«Je prendrai une décision définitive après le tirage au sort » «J'ai senti que cette qualification était une affaire politique» «Au coup de sifflet final, j'ai pensé à mon frère qui nous a quittés il y a tout juste un an»Quasiment muet face à la presse nationale depuis la fin de ce match barrage retour face au Burkina Faso, le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, qui n'a pas souhaité tenir une conférence de presse à l'issue de cette qualification pour le Mondial-2014, a choisi, hier, de se confier au journal français, Le Parisien où il est revenu sur ce match très stressant et donner son ressentiment, après avoir accompli avec brio la mission qui lui a été confiée par la Fédération algérienne de football. Toujours est-il, le coach bosnien affirme n'avoir pas encore tranché définitivement sur son avenir à la tête de la sélection nationale, lui qui assure ne pas manquer d'offres en ce moment. «Depuis ce match face au Burkina Faso, j'ai reçu au moins dix coups de fil de clubs ou de sélections nationales. Je ne m'imagine pas laisser cette équipe maintenant, mais je ne sais pas ce qui pourrait se passer.»
«Je prendrai une décision définitive après le tirage
au sort »
Halilhodzic est un entraîneur qui aime entretenir le suspense et il l'a bien fait savoir au journaliste du Parisien qui l'avait joint au téléphone, avant-hier soir.
«Je suis un peu fatigué, vidé, donc je vais me reposer un peu. J'ai programmé des vacances après le tirage au sort et je prendrai la décision qui s'impose», a-t-il souligné. Voilà qui va stresser davantage les supporters des Verts qui ne souhaitent pas le voir partir.
«J'ai senti que cette qualification était une affaire politique»
A la question de savoir s'il avait douté de l'issue de ce match face aux Etalons, Vahid Halilhodzic a fait une petite confidence : «Je vais vous confier une chose : lors de mon footing matinal, j'ai remarqué un arc-en-ciel au-dessus de l'hôtel de mes joueurs. Je ne suis pas superstitieux, mais je me suis dit que si même le ciel était avec nous, il ne pouvait rien nous arriver. Aujourd'hui, on est le seul pays maghrébin et même du monde arabe à être qualifié pour le Mondial. J'ai senti que c'était aussi une affaire politique. C'est prestigieux.»
«Au coup de sifflet final, j'ai pensé à mon frère qui nous a quittés il y a tout juste un an»
Connu pour être un entraîneur rigide et à forte personnalité, Halilhodzic ne s'est toutefois pas retenu au moment du coup de sifflet final de l'arbitre en laissant échapper des larmes. Il s'en explique. «C'était un mélange d'émotions. Cela fait deux ans et demi que j'ai repris ce groupe, il a été complètement renouvelé, avec des joueurs peu expérimentés. On a beaucoup travaillé pour en arriver là. On s'était fait voler par l'arbitrage lors du match aller (défaite 3-2). Je l'avais vraiment mal vécu. Et la deuxième raison est d'ordre privé. J'ai pensé à mon frère qui nous a quittés, il y a tout juste un an. Je sais qu'il a tout vu de là-haut... Et puis, j'ai entendu le stade scander mon nom. C'était un sentiment profond.»
«L'une des victoires les plus importantes de ma vie»
A la question de savoir aussi si cette victoire était la plus importante de sa vie, l'ancien driver du PSG a répondu : «C'est l'une des plus importantes. Lors du premier stage à Marcoussis, en juillet 2011, je ne pensais pas que nous étions capables de nous qualifier. On a pourtant fait un parcours exceptionnel. J'ai une relation particulière avec le Mondial. En 82, en Espagne, ça s'est mal passé pour moi. Puis, j'ai qualifié la Côte d'Ivoire en 2010, mais je ne suis pas allé en Afrique du Sud. J'ai ressenti un mélange de joie et de tristesse. C'était fort.»
«Je n'ai pas pu fermer l'?il de la nuit !»
Le sélectionneur national a assuré n'avoir pas dormi toute la nuit précédant le match.
«Je n'ai pas fermé l'?il de la nuit ! Ma famille avait fait le déplacement, on est rentrés vers deux heures du matin, mais je n'ai pas réussi à dormir. Ce matin (hier matin), le Premier ministre a organisé une réception en notre honneur, ensuite j'ai travaillé avec le président de la fédération, puis j'avais prévu d'inviter mon staff à un dîner, avant de rentrer à Lille. Je suis très fatigué, mais cette qualification est un événement
exceptionnel.»
«Je ne trouve pas les mots pour décrire
la ferveur des Algériens pour leur sélection»
Concernant l'ambiance qui a régné, surtout à Blida le jour du match, le technicien bosnien, ébahi par la ferveur des Algériens, dira : «Le pays non plus n'a pas dormi... Il y a ici une chaleur, une ferveur qui n'existe pas en Europe. Le stade était plein à craquer dès 11 heures du matin, il n'y a qu'en Afrique que l'on peut voir ça. J'ai vu des milliers de gens dans la rue nous courir après avec les drapeaux. C'est vraiment incroyable,
je n'ai pas de mots.»
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Vahid a juste besoin de reconnaissance
Derrière son personnage poignant, strict et rigide se cache un homme sensible qui a besoin d'être soutenu et, surtout, admiré. Souvent mal compris (à tort ou à raison, c'est selon), Vahid Halilhodzic s'est toujours senti mal aimé et détesté par les médias. Que ce soit dans son propre pays d'origine, la Bosnie, ou bien en France, son pays d'adoption, et même en Algérie. Vahid croit toujours que le monde lui veut du mal ainsi qu'à son équipe. Voilà maintenant 29 mois qu'il est à la tête de la sélection et personne, en Algérie, que ce soit les médias, ses responsables et même les supporters, n'a omis de souligner son grand rôle dans le renouveau qu'a connu la sélection nationale, tout juste après la déconvenue mémorable de Marrakech, un certain 4 juin 2011. Halilhodzic est un homme fort, mais fragile à la fois. Il a besoin constamment d'être rassuré et, surtout, qu'on salue son mérite et qu'on mette en lumière son travail. Il aime se sentir désiré aussi et c'est ce qui explique son jeu du moment et le flou qui entoure son avenir.
Il a tenu le même discours fait après la CAN-2013
Halilhodzic, qui dit ne pas lire les journaux nationaux, ne manque pas de tirer, pourtant, avec une pointe de sarcasme sur les journalistes lors de ses conférences de presse. Il estime qu'il est très injustement critiqué par la presse, alors que les observateurs peuvent en témoigner, nos lecteurs aussi, Vahid est sans doute l'un des sélectionneurs qui a été le plus épargné par les critiques des médias durant les 20 dernières années. Tout le monde reconnaît son gros travail de fond, mais pour autant, il ne peut être exempt de tout reproche, surtout pour ses sorties médiatiques pas souvent maîtrisées et qui ont souvent bien failli coûter cher à l'EN, et même déstabiliser ses poulains. Halilhodzic aime jouer et voilà qu'on assiste au même scénario du mois de février dernier. Tout le monde se souvient des déclarations du coach, juste après la CAN sud-africaine où il assurait qu'il était plus sur le départ que l'inverse. Un jeu que Raouraoua a fini par arrêter quelques jours plus tard, en assurant que Vahid restera bien à la tête de la sélection nationale et qu'il dirigera le reste des éliminatoires du Mondial-2014. Une décision qui avait soulagé l'intéressé, lui qui craignait connaître le même sort qui lui a été réservé avec la Côte d'Ivoire, trois ans auparavant.
Il ne partira pas
Halilhodzic, qui continue à fuir les médias algériens, a de nouveau laissé planer le doute concernant son avenir, lors de l'interview qu'il a accordée à nos confrères du Parisien, mercredi soir, et parue dans l'édition d'hier. Il a, en effet, assuré qu'il était «fatigué et qu'il avait besoin de vacances», précisant qu'après cela, il prendra sa décision finale au sujet de son avenir à la tête des Verts. Coach Vahid n'a pas manqué de souligner aussi qu'il a reçu «10 offres depuis mardi soir», comme pour montrer à l'opinion publique que s'il devait rester, ce n'est assurément par défaut.
Néanmoins et maintenant qu'on a bien compris le stratagème de Vahid qui, pourtant, ne cessait de dire que son souhait était «de qualifier l'Algérie au Mondial et d'aller au Brésil avec elle», on ne peut en aucun cas envisager son départ, surtout que le président de la FAF l'a rassuré de sa confiance, avant-hier, lors d'une réunion de travail qui les a regroupés.
Saâdi «Jamais un sélectionneur n'a été épargné pas la presse comme Vahid»
Samedi dernier, l'ancien coach national adjoint en 1990, Noureddine Saâdi, était l'invité d'une émission radio de la Chaîne III pour parler du match face au Burkina Faso et évoquer les chances de l'Algérie pour ce match. Saâdi est revenu avec les autres invités présents sur la conférence de presse de Vahid Halilhodzic et a déclaré notamment : «Croyez-moi, je suis dans le métier depuis plus de 30 ans et je peux vous dire que jamais un sélectionneur n'a été épargné par la presse comme Halilhodzic. Tout le monde l'a soutenu, même après une CAN catastrophique. Si c'était un coach algérien qui était à la tête de l'EN, il aurait pris des tonnes. Je ne comprends pas pourquoi il dit toujours qu'il est victime des médias et que ces derniers ne lui veulent pas du bien. Moi, je suis jaloux de lui, car j'aurais aimé avoir un président comme Raouraoua qui m'apporte un soutien aussi indéfectible, alors que la sélection a littéralement échoué dans sa mission. Halilhodzic doit se concentrer sur son travail et profiter un peu de la chance qu'il a», a-t-il dit.
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Posté Le : 22/11/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : S F
Source : www.lebuteur.com