HAMA AG SID-AHMED, PORTE-PAROLE DU BUREAU POLITIQUE DU MNLA : «Le président malien n'est pas prêt à dialoguer»

Le Soir d'Algérie : La rébellion touareg dans le Nord Mali a procédé à une totale réorganisation en créant le Mouvement national de libération de l'Azawed. Pourquoi avoir opté pour une nouvelle structure politique '
Hama Ag Sid-Ahmed : Pour mettre un terme au statu quo que subit depuis des années la communauté touareg du Nord Mali. L'Etat malien a fait des promesses qu'il n'a jamais respectées. Avant son décès, feu Ibrahim Ag Bahanga voulait lancer une nouvelle dynamique en rassemblant l'ensemble des membres de la communauté sous une seule bannière. Il avait compris que la situation avait totalement changé. Il y a une nouvelle génération de jeunes Touaregs, qui forment une véritable élite, et qui a récemment créé le Mouvement national des Azaweds. Puis il y a eu les événements en Libye. Nous avons suivi cela de très près car cela concerne directement la région. Ibrahim Ag Bahanga, au début du mois d'août, avait pris contact avec des officiers touaregs qui étaient dans l'armée libyenne afin qu'ils se désolidarisent du Guide libyen. Ils nous ont effectivement rejoints. Donc la nouvelle organisation rassemble les jeunes membres du Mouvement national des Azaweds, les officiers touaregs venus de Libye, les militaires déserteurs de l'armée malienne et, bien sûr, les combattants qui étaient sous le commandement de Ibrahim Ag Bahanga. Toutes les parties se sont rencontrées sur le terrain du 7 au 15 octobre. L'objectif premier était de sceller une unité. C'est primordial pour parvenir à créer une nouvelle organisation politique et militaire pour faire face au contexte actuel. La nouvelle organisation s'est dotée d'un état-major opérationnel et d'un bureau politique. L'objectif est de récupérer progressivement les territoires occupés par l'Etat malien et les terroristes.
Quelles sont les missions du bureau politique et de l'état-major opérationnel '
La structure politique décide s'il faut reprendre les hostilités ou non. Actuellement, avec l'Etat malien, nous estimons que le dialogue est ouvert puisque des revendications ont été transmises depuis quelques semaines. Mais s'il n'y a pas de réponse, nous ferons réagir Bamako à travers des opérations militaires. Bien sûr, toute stratégie doit prendre en compte l'environnement régional et international. Il y a volonté unanime de faire réagir et d'avancer sur le terrain. Mais je ne pense pas que Bamako ait une réponse dans l'immédiat.
Amadou Toumani Touré n'est pas prêt à dialoguer '
C'est certain. Aucun des accords signés n'a été respecté sur le terrain. Pour Amadou Toumani Touré, l'objectif de ces accords n'était pas de les appliquer mais de gagner du temps. ATT est arrivé au bout de son mandat, pourquoi changerait-il aujourd'hui ' Le président malien n'est pas prêt à dialoguer. Il y a fort risque de reprise des actions militaires.
Qu'en est-il de l'accord signé à Alger ' Est-ce que vous êtes encore prêt à le respecter '
Pour la nouvelle organisation, il n'est plus question de respecter ces accords. Il s'agit d'une nouvelle organisation avec des structures nouvelles et une stratégie militaire différente. La situation a totalement changé dans la région. Une nouvelle dynamique s'est instaurée avec l'arrivée d'une élite jeune et fermement décidée à aller de l'avant. Il y a eu trop d'échec sur la paix. Les jeunes ont compris que tous ceux qui ont accepté le compromis ont été dupés. Même les notables, qui montraient une certaine réticence, en sont arrivés à la même conclusion.
Quelle est la situation des Touaregs en Libye '
Il y a une majorité de Touaregs qui a soutenu Mouammar Kadhafi. Une minorité, par contre, s'est engagée dans la rébellion au niveau de Djebel Nefoussa, à Benghazi et dans le Sud libyen. Mais même ceux qui étaient avec Kadhafi savaient qu'il n'avait absolument rien fait pour la communauté touareg. Aujourd'hui, pour eux, la chute du Guide est une épine en moins. Ils estiment qu'il y a moins de pression politique et moins d'achat de conscience des gens. N'oublions pas que Kadhafi a été l'allié principal d'ATT afin que les Touaregs ne revendiquent rien.