusion en matière de certaines pièces à l'instar de mon spectacle « le fleuve détourné» ainsi que ceux de Fetmouche, c'est plutôt Bazou qui s'est mis en valeur. Il veut à tout prix devenir metteur en scène alors qu'il est plutôt dans le domaine musical. Le festival a commencé dans l'espace des étoiles...il fallait rester dans cet espace... c'est mon avis personnel...

Boualem CHOUALI



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