Algérie

Halte à la bureaucratie dans la gestion des laboratoires de recherche en Algérie ! (2e partie et fin)



 5. Les opérateurs de la rechercheIls ont pour mission de créer un environnement favorable pour les acteurs de la recherche et d'orienter leurs activités vers des objectifs prioritaires (projets de types Andru, etc.). Il s'agit de programmes, d'organismes ou d'entreprises publiques. Lorsque les chercheurs s'inscrivent dans des programmes publics, ils écrivent des demandes de subventions et fournissent des rapports. Les sources d'énergies nouvelles et renouvelables sont les thèmes les plus porteurs. Les ressources sont : l'énergie solaire, géothermique, éolienne, marémotrice et le gradient thermique de la mer, la transformation de la biomasse, le bois de chauffage, le charbon de bois, la tourbe, l'énergie des animaux de trait, les schistes bitumeux, les sables asphaltiques et l'énergie hydraulique. Les chercheurs ne pouvaient compter pour les tenir en haleine que sur leur propre peur de perdre leur contrat Cnepru. C'était au titre de chercheur associé qu'ils tenaient essentiellement. Le Mesrs est en autorité sur les chercheurs et le Cnepru, organisme de recherche sous sa tutelle. Il joue le rôle d'évaluateur. On doit éviter la double contrainte. Un manque de légitimité et de crédibilité en découlera. Cela évitera que ne s'y introduisent des motifs de diversion et des interprétations fausses. Une direction se sent d'autant plus engagée par une activité que celle-ci lui coûte cher. Elle se méfie souvent, et parfois avec raison, des motifs que cachent des offres de service gratuits ou qui ne coûtent que peu. Dans le cadre d'un projet Cnepru, un chercheur de grade professeur ne perçoit mensuellement que l'équivalent de 10 000 DA ou 80 euros !!! 6. Les systèmes de rechercheOn peut parler d'un système régional ou national de recherche, d'une discipline scientifique ou d'un champ technologique considéré dans leur extension internationale. Leur taille et leur nature peuvent varier mais qui ont en commun de mettre en relation une grande diversité d'acteurs et d'opérateurs, sans qu'existent pour autant des structures organisationnelles assurant leur intégration. Il faut trouver des modes d'action collectifs pour sortir de l'impasse, ne pas bloquer des budgets inutilement. Il faut laisser le maximum d'initiative aux chercheurs eux-mêmes. On doit aboutir à une direction de la recherche à sessions régulières discutant de tous les problèmes que rencontrent les directeurs de laboratoires, de planification et d'orientation scientifique. Les authentiques chercheurs, dévoués et compétents, qui sont malgré tout nombreux dans l'administration, sont noyés dans la masse des féodalités diverses. Ils sont réduits à une impuissance quasi totale. Il faut épurer, vite et profondément, l'administration des universités. Mais il faut, plus encore, changer le système de gestion scientifique des universités. 7. Du budget d'équipement du laboratoireJe ne vous dis pas ce que l'on va endurer si on veut utiliser un budget « d'équipement ». Selon une note de la direction de la recherche, dirigée par un éminent scientifique au vu de son CV, dans le cadre de la gestion du laboratoire, pour pouvoir acquérir du matériel relativement lourd, d'un montant dépassant les 5 000 000 DA, il faut présenter un dossier en double exemplaires comportant les onze documents suivants :  1- rapport d'opportunité relatant le besoin à l'acquisition d'équipements ;  2- copie du cahier des charges visé par la commission des marchés publics compétente ;  3- copie de l'appel d'offres inséré dans la presse et le bulletin de l'opérateur public ;  4- en cas de prolongation du délai de dépôt des offres, joindre une copie de l'avis ainsi que les lettres envoyées aux différents soumissionnaires ayant déposé leurs offres ;  5- copie de la désignation des membres de la commission d'ouverture des plis ;  6- procès-verbal d'ouverture des plis signé par les membres de ladite commission ;  7- copie de la décision portant désignation des membres de la commission d'évaluation et appréciation des offres ;  8- procès-verbal d'évaluation et jugement des offres signé par les membres de ladite commission ;  9- en cas d'infructuosité, joindre une copie de l'avis des lettres envoyées aux différents opérateurs sélectionnés pour la consultation en justifiant le recours à cette procédure ;  10- copie de l'avis d'attribution provisoire dans les quotidiens nationaux et le bulletin de l'opérateur public ;  11- rapport circonstancié signé par le chef d'établissement portant liste des laboratoires ou entités de recherche selon le cas, les équipements, les noms des soumissionnaires retenus, le montant global en dinars algériens (si l'appel d'offres est national) et en monnaie convertible (si l'appel d'offres est international), en ajoutant au montant global les autres frais et taxes.Voilà ce qu'on demande à fournir à un maître de conférences en mathématiques, directeur d'un laboratoire de recherche sensé et censé de donner des cours de graduation et de post-graduation, d'encadrer des étudiants en magistère et au doctorat, et de conduire sa propre recherche. Vous conviendrez que cela décourage et freine le plus téméraire parmi les directeurs de recherche. Entre-temps, que font les administrateurs des universités ' ils ne font que lire les quotidiens nationaux dans les bureaux, s'accrochent au téléphone pour traiter leurs affaires personnelles, etc. Je crois que nous sommes un peuple rendu « fou » par une bureaucratie tueuse !!! Louis de Broglie(3), un autre éminent physicien français, l'a prédit : « A mesure que l'organisation de la recherche devient plus rigide, le danger augmente que les idées nouvelles et fécondes ne puissent pas se développer librement. Il s'appesantit sur la recherche et sur l'enseignement scientifique le poids des structures administratives et des préoccupations financières, qui est la lourde armature des réglementations et des planifications »(3).Voilà pourquoi, en Algérie, la recherche n'évolue pas !!! Maintenant que le document est signé, la répartition et utilisation de la subvention de fonctionnement pour l'exercice 2009 au titre du Fnrsdt, autorisant un directeur de laboratoire à puiser de son budget de « fonctionnement », à faire ses achats de matériels, nous allons affronter le problème du fournisseur. Vu la panoplie de matériels existants sur le marché, où trouver trois factures proformats de trois fournisseurs différents pour se fournir en matériels formés des mêmes produits, avec les mêmes références et les mêmes capacités ' C'est un vrai problème combinatoire. Il est vrai que la gestion des laboratoires diffère d'une institution universitaire à une autre. C'est regrettable ce qui m'arrive, mais c'est un long combat que j'ai accepté de mener contre la bureaucratie. A cette date, aucune condition matérielle pour que les activités de recherche soient « boostées », ne sont réunies. Nous ne disposons même pas d'un stylo ou de rames de papiers. Nous sommes asphyxiés ! La gestion financière de ce fameux budget de fonctionnement, qui dure depuis deux années, nuit aux activités d'un laboratoire qui n'existe que sur « du papier » depuis juin 2007, année de son agrément, et sape le moral des chercheurs qui ne peuvent fournir des efforts de recherche et surtout à rédiger des rapports. Le directeur de laboratoire que je suis n'arrive pas à puiser de son budget de fonctionnement et à épuiser son budget de fonctionnement !!! Halte à la bureaucratie ! Libérez les esprits !!!Références : 3) Louis De Broglie : « La nécessité de la liberté dans la recherche scientifique », 25 avril 1978, dans Revue Science & Vie, hors série, bicentenaire de la science 1789-1989, mars 1989.L'auteur est universitaire


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