Algérie

« Hamas n'appelle pas à la destruction d'Israël »



Il n'y a pas pire sourd que celui qui refuse d'entendre. Le leader du Hamas en exil Khaled Mechaal a rappelé hier cette évidence en mettant encore une fois les points sur les « i ». Il a tout simplement dit ce que avant lui, le fondateur de ce mouvement cheikh Ahmed Yassine avait déclaré quelques mois avant son assassinat par Israël. Hamas, disent-ils en substance, est un mouvement de résistance qui ne prône pas la destruction d'Israël. Il combat l'occupation israélienne des territoires palestiniens et serait prêt à des négociations pour y mettre fin. Dans sa réponse à un journaliste italien, Khaled Mechaal était clair : « Vous, Occidentaux, vous trompez : le statut (de Hamas, ndlr) n'appelle pas à la destruction d'Israël. En arabe, il est écrit ''mettre un terme à l'occupation israélienne de la Palestine''. Nous ne voulons pas éliminer l'autre. Seulement obtenir nos droits. Pour cette raison, ce paragraphe demeure », a-t-il expliqué. « Hamas ne ferme pas la porte au dialogue. C'est la philosophie actuelle d'Israël qui l'empêche. Pour cette raison, il ne reste que la résistance », a-t-il conclu. Revenant sur la victoire de son mouvement, Khaled Mechaal juge par ailleurs « prématuré » un gouvernement de coalition avec le Fatah, grand perdant des élections législatives. « Nous devons étudier la situation internationale, qui est très complexe, les pressions américaines sur l'Autorité palestinienne, voir si Abou Mazen nous demandera d'accepter Oslo, de reconnaître Israël, chose que nous ne ferons pas », a-t-il précisé. « Israël est né d'une agression, de l'occupation de terres », a-t-il affirmé. Que reste-t-il justement de ces accords tués par la seule volonté d'Israël en février 2001, par Ariel Sharon qui venait d'être élu Premier ministre ' Rien à vrai dire, mais tous les dirigeants israéliens qui l'avaient précédé n'avaient pas fait mieux ou plus qu'une simple signature au bas d'un document. Mahmoud Abbas, qui avait apposé la sienne, n'était pas particulièrement optimiste à la conclusion en 1993 de ces accords. Même la communauté internationale a fait son deuil de cet accord en lui préférant la feuille de route élaborée par un Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) mais sans grande conviction, puisque l'échéance 2005 - devant être marquée par la création d'un Etat palestinien - a été repoussée aux calendes grecques. Autrement dit, rien. Même dans un tel cas, il faut être deux pour parler d'accord. Quant à la feuille de route, Khaled Mechaal, la rejette, il refuse de désarmer et dit « prématuré » un gouvernement de coalition avec le Fatah. « La feuille de route n'est pas acceptable. Elle nous impose des conditions détaillées - désarmer et arrêter les moudjahidine, renoncer à la résistance -, mais reste vague sur les obligations d'Israël : elle ne dit rien sur El Qods, sur les réfugiés, sur l'importance des territoires à restituer », a-t-il déclaré. « Nous ne déposerons pas les armes tant qu'une grande partie du territoire sera occupée. Seule la force a donné des résultats, comme le retrait israélien de Ghaza », a-t-il ajouté. Pourquoi alors un tel aveuglement dont l'objectif ne consiste rien d'autre qu'à diaboliser ce mouvement ' La presse internationale, qui se montrait attentive au discours développé pendant la campagne électorale, était surprise de ne pas entendre d'appels à la destruction d'Israël. « Une simple tactique », soulignaient les dirigeants de ce dernier, à bout d'arguments. Quant aux chefs du Hamas, ils ont été écoutés, mais rien dans cette campagne n'indique qu'ils seront entendus.


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