Algérie

Hamid Grine



Ni ange ni démonIl n'est pas un ministre plat, lisse et sans relief. Il a de l'aplomb, il a des réflexes et à ce niveau de responsabilité, les scrupules ne le rongent pas.Un électrocardiogramme plat signifie que le coeur est mort. Avec Hamid Grine, le coeur de la presse nationale bat la chamade. Cible et icône, auréolée ou détestée. C'est sur ce fil tendu à rompre que M.Grine crée des vibrations en avançant même sur la pointe des pieds. L'homme ne laisse pas indifférent en raison certainement de son rôle de ministre de la Communication qui a décidé d'assumer pleinement la politique du président Bouteflika.Rarement un ministre de la République a dû faire face à un pareil déferlement de commentaires. Le parcours de l'actuel ministre de la Communication n'est pas un conte de fées mais il a emprunté les chemins escarpés d'un métier qui menait à tout, le journalisme, cette antichambre des fonctions politiques. D'abord journaliste sportif, puis rédacteur en chef et éditorialiste au quotidien Horizon, Grine est un écrivain précoce. En 1986 déjà, il publiait son premier essai Lakhdar Belloumi, un footballeur algérien, aux Editions Enal, Alger. Avec ce livre est née une liaison avec un public dont il ne se séparera plus.L'aventure commença en Kabylie dans l'enceinte d'une église, transformée en librairie, plus précisément à Azazga. Cétait en 1987, à sa gauche son confrère Redouane Bendali et à sa droite la star de l'époque, le capitaine de l'Equipe nationale, Ali Fergani, le jeune journaliste Hamid Grine déployait déjà ses talons d'orateur en présentant son livre face à un public fin connaisseur du monde sportif. Refusant de se confiner dans le carré réservé à la balle ronde, il outrepasse les lignes pour faire une incursion dans la littérature romanesque, des essais philosophiques et... politique.Le virus étant désormais chopé, ce natif de Biskra sillonnera depuis, l'Algérie pour signer des dédicaces à ses nombreux lecteurs. Le succès en fait son allié dès que paraissent dans les librairies d'Alger le livre consacré au président Bouteflika, puis Le café de Gide suivi de Camus dans le narguilé. Ce dernier roman, édité à Paris, avait été classé premier dans les ventes pour les écrivains issus des pays francophones par la Fnac. Mais auparavant, les hasards de la vie l'ont mené dans le monde de la communication et du marketing politique. L'homme sait scénariser, soigner une image, comment séduire, décliner une politique, comment ficeler un plan de communication efficace qui fait gagner. Ce métier, cet art, il l'a pratiqué avec brio lors de son passage à la tête de la communication de l'opérateur de la téléphonie mobile, Djezzy. Hamid Grine n'est pas un ministre plat, lisse et sans relief. Il a de l'aplomb, il a des réflexes et à ce niveau de responsabilité, les scrupules ne le rongent pas. Sur son lit de mort, on demandait à Richelieu de pardonner à ses ennemis, il répondit: «Je n'en ai pas eu d'autres que les ennemis de l'Etat.»Dans ce conflit l'opposant à une partie de la presse nationale se décline un contentieux aussi vieux que le monde des médias. «On ne demande pas aux chiens de garde d'être gentils», disait l'ancien directeur du journal Le Monde, Edwy Plenel. «Il doivent aboyer, et aboyer fort quitte à réveiller tout le village ou le quartier, car c'est leur rôle», ajoute-t-il. Veut-on alors museler la presse indépendante' L'actuel ministre de la Communication se trompe-t-il à ce point de ciblee' Il récuse lui-même cette idée.L'esprit de réforme s'est toujours heurté en Algérie plus qu'ailleurs, à la résistance aveugle des uns et aux utopies des autres. Nous sommes en pleine transition médiatique jalonnée par des intérêts politiques et financiers colossaux. Cependant, le combat est d'une telle férocité qu'il ne laisse plus de place au juste milieu. Pourquoi donc serions-nous obligés de condamner des confrères ou diaboliser un ministre de la République qui lui-même est issu de cette corporation' La bipolarisation du champ médiatique nous en sommes en plein dedans.Hélas, elle aura des conséquences aussi catastrophiques que celles qu'elle a engendrées dans la vie politique. Ange pour les uns et démon pour les autres, Hamid Grine est un agitateur d'idées. N'est-ce pas que c'est le propre d'un intellectuel' Mais au fond de cet homme politique condamné par la fonction à ne fréquenter que les chiffres et les statistiques, gît l'artiste, l'écrivain fragile, étouffé, aux pulsations réprimées. Il souffre de chaque flèche décochée contre lui. Le métier est ingrat. De journaliste' Non, celui de ministre aussi...


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