Algérie

Hamas et Fatah : un pas vers la réconciliation



Hamas et Fatah : un pas vers la réconciliation
Les deux mouvements rivaux palestiniens, le Fatah et le Hamas, ont, pour la première fois depuis leur rupture totale en 2007, pris part ensemble à une manifestation pour dire « non » aux expulsions par l'Etat hébreu. Quelques jours plus tôt, le Fatah et le Hamas avaient déjà célébré ensemble, à Ghaza, la Journée du prisonnier palestinien, une première depuis la prise de contrôle de l'enclave par le Hamas, il y a trois ans. A l'origine de ce rapprochement, une nouvelle législation israélienne visant à expulser de Cisjordanie les « infiltrés » de Ghaza reçoit la réprobation conjointe du Fatah et du Hamas, qui ont réussi à s'unir le temps d'une manifestation, mercredi 22 avril, pour la première fois depuis 2007. Depuis la deuxième Intifadha en 2000, l'Etat hébreu impose un contrôle strict de la population palestinienne, interdisant la circulation entre la bande de Ghaza et la Cisjordanie. En octobre 2003, le commandement militaire israélien a rendu obligatoire l'obtention d'un « permis de résident permanent » pour séjourner en Cisjordanie. Mais de nombreux Palestiniens qui y vivent n'ont pas ce sésame. Certains ont perdu leur statut de résident à la suite, par exemple, d'un long séjour en dehors de l'enclave ; d'autres sont de nationalité étrangère et ont épousé un(e) Palestinien(ne) de Cisjordanie ; ceux-là pourraient donc être renvoyés vers leur pays d'origine. La plupart, enfin, viennent de Ghaza où ils pourraient être reconduits. Ils sont venus s'installer en Cisjordanie, où la vie est relativement plus facile, mais leurs papiers fournis par Israël les identifient toujours comme Ghazaouis. C'est cette politique israélienne d'expulsion qu'ont voulu dénoncer ensemble le Fatah et le Hamas, mettant fin pour un moment à trois années de tensions.Deux force s politiquesDepuis juin 2007, date de la prise de contrôle de la bande de Ghaza par le Hamas, deux forces politiques palestiniennes se disputent le contrôle des Territoires palestiniens, en plus de l'armée israélienne dont l'emprise territoriale ne faiblit pas. D'un côté, le Fatah, le parti du président en exercice, Mahmoud Abbas, et du père fondateur du mouvement national, Yasser Arafat (1929-2004), qui contrôle la Cisjordanie ; de l'autre, le Hamas, faction d'obédience islamiste longtemps restée « hors système » par principe et par idéologie, qui a fait une percée remarquable aux élections législatives de janvier 2006 dont elle est sortie victorieuse, et qui règne aujourd'hui sans partage sur la bande de Ghaza. L'opposition entre les deux factions a pris des tournures de plus en plus violentes depuis trois ans et met à mal l'espace palestinien, pourtant déjà largement fragmenté par la politique israélienne de colonisation et la construction des murs dits de séparation. Ce conflit interne faisait peser des menaces de guerre civile et de délitement du mouvement national palestinien, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).S'unir contre un même ennemiLe rapprochement peut trouver sa signification dans le constat suivant : l'ennemi commun s'appelle Israël, il vaut mieux alors s'unir contre le véritable adversaire. En quinze mois, Israël a été la cible de 200 tirs de roquettes (contre 1'500 en 2008), qui ont fait une victime en mars 2010' : un ouvrier thaïlandais. Mais désormais, ce sont les Brigades des martyrs d'Al Aqsa ou le Djihad islamique qui mènent ces attaques. Jugé trop modéré par une partie de la résistance palestinienne, qui lui reproche sa nouvelle orientation, le Hamas est depuis quelques mois débordé par des petits groupes plus radicaux qui exigent une résistance militaire plus active. Certains sont des mouvements salafistes proches d'Al Qaîda, comme le Jound Ansar Allah, dont le Hamas a éliminé le chef et 25 militants en août 2009 au cours d'affrontements sans précédent entre factions islamistes palestiniennes. Ahmed Jabri, chef de l'aile militaire du Hamas, a écrit à Khaled Mechaal, numéro un du bureau politique, pour l'alerter sur « l'anarchie » qui règne à Ghaza. De son côté, le Premier ministre du gouvernement Hamas, Ismaïl Haniyeh, a déclaré qu'il s'efforçait de négocier avec les différents groupes « pour garder une ligne unique ». Reste que la véritable réconciliation entre les deux forces politiques dans les Territoires palestiniens occupés a un prix : la participation du Hamas dans les instances de l'Autorité palestinienne aux côtés du Fatah ; cette option n'est pas encore à l'ordre du jour.


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